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Sergio Marchionne passe la main chez Fiat, Suzanne Heywood à la tête de CNH Industrial

[Mise à jour du 25 juillet 2018] : Le groupe FCA (Fiat-Chrysler Automobile) a annoncé le décès, dans la matinée, de Sergio Marchionne.

 

Groupe emblématique mais moribond de l’industrie italienne, Fiat a renoué avec le succès ces dernières années, sous la direction de Sergio Marchionne, devenu une icône du capitalisme en Italie. Suite à des soucis de santé, sa succession a été mise en place. 

C’est par un communiqué plutôt bref que CNH Industrial, la maison-mère des marques agricoles Case IH, New Holland, Steyr et FPT Industrial, a pourtant annoncé un tremblement de terre :

« Londres, le 21 juillet 2018,

Le conseil d’administration de CNH Industrial, réuni aujourd’hui, a noté avec un profond regret que son président, Sergio Marchionne ne pourra pas reprendre son travail. Le conseil a donc nommé Suzanne Heywood présidente.

Le conseil continuera le processus déjà engagé pour choisir un nouveau directeur général. D’ici là, Derek Neilson continuera, en tant que directeur général intérimaire, à assure la continuité opérationnelle de la société.

Enfin, le conseil d’administration souligne les extraordinaires qualités de dirigeant et l’investissement dont a fait preuve Sergio Marchionne. Ses pensées vont à lui et à sa famille. »

Tremblement de terre en Italie

Pourquoi un tremblement de terre ? Parce que lorsque Sergio Marchionne arrive à la tête de Fiat en 2004, l’entreprise est moribonde. Il en redresse les finances en deux ans et la rend capable d’avaler, en 2009, Chrysler. Sous sa direction, Fiat, mais aussi Ferrari et, donc, CNH Industrial, créée en 2014 pour séparer les activités automobiles des activités industrielles, vont recréer de l’emploi en Italie, retrouver leur prestige d’antan mais aussi redevenir (très) profitables (6,3 % de marge opérationnelle, avec un objectif à 10 % dans les cinq ans, et une croissance annuelle du CA visée de 7 %). D’ailleurs, Fiat-Chrysler n’est plus endetté depuis juin.

Le capitaine d’industrie aura aussi un temps été approché par les politiques, notamment Matteo Renzi.

Sous sa direction, également, Lancia disparaît, la gamme automobile de Fiat n’est, aujourd’hui, finalement plus que l’ombre d’elle-même. La faute à des choix forts. Car le dirigeant était un homme de choix, quitte à ne pas recueillir l’assentiment de chacun. On lui reproche beaucoup en Italie d’avoir internationalisé les gènes d’un joyau industriel transalpin. Dans le même temps, il demeure, là-bas et ailleurs, l’homme qui a su redresser l’entreprise la plus emblématique du pays.

Une succession préparée

Sergio Marchionne, âgé de 66 ans, souffre de complications en série d’une opération de l’épaule. D’après l’hôpital de Zurich où il séjourne, « le patient ne réagit plus ». Sa succession, toutefois, n’est que l’accélération d’un processus prévu pour 2019, l’année durant laquelle le dirigeant devait passer la main. Ainsi, le Britannique Mike Manley, jusqu’ici à la tête de la marque Jeep, dont il a fait la branche la plus florissante de l’empire industriel, prend le volant de Fiat-Chrysler Automobiles (FCA). La présidence de Ferrari revient à un représentant de la famille Agnelli, John Elkann, héritier du patron charismatique du groupe, Gianni Agnelli. Il sera appuyé par l’actuel dirigeant de Philip Morris, Louis Camilleri, originaire de Malte, qui prendra dans les prochains jours les fonctions d’administrateur délégué. Avec la Britannique Suzanne Heywood, donc, à la tête de CNH Industrial, une autre page se tourne, puisque pas un de ces nouveaux dirigeants, pour la première fois, n’est italien.

Suzanne Heywood : une femme d’influence et de confiance à la tête de CNH Industrial

Suzanne Heywood, ancienne élève d’Oxford et Cambridge, était, pour sa part, directrice générale d’Exor, la holding par laquelle la famille Agnelli contrôle FCA. Âgée de 49 ans, elle a commencé sa carrière au Trésor public britannique et a rejoint McKinsey en 1997 où elle a dirigé, pendant de nombreuses années la partie service de la firme de consulting. Elle en est également devenu associé principal. Suzanne Heywood fait aussi partie du conseil d’administration de The Economist, qui est contrôlé par Exor, et de celui du Royal Opera House, où elle est vice-présidente. Pendant son enfance, elle a passé dix ans à naviguer avec sa famille, afin de retracer le troisième voyage du Capitaine Cook autour du monde !

Elle a également cofondé Quartz Associates, une entreprise qui aide les sociétés à mettre en place les conseils dispensés dans le livre Reorg : comment bien le faire (réorg : pour « réorganisation »), livre qu’elle a… co-écrit !

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