Le climat de la zone agricole située au Sud-Est du golfe du Morbihan ne laisse qu’un laps de temps assez réduit au printemps pour l’enrubannage et l’ensilage. L’ETA Charpentier a embauché et s’est équipée pour faire face à ce pic de travail et satisfaire les clients.
Chaque année, la récolte de l’herbe est un vrai défi pour l’ETA Charpentier. Pour cette entreprise, située à Surzur dans le fond du golfe du Morbihan, les éleveurs, bien que de moins en moins nombreux, reste les principaux clients. De l’enrubannage à la fenaison, en passant par l’ensilage, c’est entre 30 et 40 % du chiffre d’affaires de l’année qui se joue sur la récolte de l’herbe sous toutes ses formes. « Nous fauchons entre 1000 et 1300 ha par an. En enrubannage, nous réalisons entre 9 000 et 12 000 bottes annuellement. Côté fenaison, ce sont 12 000 bottes qui sortent pour moitié des big baller et le reste des round baller » énumère Mathieu Charpentier, à la tête de l’entreprise avec sa compagne Laurianne Bernard.
Un climat bien particulier
Récolter de l’herbe en Bretagne : Jusque-là le défi ne semble pas insurmontable. En réalité, la zone agronomique couverte par l’ETA Charpentier dans le fond du Golfe du Morbihan se révèle très argileuse et plate. « Quand il pleut, c’est vite trop humide. À l’inverse, quand ça sèche, ça devient rapidement compliqué pour les cultures de printemps » constate Mathieu Charpentier. Un phénomène aggravé par le climat chaud et sec que peut connaître au printemps le sud du Morbihan. « En mai, il n’y a plus d’herbe. Les éleveurs doivent réaliser le maximum de stock au printemps. Et cela peut aller très vite. Parfois, nous fauchons le lundi et il faut enrubanner le mercredi sinon c’est trop sec. Nous devons être très réactifs » détaillent les dirigeants de l’entreprise. Rapidement, ils se sont adaptés à ce pic de travail printanier. Pour être sûr d’avoir la main d’œuvre disponible, ils ont embauché lorsqu’ils ont racheté l’entreprise en 2018 pour monter à 7 postes de permanents, contre 2 auparavant. Une stratégie appréciée par les clients, et qui a permis, investissement matériel à l’appui, de doubler le chiffre d’affaires en 6 ans.
Automoteur de fauche et remorque autochargeuse
En reprenant l’entreprise, le couple décide d’approfondir la dynamique autour de l’herbe déjà engagée par le précédent dirigeant. « Nous avons investi dans une presse-enrubanneuse Krone CF 155 X-trème avec un liage film. Cette dernière option nous a apporté des nouveaux clients » relève Mathieu Charpentier.
En 2021, c’est une autochargeuse Krone qui rejoint le parc matériel. « C’est une solution alternative pour les clients qui trouvent l’enrubannage trop cher, mais qui ne veulent pas recourir à l’ensileuse. Nous faisons 280 remorques d’herbe dans l’année » explique Laurianne Bernard. L’autochargeuse est également utilisée lorsque le besoin de remorque agricole augmente lors des ensilages de maïs. En dehors de cette période, elle permet de récolter des petites surfaces, des secondes coupes ou de réaliser des ensilages d’herbe en automne, lorsque les ensileuses sont dédiées au maïs.
Le dernier investissement en date pour la récolte de l’herbe est un automoteur de fauche Krone d’occasion reconditionné. « Ce matériel permet de libérer un tracteur au printemps et de gagner du temps d’attelage et de dételage. Nous allons aussi gagner en débit de chantier avec les 400 chevaux de l’automoteur vis-à-vis des 220 ch du tracteur qui était devant le groupe de fauche » compare Mathieu Charpentier. Avec ses 10 m de coupe, l’automoteur regroupe l’herbe sur 4,5 m pour que l’andain soit repris sans soulever de cailloux ou de terre par le pick-up de 5 m. De plus en plus, les entrepreneurs constatent que les éleveurs préfèrent déléguer la fauche pour passer avec la faneuse dans la journée et gagner un jour de séchage.
Le retour du blé noir
L’ETA Charpentier a investi récemment dans un pick-up pour ramasser les céréales bio et le blé noir (sarrasin) fauchés avant récolte. « Il y a de plus en plus de blé noir chez les éleveurs. Ça leur permet de rajouter une culture pour la Pac après un dérobé ou un foin » analyse l’entrepreneur. En fauchant le blé noir avant la récolte, la culture descend jusqu’à 12 % d’humidité contre 20 % lorsqu’elle est récoltée sur pied. Une différence non négligeable alors que le coût de l’énergie reste élevé.