La future politique agricole britannique de l’après-Brexit sera « très verte ». Les paiements directs disparaîtront après une période de transition.
Au fil des réformes de la Pac, les gouvernements britanniques avaient retenu toutes les options à leurs dispositions pour allouer au second pilier d’aides, le maximum de crédits possibles pour financer des mesures agroenvironnementales aux dépens des montants des aides du premier pilier.
Aussi, les orientations de la prochaine politique agricole britannique ne constituent pas totalement une rupture avec les dernières réformes de la Pac mises en œuvre par les gouvernements britanniques successifs. Après une période de transition de 5 à 8 ans, la politique agricole britannique (PAB) ne comprendra qu’un seul pilier d’aides quelque peu assimilable à celui du second pilier de la Pac. « Mais les aides allouées seront destinées à financer uniquement la production de biens publics (protection et amélioration de l’environnement, du patrimoine culturel ou naturel ……l’atténuation ou de l’adaptation au changement climatique », explique Ludivine Petetin, maître de conférences à l’université de Cardiff. Elle est l’auteure d’un des articles parus dans le Déméter 2020 piloté par Sébastien Abis.
Pour autant, le Royaume-Uni ne renonce pas à soutenir des systèmes de production conventionnels productifs. Mais comme la mise en œuvre de sa politique agricole post-Brexit sera décentralisée : quatre politiques différentes seront lancées en Angleterre, au Pays-de-Galles, en Ecosse et en Irlande du Nord. Ce qui pourrait générer des distorsions au sein même du Royaume-Uni.
Le gouvernement britannique n’a pas attendu la sortie officielle du Royaume-Uni de l’Union européenne pour présenter dès 2018, les orientations de sa politique agricole après 2021.
Enfin la prochaine politique agricole britannique dépendra de l’issue des accords commerciaux en cours de négociations avec l’Europe.
A ce jour, trois scénarios sont envisageables. Soit le Royaume-Uni conclut un retrait négocié sur mesure avec l’UE, soit il décide une libéralisation unilatérale de son commerce, soit il opte pour une sortie de l’UE sans accord (ce qui reviendrait alors à appliquer les règles de l’OMC à ses frontières).
« En théorie, le principal atout pour signer un futur accord entre l’Union européenne et le Royaume-Uni est que les conditions réglementaires et normatives du marché britannique sont similaires à celles de l’Union européenne », précise Ludivine Petetin.
Mais dans tous les cas de figure, le Royaume-Uni prendra les dispositions qui s’imposent pour protéger « sur mesure », son marché intérieur de la concurrence agressive des pays tiers et de la volatilité des cours des matières premières agricoles.
A ce jour, la prochaine politique agricole britannique n’est pas encore votée par le parlement britannique. De nombreuses incertitudes demeurent. Celles-ci portent sur le budget qui sera alloué à cette politique agricole « post-Brexit » et aux montants des aides que les agriculteurs recevront. Par ailleurs, la PAB ne prévoit pas « la création de programmes de développement rural, souligne Ludivine Petetin. Et aucun engagement gouvernemental n’a été exprimé pour s’assurer que les normes réglementaires européennes seraient maintenues ».
Enfin, le gouvernement laisse en suspens la question de l’accès du marché du travail à la main-d’oeuvre agricole étrangère, indispensable pour faire fonctionner les exploitations. Plus de 98 % des 90 000 salariés agricoles sont originaire des 27 pays de l’Union européenne ! Si ces hommes et ces femmes n’ont pas de titres de séjour pour venir travailler, qui les remplacera alors ? Ne pouvant compter sur le marché du travail britannique pour embaucher des salariés, les agriculteurs pourraient tout bonnement ne plus pouvoir produire.
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