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« A vendre petit village entre mer et montagne reclassé zone de plaine »…

La question des zones défavorisées ne cesse de faire des remous dans le Sud-Ouest, en particulier dans l’Aude. Ainsi plusieurs maires diffusent sur internet des messages de vente de leurs communes sur Le Bon Coin afin de soutenir leurs éleveurs.

Rien ne va plus dans La Piège, petit périmètre situé à l’ouest de l’Aude, entre Castelnaudary et l’Ariège. C’est la question de la carte des zones défavorisées qui a mis le feu aux poudres. Il y a quelques jours, les 24 communes regroupant 5200 habitants ont organisé leur enterrement symbolique en présence du président du Conseil départemental. Voilà maintenant que ces mêmes maires diffusent sur le site Le Bon coin des annonces pour vendre leurs villages. Histoire de défendre les 55 élevages répertoriés dans le secteur qui seraient menacés de faillite dans l’hypothèse où le département ne figurerait plus sur la nouvelle carte des zones défavorisées actuellement en discussion. Sur ce site, aucun prix n’est avancé.

« Commune toute équipée et ses pentes nouvellement aplanies »

A chaque fois, il est demandé de se tourner vers le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert. Ainsi la mairie de Saint-Julien de Briola écrit « à vendre petit village idéalement situé entre mer et montage, vallonné et venté. Reclassé depuis peu en zone de plaine par les services de l’Etat, peut-être à cause de ses terres pentues, pauvres et caillouteuses. Si ce beau village vous intéresse nous vous ferons visiter, mais équipez vous de bonnes chaussures, ça grimpe !« 

De son côté, Fanjeaux propose sa superficie de 25 kilomètres carrés. « Nous possédons encore des agriculteurs, des commerces et des artisans. Sur son piton rocheux bientôt devenu plaine sur décision du ministère de l’Agriculture, notre village vous offre de superbes vues sur la plaine du Lauragais.« 

A quelques encablures, voici Orsans et ses 96 habitants. Là encore, l’annonce concernant cette localité qui se trouve sur la route qui serpente jusqu’en principauté d’Andorre, est sans ambiguité. « La commune est vendue toute équipée avec une mairie et ses employés communaux, une église du XVIIe siècle, son école et ses éleveurs d’ovins et bovins. Grâce à la disparition de l’agriculture d’ici 2020 votre vie sera paisible sur les collines nouvellement aplanies malgré des pentes pouvant atteindre 45 % et même si vous verrez régulièrement les pompiers à l’oeuvre dans les landes et friches à perte de vue.« 

Ils veulent rencontrer Emmanuel Macron au salon de l’agriculture

On le voit, c’est le ton de l’humour noir qui a été délibérément choisi. Sauf que derrière ces propos se dissimule une grande colère. Brice Asensio, le maire de Cazalrenoux, commune qui participe également à l’opération, ne dit pas autre chose et il l’exprime sans détour. « Soyons clair. C’est une façon pour nous d’alerter, parce que si on ne fait rien, nos communes disparaitront. Les familles partiront et les commerces fermeront. Nous pensons que l’Etat est décidé à tuer la ruralité mais nous, nous sommes déterminés à ne pas nous laisser faire dans l’indifférence !« 

Voilà pourquoi les prochaines étapes de cette bataille sont programmées. Ce jeudi, les élus iront à la rencontre du préfet de la région Occitanie à Toulouse. Et puis les Audois ont bien l’intention de se faire entendre au salon de l’agriculture. Dès ce samedi, jour de l’ouverture, ils souhaitent provoquer une rencontre avec Emmanuel Macron. Afin de lui dire pourquoi La Piège doit rester une zone défavorisée.
 

En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/malgre-55-quintaux-a-lhectare-les-eleveurs-de-la-piege-perdent-les-aides-des-zones-defavorisees/17028 (article qui explique la situation dans La Piège).


Ci-dessous, après avoir organisé leur enterrement symbolique les 24 communes de La Piège sont maintenant en vente sur le site Le Bon coin.

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