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Une mélangeuse adaptée à son élevage

Une formation « économie de carburant sur mélangeuse » était organisée le 22 janvier par la Chambre d’agriculture du Limousin et la fédération des Cuma 19. Tests comparatifs, grandeur nature, à l’appui.

Cette initiative s’inscrit dans le programme européen Efficient 20. Choisir la bonne mélangeuse permet d’économiser du carburant et de préparer des rations mieux assimilées grâce à une alimentation plus linéaire.

Trois mélangeuses Lucas ont été présentées : la Spirmix Jet 180, la Qualimix pro 200 et l’automotrice Autospire 120. Quelques jours avant, ces machines ont été testées chez trois éleveurs de Varetz (en Corrèze) : Serge Berthy, Laurent Darcissac et Jean-Philippe Taurisson. Les trois éleveurs produisent des fourrages très différents. La ration de Jean-Philippe Taurisson (3,4 tonnes) était composée d’ensilage de maïs (1800 kg de maïs et 1400 kg d’herbe) et de foin (240 kg). Celle de Serge Berthy (1750 kg) était constituée principalement d’enrubannage (600 kg d’herbe et 800 de maïs) et de foin (350 kg). Enfin, celle de Laurent Darcissac (2997 kg) comportait peu de fibres mais beaucoup de maïs. « On a utilisé à chaque fois le même tracteur et le même chauffeur, puis on a comparé les consommations énergétiques et les temps de mélange, de l’allumage du moteur jusqu’à la fin de la distribution. Enfin, on a analysé la granulométrie du rendu final, en tamisant les échantillons prélevés à 25, 50 et 75% du temps de déchargement. Pour les machines, on a retenu la marque Lucas car c’est la seule à proposer des mélangeuses à pales, à vis et des automotrices », explique François Dousson, conseiller machinisme de la Chambre d’agriculture.

Qualimix, la vitesse

Cette mélangeuse à pales assure un mélange rapide, une coupe nette et homogène. « Qualimix a une faible consommation. Elle tourne à 1000 tours au ralenti et à 550 tours en régime de puissance de force », présente Jérôme Vaissie, inspecteur technique chez Lucas qui assurait la démonstration. La ration est mélangée par brassage horizontal sans couteau. Sa vitesse de coupe donne une ration aérée, mieux absorbée par les bêtes. « Cette mélangeuse foisonne plutôt qu’elle ne comprime. Du coup, cela donne plus de volume », observe Jérôme Vaissie.

Le déchargement par vis (seulement par la gauche) est également plus rapide. Cependant, il n’est pas possible de rentrer des balles entières dans le bol et on perd du temps à déchirer les bottes. Du coup, cette machine n’est pas adaptée aux gros volumes mais plutôt aux rations laitières avec peu de fibres. Autre atout : Qualimix n’a pas cédé aux sirènes de l’électronique. Quant aux bols, ils sont proposés en 15 et 20 m3.

Les meilleures performances ont été enregistrées chez l’exploitation laitière de Laurent Darcissac : le mélange et la distribution ont duré 25 minutes avec 15 minutes de temps de charge. La consommation n’excède pas 3,2 litres dont 2,4 litres consommées par la mélangeuse. Le fourrage distribué comportait 72% d’éléments fins et seulement 2% de grossier. (Les fourrages ont été considérés comme grossiers à partir de 2 cm, intermédiaires entre 1 et 2 cm et fins à moins d’un cm. Durant la formation, seules les granulométries relevées à 50% de la distribution ont été communiquées. Les taux de matières sèches ont aussi été relevés. Ils seront analysés en février pour savoir s’ils restent homogènes au cours du mélange.)

Chez Jean-Philippe Taurisson, la mélangeuse a tourné 35 mn et le chargement a duré 20 minutes pour une consommation totale de 4 litres (2,9 litres pour la mélangeuse, 1,1 litre pour le chargeur). Concernant la granulométrie, on comptait 16% de grossier, 18% d’intermédiaire et 65% de fin.

Pour la ration de Serge Berthy, le temps a été plus long car il a fallu casser les bottes (44 minutes pour la mélangeuse et 32 minutes de chargement). La consommation énergétique est donc supérieure : 7,1 litres dont 5,3 litres pour la mélangeuse. Dans son fourrage, on a trouvé 22% de matière grossière, 24% de matières intermédiaires et 54% de matières fines.

Spirmix, la polyvalence

Cette machine à vis verticale permet également de faire du paillage. «  C’est l’une des seules à proposer cette polyvalence. Elle est particulièrement solide. On peut charger des balles lourdes sans problèmes grâce à la vis. En revanche, elle est assez énergivore. Et attention, elle défibre très vite ! A trois minutes près, on n’a pas du tout le même résultat. Il faut être rigoureux sur les temps », prévient Jérôme Vaissie.

La Spirmix existe en plusieurs modèles, de 8 à 26 m3. « La sortie par la turbine permet de distribuer la ration depuis la route par-dessus une barrière dans les champs », fait remarquer l’inspecteur technique.

La ration de Jean-Philippe Taurisson a été mélangée en 38 minutes et le chargement a duré 12 minutes. La consommation a été plus importante qu’avec le Qualimix (4,9 litres dont 4,2 litres par la mélangeuse) mais le mélange était un peu plus équilibré, avec 30% d’éléments grossiers, 14% d’intermédiaire et 56% de fin. 

Chez Serge Berthy, le mélangeur a tourné 33 minutes avec un temps de charge de 20 minutes. La consommation totale a été de 7,9 litres (dont 6,7 litres absorbés par la mélangeuse) et le mélange était composé de 53% d’éléments grossiers et de 40% d’éléments fins. A l’inverse, il n’a fallu que 25 minutes pour mélanger la ration de Laurent Darcissac et 14 minutes pour charger. La consommation a donc été moindre (4,9 litres dont 4,1 litres pour la mélangeuse) et le mélange comportait 63% de matières fines et 25% de matières intermédiaires.

Autospire, le confort

Compacité, maniabilité, confort de travail avec le chauffage, la cabine insonorisée et les suspensions… l’automotrice Autospire à vis verticale a aussi des arguments économiques : « Quand on a un petit bâtiment, c’est bien d’avoir un appareil compact qui fait tout. Le temps de chargement est un peu plus long, mais le fourrage est immédiatement coupé. Si l’on tient compte des temps d’arrêt et de déplacement entre les machines, on divise le temps de travail par deux. Cela compense largement la consommation de carburant supplémentaire », explique Jérôme Vaissie. Cumulant trois modes de déchargement (gauche, droite et arrière), l’automotrice est disponible en 12 ou 18 m3.

Chez Jean-Philippe Taurisson, le mélange a duré 17 minutes et a consommé 4,2 litres. Le fourrage était composé de 72% de matières fines. En effet, le fourrage est coupé par la fraise et recoupé dans le bol. Le record est détenu par la ration de Laurent Darcissac : l’opération a duré 12 minutes avec une consommation de 3 litres. On retrouvait 66% d’éléments fins et 29% d’éléments intermédiaires.

Enfin, pour la ration de Serge Berthy, il a fallu 25 minutes et 7,2 litres de carburant. Son mélange se composait de 46% d’éléments grossiers et 43% d’éléments fins.

Quelques conseils à retenir…

Les intervenants conseillaient d’entretenir le tranchant des lames pour consommer moins de carburant, sachant que la netteté de la coupe est déterminante pour l’assimilation : c’est le piquant qui stimule la rumination. Pour obtenir un fourrage de qualité, le chargement mérite aussi d’être réfléchi : « Il faut toujours commencer par les produits les plus longs et ajouter ensuite les produits courts. Avant, certains préféraient mettre la paille, le foin et finir par l’enrubannage pour appuyer sur le tas. Mais c’est moins nécessaire aujourd’hui. Il vaut mieux commencer par l’enrubannage qui est long à couper. Sinon, le temps que l’enrubannage soit broyé, la paille est en brisure. On finit par le maïs, un produit noble qu’on ne doit pas gâcher », résume Jérôme Vaissie. Dans la même idée, il vaut mieux réduire la vitesse en fin de mélange.

A retenir aussi : la granulométrie dépend des objectifs de production de l’éleveur et de son type d’élevage. Cependant, si le mélange est trop grossier, les animaux auront tendance à trier… Comme dans tout, les excès sont à éviter ! On devra aussi choisir entre section coudée (plutôt pour les fourrages longs) ou droite (pour les fourrages courts).

Enfin, la densité et la fibrosité des fourrages déterminent la taille de la cuve. « Si on a beaucoup de fibres, on peut choisir une machine plus grosse pour nourrir plus de bêtes », résume François Dousson. Lucas n’a pas communiqué de prix, considérant que les options sont adaptées au cas par cas.

 

En savoir plus : www.lucasg.fr (site de la marque Lucas) ; http://www.europrojectconsult.eu/fr/references/efficient-20-0 (site du projet Efficient 20).

 

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