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Argentine, le bilan de blé suscite beaucoup d’interrogations

L’Argentine peine à établir son bilan offre et demande en blé pour la nouvelle campagne de commercialisation qui a démarré le 1er décembre dernier.

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Si la consommation intérieure trouve à peu près un consensus entre les différents organismes, il n’en est pas de même pour la production et les stocks, constamment remis en question par les opérateurs. Le solde disponible exportable est, de ce fait, difficile à estimer. Cette incertitude peut présenter un risque pour le pays d’autant plus que la qualité du blé argentin n’est pas au rendez-vous cette année.

Incertitudes sur la consommation intérieure

Pour 2014/15, les exportations de farine en dessous des attentes poussent le ministère de l’Agriculture argentin à abaisser son chiffre de la consommation intérieure utilisée par la meunerie à 5,6 millions de tonnes (contre 6 millions de tonnes annoncés en janvier dernier).

Pour 2015/16, le ministère est plus optimiste et rehausse son chiffre à 6,1 millions de tonnest.

Ce réajustement à la hausse est à prendre avec précaution étant donné les prix élevés des blés protéinés et les prix de la farine orientés à la baisse, faisant écho à une moindre consommation des produits panifiables.

Concernant le poste semences, le ministère prévoit 1,4 Mt contre 0,8 Mt estimé en janvier dernier.

Tableau 1 : bilan du blé argentin à fin février
Source : ministère de l’Agro-Industrie

Un disponible exportable difficile à anticiper

La bourse des céréales de Buenos Aires et celle de Rosario estiment la production de blé pour 2015/16 à 10,3 et 9,6 Mt respectivement alors que le ministère table sur 11,3 Mt.

Quant aux stocks, aucun organisme argentin ne parvient à les estimer. Se pose alors la question du solde disponible exportable pour 2015/16. Le ministère l’estime à 6,3 Mt.

Un stock début qui fait débat

Début mars, 3 Mt de blé étaient déjà déclarées (dont 2,3 Mt embarquées), soit la quasi moitié du chiffre prévu par le ministère. Si les Argentins poursuivent avec ce rythme mensuel, (supérieur à 1 Mt), le solde disponible exportable sera bientôt épuisé. Nombreux considèrent que le stock début a été sous-estimé par le ministère et les chiffres des exportations déclarés auprès du fisc Argentins vont en ce sens.

De son côté, l’USDA table sur un stock début de 3,37 Mt pour une production de 11 Mt, mais des exportations supérieurs aux chiffres argentins, à 7 Mt (tableau 2).

Tableau 2 : bilan du blé argentin par l’USDA
Source : USDA, 9 mars 2016

Quels débouchés pour le blé argentin ?

Depuis le début de la campagne 2015/16, les volumes exportés correspondent aux blés issus de la campagne précédente (figure 1). Ces derniers, de qualité fourragère, ont trouvé un débouché au sud-est de l’Asie. A noter que la moitié des importations du Vietnam en provenance d’Argentine est conforme à du blé meunier.

Figure 1 : exportations de blé déclarées par les exportateurs auprès du fisc argentin entre le 1er décembre 2015 et le 6 mars 2016 (3 036 kt)
Source : SIM/AFIP

Comme déjà énoncé dans notre article du 3 février dernier, la production de blé en Argentine devra trouver un preneur peu exigeant en matière de qualité, ce qui n’est pas le cas de la meunerie brésilienne. Dans les prochaines semaines, les meuniers brésiliens devront faire appel au marché international, cela sera l’occasion d’analyser le comportement de l’industrie brésilienne à l’égard du blé argentin pour la campagne en cours.

Sur la campagne 2014/2015, le Brésil a, certes, augmenté de 67 % ses importations de blé en provenance de son voisin sud-américain entre début août et fin février, mais le pays a également continué d’acheter du blé américain et paraguayen (importations multipliées par 2,5) et ce, malgré la libéralisation totale du marché argentin.

Le faible taux de protéines estimé entre 10 et 11,5 % cette année (contre 12 % l’année dernière) se répercute sur le prix payé au producteur. La différence de prix entre le blé dit standard et celui contenant plus de 30 % de gluten peut atteindre 80 $ la tonne. L’Argentine fait face à une situation inédite d’un point de vue qualitatif et cela pourrait être préjudiciable pour la prochaine campagne 2016/17 dont les semis débuteront fin mai.

D’après les informations de Leandro Pierbattisti,

Aurélie Jarlegant (France Export Céréales)

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