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54 pays versent 708 milliards de dollars d’aides agricoles par an

Le soutien total au secteur – comprenant l’aide aux producteurs (536 milliards USD), aux consommateurs (66 milliards USD) et aux services environnementaux (106 milliards USD) – s’est donc élevé à 708 milliards USD par an.

« À l’échelle mondiale, plus d’un dollar sur neuf des revenus agricoles bruts continue de découler des politiques publiques. Dans certains pays, c’est un dollar sur deux », a déclaré Ken Ash, directeur du commerce et de l’agriculture de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

Cette année, l’Organisstion décortique dans un document de 400 pages intitulé « Rapport de suivi et d’évaluation des politiques agricoles de l’OCDE. », les politiques de soutien à l’agriculture dans les pays membres ainsi que dans 12 autres pays émergents non membres de l’organisation.

Durant le confinement d’une grande partie de l’économie mondiale, les agriculteurs de ces 54 pays n’étaient pas livrés à la même enseigne. Et face à la volatilité des cours des matières premières agricoles, certains ont pu compter sur leur gouvernement pour en atténuer les conséquences, d’autres ont été livrés à eux-mêmes, notamment en France et dans toute l’Union européenne.

708 milliards de dollars (Mds $) par an d’aides agricoles sont versés chaque année aux agriculteurs des 54 pays passés au crible, selon l’OCDE : 536 Mds $ d’aides publiques aux producteurs (et pour moitié sous forme de soutiens sur les prix), 66 Mds $ d’aides aux consommateurs et 106 Mds $ d’aides aux services généraux (promotion, campagne marketing et investissements, entre autres).

Ces soutiens publics sont, selon l’OCDE, des soutiens distorsifs. Pour les agriculteurs livrés à eux-mêmes, les distorsions à la concurrence sont d’abord la volatilité des cours et l’impossibilité de gérer à long terme leur exploitation pour en dégager un revenu.

La Chine, l’Etats-Unis, l’Union européenne et la Russie sont quatre puissances économiques et agricoles mondiales.

Alors que l’Union européenne se défend d’être « l’élève modèle » de l’OMC en calant parfois ses soutiens publics versés au secteur agricole au-delà des recommandations formulées par l’institution, d’autres pays n’hésitent pas à transgresser ces mêmes règles concurrentielles ! Leur souveraineté alimentaire, le maintien de leur régime politique et les revenus de leurs agriculteurs en dépendent.

A l’échelle des 37 pays membres de l’OCDE, les fonds alloués au secteur agricole représentent, en 2019, 0,6 % de leur produit intérieur brut. Trente ans auparavant, ces mêmes pays consacraient 2 % de leur PIB pour soutenir leur agriculture.

Autrement dit, les agriculteurs n’ont pas profité de la croissance économique de leurs pays. Les gouvernements des pays de l’OCDE n’ont pas pris les mesures nécessaires pour stabiliser en pourcents leurs montants alors qu’entre temps les PIB de ces pays ont fortement progressé.

En 2019, les aides aux producteurs équivalent à 17,6% des recettes de leurs exploitations. La moitié des soutiens à l’agriculture sont des soutiens aux prix si bien que les prix des produits agricoles payés aux agriculteurs étaient en moyenne supérieurs à 9 % aux prix mondiaux.

Par ailleurs, ces aides sont directement allouées aux agriculteurs (70 % des montants alloués) si bien qu’elles sont à 80 % particulièrement distorsives.

Au cours des années 1986-1988, ces mêmes aides directes équivalaient à 35 % des recettes agricoles brutes. Elles ont donc diminué en pourcents de moitié en trente ans.

Focus sur la Chine

En Chine, les soutiens aux producteurs ont crû au cours des trente dernières années et surtout depuis les années 2000-2002. Ils représentent 13,3% des recettes agricoles brutes en 2017-2019 (17,6 % en moyenne parmi les membres de l’OCDE). L’ex-empire du milieu consacre 1,7 % de son PIB pour soutenir l’agriculture chinoise et ses paysans en particulier, soit seulement 0,3 point de moins qu’en 1988. Mais entre temps ce même PIB a plus que décuplé en dollars constants. Autrement dit, les paysans chinois profitent en partie du boom économique de leur pays en payant leurs produits à des prix plus élevés que les prix mondiaux.

Les soutiens aux prix représentent justement plus des deux tiers du soutien aux producteurs. Les prix payés des produits agricoles étaient supérieurs en moyenne de 11% aux prix mondiaux en 2017-2019 alors que leur pouvoir d’achat est bien plus faible.

Focus sur l’Union européenne

L’Union européenne ne consacre plus que 0,6 % de son PIB à l’agriculture. Or en 1986-1988, les dépenses agricoles représentaient 2,5 % de ce même produit intérieur brut qui a entre temps fortement crû. Le niveau de soutient à été réduit par quatre en trente ans et bien plus en euros.

Les soutiens aux producteurs équivalent à 19 % des recettes brutes en 2019 (39 % en 1988-1989) mais comme les aides versées sont des aides découplées des prix de vente payés aux producteurs, ces derniers sont quasiment équivalents aux prix mondiaux. Ces soutiens sont aussi peu distorsifs selon l’OCDE mais les agriculteurs sont confrontés à la volatilité des marchés agricoles.
L’Union consacre davantage de fonds que ses concurrents agricoles pour financer des campagnes marketing, de communication et des infrastructures.

Focus sur les Etats-Unis

Aux Etats-Unis, les soutiens à l’agriculture représentent 0,5 % du PIB (1 % en 1986-1988) américain en dollars mais les crédits mobilisés sont très importants. Le gouvernement fédéral a récemment augmenté le budget agricole pour verser davantage d’aides contracycliques pour compenser la baisse des cours mondiaux de certains produits agricoles.
L’ensemble des aides est deux fois plus distorsif que les aides de la Pac mais elles semblent mieux cibler les farmers et les consommateurs, sous forme d’aide alimentaire.

Les soutiens aux producteurs équivalent à 10,7% des recettes brutes des agriculteurs.

Les prix agricoles payés aux farmers sont en moyenne supérieurs de 4 % aux prix mondiaux.

Focus sur la Russie

En Russie, le gouvernement russe a accru les crédits à l’agriculture au rythme de l’évolution de son PIB si bien qu’il consacre 0,7 % de ce dernier pour soutenir son agriculture (0,8 % en 2000-2002). Par ailleurs, la valeur de la production agricole a été augmentée par trois. Au final, les agriculteurs perçoivent quatre fois plus de d’aides qu’en 2000-2002 (7 944 milliards de dollars).

Les soutiens équivalent à 10 % du chiffre d’affaires des agriculteurs (7 % en 2000-2002).
Les prix payés à la sortie des fermes sont supérieurs de 7% aux cours mondiaux en moyenne. Compte tenu du PIB par habitant, ces prix payés aux producteurs sont élevés. La dévaluation du rouble a renchérit le prix de vente en dollars convertis en roubles.

Suivant les denrées, les aides agricoles prennent la forme de taxes appliquées à certains produits sensibles importés (produits d’élevage), de soutiens par les prix, de subvention à l’utilisation d’intrants et à l’investissement essentiellement. A contrario, la consommation de certains produits agricoles est subventionnée.
Ces dernières années, l’évolution favorable des cours des produits agricoles sur les marchés mondiaux a conduit le gouvernement russe à moins soutenir les prix payés aux agriculteurs.

Signalons aussi qu’un quart des dépenses agricoles est consacré à la recherche, au contrôle et au développement des infrastructures.


Notre illustration ci-dessous est issue de Adobe.

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