Agriculteurs et journalisme, un vrai débat

Deux groupements d’agriculteurs de la Marne ont débattu, lors de leur assemblée générale, des rapports entre les journalistes et les agriculteurs. WikiAgri était convié.

La communication était ainsi au coeur des préoccupations des agriculteurs des deux Geda (groupes d’étude et de développement agricole), de la Suippe et de la Noblette (du nom de deux rivières de la zone nord-est de la Marne). En particulier la communication entre journalistes et agriculteurs.

J’étais personnellement invité à m’exprimer sur ce sujet au titre de rédacteur en chef de WikiAgri. D’autres médias, invités également, s’étaient excusés. Le débat fut long, enrichi d’un véritable échange avec la salle, avec de multiples questions, très franches. Je me suis présenté, ai présenté WikiAgri , et derrière rapidement les questions de fond ont fusé. Dans la série « Pourquoi les journalistes déforment-ils systématiquement ce que l’on leur dit ?« . Le genre de questions, lorsque l’on est seul journaliste devant une assistance d’agriculteurs, qui ne rend pas forcément à l’aise. J’ai choisi la franchise. Oui, c’est vrai, il existe un problème de compréhension entre les agriculteurs et les journalistes, en particulier ceux de la presse grand public.

J’ai évoqué les « a priori » d’un univers par rapport à l’autre. Oui, c’est vrai, très souvent le journaliste arrive sur son lieu de reportage en ayant déjà en tête les réponses à ses questions, en oubliant l’esprit de découverte qui doit l’animer. Oui, c’est vrai aussi, l’agriculteur a tendance de son côté à attendre le journaliste sur son terrain, et à ne pas l’accueillir comme il devrait, non pas en termes d’égards (il n’y a aucune raison d’en avoir), mais en termes de faire l’effort de se mettre à portée de l’interlocuteur. Le monde agricole est complexe, l’utilisation de sigles ou d’un jargon particulier est fréquent, or il n’existe plus aujourd’hui de journalistes spécialisés dans l’agriculture ailleurs que dans la presse spécialisée. Par conséquent, chaque fois qu’un journaliste arrive sur une exploitation, il n’a pas de connaissances, pas de contexte. Certes, il lui arrive de croire posséder la science infuse, mais l’agriculteur aussi peut faire d’emblée l’effort d’expliquer patiemment, et simplement, ses problématiques.

J’ai donc prôné, vous l’avez compris, une incitation à un dialogue accru, seule méthode pour éviter des erreurs, consenties ou non, dans les comptes-rendus. Et si ce dialogue ne vient pas du journaliste, rien n’empêche l’agriculteur interviewé d’en prendre l’initiative.

Les agriculteurs de l’assistance ont aussi posé des questions sur le pourquoi du comment du choix des sujets, sur les méthodes de travail journalistiques, ils ont manifesté une grande curiosité.

Après plus de deux heures d’échanges, j’avoue avoir apprécié le verre de « vin de pays » proposé en ces lieux situés en pleine Champagne. Finalement, il n’y a pas eu d’opposition, de rivalité : WikiAgri n’a-t-il pas vocation à être un lieu d’échanges d’expériences entre les agriculteurs simplement géré par des journalistes ? J’espère retrouver prochainement plusieurs agriculteurs de ces deux Geda parmi les membres de wikiagri.fr . Poursuivons le débat !

Et vous, qu’en pensez-vous ? Pour en débattre, rendez-vous ci-dessous dans l’espace « Ecrire un commentaire ».

En savoir plus : http://www.marne.chambagri.fr/?id=1664 (présentation du Geda de la Suippe) ; http://www.marne.chambagri.fr/?id=1663 (présentation du Geda de la Noblette).

Le monde à l’envers : pendant que je réponds aux questions de la salle, Gwenaël Delacour, président du Geda de la Noblette, prend des notes ! A droite sur la photo, Max Chaffaut, lui-même agriculteur, animait le débat.

Une salle attentive, mais aussi parfois piquante : chacun fut dans son rôle (photos fournies par l’animatrice de l’un des deux Geda).