La demande mondiale croissante de produits alimentaires et d’autres produits issus de la biomasse d’ici 2050 est une chance pour notre agriculture qui possède un potentiel agricole exceptionnel avec encore de belles marges de progression de sa productivité. La mondialisation des échanges agricoles constitue un atout géopolitique pour la France compte tenu de ses infrastructures portuaires, ses capacités de stockage, ses structures de commercialisation. Les capacités exportatrices de notre agriculture sont une bénédiction pour notre balance commerciale dramatiquement déficitaire. Notre industrie agroalimentaire apporte une valeur ajoutée à nos productions agricoles qui est productive d’emplois sur le territoire et qui fait notre réputation dans le monde entier. L’agriculture redevient ainsi un secteur stratégique pour l’avenir de notre pays.
Mais au-delà de ce défi pour notre pays de contribuer à la sécurité alimentaire du monde, notre agriculture est aussi confrontée à quatre autres défis tout aussi stratégiques : conserver sa compétitivité ou la reconquérir selon les filières, répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, et pas seulement des français, préserver la qualité de notre environnement et enfin mettre en place des systèmes de production moins gourmands en énergie fossile et en intrants chimiques de synthèse.
Le ministre de l’Agriculture semble avoir tout compris puisqu’il ambitionne avec sa loi d’avenir de l’agriculture de faire de la France à la fois « une puissance agricole et agroalimentaire » et « un modèle de l’agroécologie ». C’est un projet ambitieux et séduisant mais qui annonce de grandes mutations pour notre agriculture et nos industries agroalimentaires.
Mais peut-on imaginer ces changements sans innovations ? Et pense-t-on être capable d’innover sans continuer à investir dans la recherche fondamentale et la recherche appliquée ? Ce facteur de succès semble évident pour tous les secteurs de notre économie. Il a été longtemps prôné pour notre agriculture. Nous avons ainsi créé l’INRA qui est devenu le plus grand centre de recherche européen pour l’agriculture. Mais assiste-t-on à un changement des mentalités sous l’influence d’une remise en cause des progrès de la recherche et de la montée en puissance d’un état d’esprit régressif et passéiste sur notre modèle de développement agricole ?
On constate en effet que la recherche est totalement absente de la « loi d’avenir » sur l’agriculture qui sera soumise prochainement au vote de nos parlementaires. Comment envisager un futur à une activité productive confrontée à une concurrence mondiale sans investir dans la recherche et l’innovation ? Comment justifier un tel mépris pour la recherche alors que notre pays dispose encore d’un potentiel de compétences exceptionnel, mais pour combien de temps encore ?
Par ailleurs nos gouvernements successifs ont interdit de fait, en France, de nombreux travaux de la recherche publique ou privée dans les biotechnologies végétales, non pour des raisons scientifiques mais pour des raisons sociétales ou politiques. Pourtant de très nombreux pays agricoles « développés » comme des pays dits « émergents », ont fait, à l’inverse de notre pays, le choix de mettre en œuvre des programmes de Recherche et Développement extrêmement ambitieux dans le domaine des biotechnologies végétales.
Refuser les outils modernes de la recherche pour développer notre agriculture serait condamner notre pays à abandonner des ambitions légitimes et à redevenir ainsi un « petit pays » agricole, sans puissance et sans influence.
En d’autres termes on ne peut pas à la fois promouvoir pour notre agriculture de grandes ambitions en valorisant la diversité de nos modèles agricoles comme le souhaite le ministre de l’Agriculture et handicaper la composante la plus productive de cette diversité. Osons espérer, au moins, que ce n’est pas l’ambition cachée de ceux qui nous gouvernent.
Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !
agro-écologie ne veut pas dire agriculture passeïste sans recherche c’est justement ce modèle qui demande le plus d’effort d’innovation au agriculteur.
le modèle de soumissions des agriculteurs a des techniques développées contre leurs intérêt arrive a terme.
De nouvelles techniques agronomique metttent le sol et l’intelligence de chaque cultivateur au cœur des processus de prodution .
l’avenir n’est pas la suite du passé.
en tant d’administrateur de la SAF vous devriez vous réjouir de ces changements.