Il y a urgence. Hormis la Turquie, la production de blé dur a de nouveau baissé dans les pays qui cultivent la céréale. Sa production (31,3 Mt selon le CIC) serait encore déficitaire cette année : 34 Mt seraient consommées dans le monde.
En France, seule 1,2 Mt a été engrangée, soit 800 000 tonnes de moins qu’en 2017-2018. Entre temps, la superficie dédiée à cette production s’est repliée de 130 000 ha à 240 000 ha.
Sur dix ans, la surface cultivée a diminué de 50 %.
Un plan stratégique EXQUALIDUR a été lancé à l’initiative de FranceAgriMer et d’Intercéréales pour tenter d’insuffler une nouvelle dynamique mais les résultats ne seront perceptibles que dans quelques années.
« Toutefois, les différents chantiers identifiés dans ce plan stratégique avancent progressivement », affirme Intercéréales. Les travaux portent sur la recherche pour résoudre le dilemme de la protéine, la contractualisation, le financement de la génétique mais aussi sur la décarbonation de la filière et la sécurisation des acteurs.
En attendant le prix du blé dur flambe. A La Palice, le prix de la tonne de blé dur est supérieur de 150 € à celui du blé tendre à Rouen. Il plafonne autour de 370 € la tonne.
Au mois d’août dernier, la tonne de blé dur avait atteint 430 € quand les marchés prenaient alors conscience qu’à l’échelle mondiale, sa production (31,3 Mt selon le CIC) serait encore déficitaire cette année. La demande mondiale est en effet estimée à 34 Mt.
Le Canada n’a produit que 4,1 Mt de blé dur (-1,7 Mt sur un an), soit autant que la Turquie. Celle-ci a bénéficié de conditions climatiques exceptionnelles cette année. Mais le pays a aussi accru de 235 000 hectares (ha) en trois ans sa superficie cultivée de blé dur (1,35 million d’ha).
L’Union européenne voit sa production plafonner à 7 Mt, soit 1,2 Mt de moins qu’en 2021-2021.
La Turquie est en tête des pays qui approvisionnent l’Union européenne en blé dur. Elle en a expédié 555 000 tonnes en quatre mois et demi de campagne alors que le Canada n’en a livré que 155 000 tonnes. L’Italie (938 000 t) est le principal pays destinataire du blé dur acheté par l’Union européenne à des pays tiers, loin devant l’Espagne (165 000 tonnes).
En fait, l’Union européenne importe un tiers (3,4 Mt) du blé dur qu’elle consomme et qu’elle exporte sous forme de pates par exemple (10,6 t au total).
Les pays maghrébins achètent quasiment la même quantité de blé dur tuc et canadien (3,3 Mt). Leur production (3,7 Mt) ne couvre qu’à peine la moitié de leurs besoins.
A l’export, la France est quasiment le seul pays européen à vendre la céréale hors de l’Union. Mais ses capacités d’exportation sont très limitées. Elle n’a expédié que 40 000 tonnes vers le Maroc essentiellement.
Pour s’approvisionner, les pays importateurs saisissent la moindre opportunité. Hormis le canada (3,7 Mt) et la Turquie (1,7 Mt) qui pèsent plus de la moitié des échanges mondiaux – 9,1 Mt à comparer aux 195 Mt de blé tendre exportables dans les monde – le Mexique et les Etats-Unis exportent 1,7 Mt. Le Kazakhstan dispose de 300 000 t et l’Australie, 200 000 tonnes.