ecorobotix

Les robots agricoles présentent de réels avantages mais suscitent aussi des questions

Le deuxième forum sur la robotique agricole s’est tenu cette semaine à Toulouse. Organisée par une start-up locale et leader du secteur cette rencontre a mis en lumière les nombreux avantages du recours aux robots, mais elle a aussi été l’occasion pour les participants de s’interroger quant au devenir de la profession.

En fin d’article,
plusieurs vidéos
de démonstrations de robots agricoles

Mine de rien, les robots s’imposent dans les champs et, de fait, l’agriculture hexagonale bascule peu à peu dans le troisième millénaire. Si on doit tirer un premier enseignement de la deuxième édition du Fira (Forum international de la robotique agricole) qui s’est tenue ces mercredi et jeudi au coeur de la quatrième localité de France, c’est bien celui-là.

L’événement avait lieu à l’initiative de Naio technologies, un constructeur, local de l’étape et déjà géant mondial du secteur. Puisque cette année l’entreprise, qui emploie 25 personnes au sud de la ville, lorgne sur un doublement de son chiffre d’affaires pour atteindre 1,4 million d’euros. Pour ses deux jeunes dirigeants, Aymeric Barthès et Gaétan Séverac, qui présentaient Ted, le petit dernier de leur gamme, l’objectif de ce Fira consistait à être le rendez-vous de la science pour mettre en place une dynamique autour de la filière. Outre des agriculteurs, des chercheurs et des fabricants composaient l’assistance, mais aussi la tribune.

Avec un bon ciblage robotisé, « le glyphosate n’est plus un problème »

Ainsi Maet Le Lan, de la Chambre d’agriculture de Bretagne, qui est à l’origine d’une large étude sur la robotique dans le maraîchage du département du Morbihan, est venue dire combien avoir recours à des bras articulés automatisés est bénéfique pour éviter les tâches répétitives et lutter contre les TMS (troubles musculo-squelettiques).

De son côté l’universitaire britannique Simon Blackmore a estimé que ce sont les petites et moyennes exploitations qui peuvent tirer bénéfice de l’utilisation des robots. « Cependant la question n’est pas de savoir quand ils arriveront, mais de quelle manière on peut travailler avec eux. Car ils sont déjà parmi nous. Soyez certains que nous entrons dans une nouvelle ère. On doit convaincre les agriculteurs des opportunités qui leurs sont offertes pour arriver à de meilleurs rendements« , a appuyé celui qui a guidé ses élèves dans la construction d’un robot ultra léger pour semer.

Gérard Danibert, l’un des responsables des tracteurs Kubota, s’est lui réjouit d’un récent contrat signé avec le gouvernement japonais pour la construction de 50 machines autonomes liées à la production de riz. Et pour lui l’intérêt de ce Fira était d’échanger, mais aussi de faire connaître ce beau succès aux multiples avantages. « Nous ne sommes qu’au début de la robotique. Pour le Japon, il n’y a plus de solution sur ce type de cultures. Ce pays vieillit et donc il est à la recherche des moyens qui vont faciliter toutes les tâches. C’est pour cela que le thème est très sensible là-bas.« 

Simon Blackmore a également insisté pour dire que les robots sont l’occasion rêvée pour appliquer un herbicide de manière ciblée et donc réduire les quantités de produits. « C’est pour cela que le glyphosate n’est pas un problème, mais la façon dont on peut s’en servir en est un ! » A ce propos au nom de l’entreprise suisse Ecorobotix, Claude Juriens a expliqué détenir une réponse en terme de ciblage.

Mais quid des emplois et des valeurs des agriculteurs ?

Lors du Fira, la structure a mis en avant un engin innovant et économe qui travaille seul, grâce à des images traitées par algorythmes et un ordinateur de bord. Conçu pour être employé toute l’année, afin de désherber le colza, la betterave ou les inter-cultures, il ne s’agit pour l’heure que d’un prototype. L’ensemble sera commercialisé entre 25 et 28 000 €, à partir de la mi 2019 après une série de tests réalisés l’année prochaine en Europe.

Bref on le voit, les services rendus par la robotique sont légion. Sauf que le satisfecit ne va pas au-delà. Dans la salle des conférences, une voix s’est élevée pour s’interroger quant à l’éventuelle suppression d’emplois. Une question qui inévitablement se pose mais, selon Simon Blackmore qui a repris la parole, l’inquiétude n’est pas de mise. « Je ne peux pas accepter ce concept. Les robots seront un relais de l’homme, mais il faudra toujours l’oeil du maître. C’est lui, l’exploitant, qui continuera de décider ce qu’il plante et ils feront ce qu’il souhaite. Donc non, on n’aura pas besoin de moins de gens !« 

Un sentiment que Philippe Jeanneaux, économiste et enseignant-chercheur à l’université de Clermont-Ferrand est venu tempérer. Selon lui l’avénement de la robotisation signe peut-être la fin de l’autonomie de la décision humaine. « L’agriculteur est en train de changer de métier en devenant un gestionnaire de services. Tout cela remet en cause ses valeurs. Aujourd’hui il n’y a peut-être pas péril en la demeure, mais on le comprend tous. Tout va être bouleversé et on a besoin d’en débattre pour ne pas se laisser manger par le monstre technologique !« 

Plus de 500 personnes sont venues assister à ce débat passionnant. L’année prochaine, bien sûr, le Fira reviendra sur le calendrier. Ses organisateurs entendent même donner une plus grande ampleur à cette future troisième édition avec la participation de tous les acteurs du secteur et donc une internationalisation plus large encore.


Les articles de WikiAgri sur la robotique agricole : https://wikiagri.fr/tags/robots

En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/a-toulouse-le-monde-de-la-robotique-agricole-va-mesurer-les-enjeux-davenir/16427 (article de présentation du Fira 2017).

Ci-dessous, Ecorobotix, un robot désherbant totalement autonome (ici lors des Culturales 2017).

Ci-dessous, selon Simon Blackmore l’avènement de la robotique agricole ne devrait pas rimer avec perte d’emplois.

Ci-dessous, plus de 500 personnes sont venues assister aux débats du Fira 2017 à Toulouse.

Les vidéos de démonstrations de robots agricoles

Ci-dessous, EcoRobotix, robot de désherbage total.

Ci-dessous, Ted, le petit dernier de Naio Technologies.

Ci-dessous, Dino, de Naio Technologies, autonome sur les parcelles.

Voir également des vidéos de tracteurs autonomes (sans pilote) ici : https://wikiagri.fr/articles/les-tracteurs-autonomes-allies-ou-dangers-pour-nos-agriculteurs-/11182

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