L’agriculture biologique se développe dans tous les Etats membres de l’Union européenne, mais pas au même rythme et en suivant des voies différentes. De plus en plus de producteurs se convertissent à l’élevage biologique mais ils manquent de céréales et de protéagineux pour leurs animaux. L’aliment manque et coûte très cher à produire.
La conversion à l’agriculture bio augmente les coûts de production dans certains pays et les diminuent dans d’autres. Des filières conventionnelles, compétitives dans certains pays, ne le sont plus une fois converties à l’agriculture biologique.
L’étude intitulée EU agricultural outlook, for markets and income 2018-2030 dresse un panorama de l’agriculture biologique dans l’Union européenne au fil des filières traitées par le document.
Toutes filières confondues, les élevages autrichiens et lettons sont les plus convertis en bio. En Autriche, 20 % et 35 % des bovins et des ovins sont bio mais aussi 2,3 % des porcins. Des spécialisations entre Etats sont apparues au fil du temps. Certains facteurs prédisposent au développement d’une filière plutôt qu’une autre. Quand ce n’est pas la politique qui s’en mêle ! Citons par exemple, l’abondance de prairies facilement convertibles, un mode de conduite en agriculture conventionnelle pas très éloigné des pratiques employées en agriculture biologique ou encore la demande des consommateurs, etc.
Les produits laitiers sont les produits biologiques les plus consommés dans le monde. Dans l’Union européenne, la production de lait biologique représente environ 3 % de la collecte. Six États membres (Allemagne, France, Royaume-Uni, Danemark, Suède et Autriche) produisent les trois quarts des quantités de lait bio collectées.
Dans les trois principaux pays producteurs de lait bio (Allemagne, France et Royaume-Uni), 4 % du cheptel laitier est converti au bio mais au Danemark, en Suède et en Autriche, entre 10 % et 20 % l’est.
Dans tous les Etats membres, la production de lait par vache est en moyenne inférieure de 30 % à celle des systèmes conventionnels. Mais au Royaume-Uni et en Suède, le rendement est plus élevé et équivaut entre 80 % et 90 % de la production moyenne d’une vache laitière au Danemark et aux Pays-Bas dans les élevages conventionnels.
La production européenne de viande rouge se développe rapidement. 5 % du cheptel bovin, ovin et caprin est bio. La conversion des élevages bovins, caprins et ovins viande à l’agriculture biologique est plus aisé qu’en productions porcine et avicole. Les prix des aliments utilisés pour nourrir les porcs et les volailles sont onéreux et les conditions d’utilisation d’antibiotiques sont strictes.
La principale raison à cela : les baisses de rendements en blé ou en orge très importantes. Selon les Etats membres, les pertes de production oscillent entre 35 % et 70 % selon les pays et les années. Les conditions climatiques influent énormément sur la production. En 2016, 2,3% de la superficie en blé tendre était biologique (ou en conversion).
Entre 2013 et 2016, l’effectif de vaches laitières a augmenté de 4% par an en moyenne. L’Allemagne et la France détiennent 1,3 million de bêtes. A l’est, l’élevage laitier bio s’est développé essentiellement en République tchèque (250 000 têtes) et en Lettonie (95 000 têtes).
Les ovins et les caprins biologiques sont essentiellement élevés dans cinq États membres (Grèce, Italie, Royaume-Uni, Espagne et France). Ensemble, ils détiennent les trois quarts du cheptel européen. Mais les effectifs croissent modérément (+1,1 %) car l’élevage ovin bio est en perte de vitesse en Royaume-Uni, en Grèce, en Roumanie, en Pologne et en Slovaquie.
La production biologique de porcs est à l’image de celle observée en élevage conventionnel, à savoir qu’elle est très concentrée. 70 % des animaux sont élevés au Danemark, en France et en Allemagne. Mais l’Espagne, énorme producteur de porcs, ne compte que 10 000 têtes (0,04%). Cette situation est similaire en Pologne, en tête des pays à l’est de l’Union : seules 4 000 têtes sont dénombrées, soit 0,04% des porcs produits. Néanmoins, le cheptel porcin biologique a augmenté de 4% par an entre 2013 et 2016.
La production biologique de volailles a progressé à un rythme soutenu : + 13,5% entre 2013 et 2016. Mais elle reste essentiellement française. Notre pays détient la majorité des poulets et des canards biologiques (35 % des effectifs européens), suivi de loin par l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Mais d’autres pays, grands producteurs de volailles tels que l’Espagne et la Pologne, affichent toujours des chiffres insignifiants.
En Europe, la production biologique de sucre de betteraves est marginale. Elle ne reflète pas l’expansion de l’agriculture biologique observée dans les autres filières.
En 2016 – derniers chiffres connus – 4 125 hectares étaient plantés de betteraves sucrières en Europe, soit 0,28% de la superficie européenne. Les principaux pays producteurs sont l’Allemagne (52% de la superficie européenne) et l’Autriche (23 %). Le rendement en betteraves biologiques est estimé en moyenne à environ 50 t / ha.
Pour inciter les planteurs allemands à se convertir en agriculture biologique, la tonne de betteraves est payée jusqu’à 90 €.
50 000 tonnes de sucre bio sont produites dans l’Union européenne et 100 000 t de sucre sont importées du Paraguay et d’Argentine essentiellement. Au total, les 150 000 t de sucre sont commercialisées chaque année, soit 1% de la consommation intérieure de sucre. De ce fait, le taux de pénétration des confiseries et des biscuits biologiques reste inférieur à 2 %.
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