Le projet de loi relatif à la biodiversité dont les discussions débutent à l’Assemblée nationale* met en avant les services écosystémiques. Cette approche relève d’une idéologie très particulière qui ne laisse pas de place à l’homme et aux services qu’il rend au quotidien à la biodiversité.
Vous souhaitez prélever de l’eau ? Vous devez au préalable regarder l’état des masses d’eau. Laisserez-vous assez d’eau pour les milieux aquatiques (poissons, rivières, zones humides) ? Votre prélèvement cumulé à ceux d’autres préleveurs ne va-t-il pas déséquilibrer la gestion quantitative de la ressource en eau ? Autant de questions motivées par la montée en puissance, en droit, des écosystèmes.
Les services écosystémiques correspondent à l’ensemble des services que procurent les écosystèmes au bien-être des êtres humains. Ils correspondent aux bénéfices retirés par l’homme des processus biologiques. Cette notion met en lumière le fait que les écosystèmes sont utiles à la société et notamment aux activités économiques.
Du point de vue écosystémique, et comme l’énonce très clairement l’article L. 219-7 du code de l’environnement, il faut « appliquer à la gestion des activités humaines une approche fondée sur les écosystèmes, permettant de garantir que la pression collective résultant de ces activités soit maintenue à des niveaux compatibles avec la réalisation du bon état écologique du milieu […] et d’éviter que la capacité des écosystèmes […] à réagir aux changements induits par la nature et par les hommes soit compromise, tout en permettant l’utilisation durable des biens et des services [des écosystèmes] par les générations actuelles et à venir. »
La planification environnementale que l’on retrouve dans les SDAGE (schémas directeurs d’aménagement et de gestion de l’eau) qui couvrent toute la France, actuellement en réécriture pour la période 2016-2021, et dans les SAGE (schémas d’aménagement et de gestion de l’eau) reprend cette approche. Les zones humides (y compris les terres agricoles humides, les zones humides « que l’on suppose humides ») doivent être préservées au nom des services qu’elles rendent aux hommes. Toutes les règles de police découlent désormais de cette vision qui consiste à localiser, à territorialiser, les activités économiques en fonction des écosystèmes : leur bon état ou non conditionne l’acceptation des activités humaines, y compris agricoles. Cette vision et l’idéologie qu’elle véhicule permet de rappeler que toute activité humaine a comme support des écosystèmes qu’ils soient terrestres ou aquatiques. Et que l’utilisation de ces écosystèmes n’est pas infinie, les ressources étant limitées. Cette vision suppose une connaissance scientifique parfaite des écosystèmes et une assurance que ces données scientifiques qui déterminent les règles de droit sont bien calées, incontestables, transparentes et publiques pour assurer une sécurité juridique des acteurs économiques.
Les services écosystémiques et l’approche écosystémique présentent néanmoins le gros inconvénient d’exclure l’homme et son utilité dans leur construction. L’homme dans ces conditions est alors considéré comme un « nuisible » dont la présence doit être parfaitement limitée et plutôt exclue. L’homme, culpabilisé dans son existence même, n’a plus qu’à espérer devenir une espèce protégée. D’une façon plus spécifique, l’agriculteur vit dans la nature, il l’utilise, il en a besoin pour son activité, ce que certains lui reprochent au point de présenter toute activité agricole hors sol comme la plus parfaite des solutions environnementales. Par construction, l’agriculteur ne regarde pas la nature, ne la pense pas, ne la rêve pas, ne la conceptualise pas : il la vit. Et cette action sur la nature explique aussi aujourd’hui nos paysages diversifiés, nos territoires, notre forte capacité à attirer les touristes du monde entier. Arrêtons de condamner encore et encore, l’agriculteur, acceptons aussi de lui reconnaitre ce rôle majeur : celui de rendre des services environnementaux à la société. Des territoires entiers sont recouverts d’éléments vivants du paysage comme les haies, l’herbe, les prairies, les petits boisements : facteurs de biodiversité. Ces éléments ne doivent pas être figés, ils doivent être utiles à l’agriculture pour lutter contre l’érosion, pour instaurer d’autres formes de traitement des cultures, pour participer à la préservation de la qualité de l’eau par exemple.
Encore des services rendus à la société…qui traversera cet été la France en voiture ou TGV et pourra contempler le fruit de ces actions concrètes ! Car ce sont toujours les agriculteurs et les forestiers qui entretiennent le territoire. Entretien qui devrait se retrouver dans des paiements pour services environnementaux (ou PSE) qui associent les agriculteurs à une mission d’intérêt général environnemental comme le préconise Saf agr’iDées. Faisons en sorte de ne pas accélérer la disparition de ces professionnels au motif de préserver les écosystèmes. Ne rêvons pas d’une nature figée avec des hommes gardiens du musée !
* Précisément, elles débutent devant la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale.
L’Europe ne sera jamais unie avec des projets communs, les différents pays qui la compose ont trop de différences culturelles et de niveaux sociales, les uns pensent a savoir ce qu’ils vont manger et les autres comment fructifier leurs capitaux, les priorités sont différentes selon les pays.
En France on fait tout pour détruire les hommes qui veulent entretenir notre pays. Exemple dans notre département on n’entretient plus les bords de routes, résultat on a un sallissement des champs le long des routes, donc plus de passage de déchaumeur et de désherbant.
Laisser les repousses de colza 1 mois pour les nitrates entrainent le développement des limaces et l’utilisation de désherbant pour les détruire si vous ne labourer plus pour favoriser la vie microbienne des sols.
Bonsoir
Cette phrase :
« Les services écosystémiques et l’approche écosystémique présentent néanmoins le gros inconvénient d’exclure l’homme et son utilité dans leur construction «
est tout simplement fausse. Considérer que l’homme est partie intégrante de la nature, prend en compte les interactions entre l’homme et son environnement. Car, que vous le vouliez ou non, l’homme est DANS la nature et pas à côté. Il peut l’ignorer, mettre les plantes en déséquilibre à travers ses itinéraires techniques, il sera alors contraint de les rétablir à grand coup d’engrais et/ou d’intrant et d’énergie. Alors que s’il prend en compte les services gratuits que peut lui rendre la nature ( suppression des insecticides par la biodiversité, limitation des ravageurs par la prophylaxie, choix adapté des variétés à planter, gestion intelligente de l’eau, etc) non seulement il peut faire des économies, mais il rend ses pratiques durables.
C’est ce concept qui est inclus dans la notion de biodiversité fonctionnelle et l’homme y occupe une place centrale, mais alors il s’intègre dans son environnement et en joue au lieu de chercher à le maitriser à grand renfort d’intrants et d’énergie et au grand risque d’impasses techniques.
Bien à vous
Philippe
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Bonjour,
peut-être que le législateur n’en a pas tenu compte mais la notion de services écosystémiques telle qu’elle a été élaborée par les scientifiques intègre l’activité humaine (sinon il n’y aurait pas de sens à parler des services écosystémiques rendus par une prairie ou par une haie). D’ailleurs les scientifiques ont créé un autre concept lié à celui de services qui est celui de bénéfice écosystémique. Le bénéfice écosystémique intègre l’idée que pour profiter d’un service écosystémique il faut investir (en matériel ou en connaissances). Typiquement, si vous voulez profiter de la production fourragère de votre prairie (service) il faut d’abord acheter un tracteur. Le bénéfice c’est donc la partie du service que vous pouvez récupérer moins votre investissement.