Trouver de nouvelles façons de faire cohabiter agriculture et énergie solaire : c’est le défi du producteur d’énergies renouvelables Akuo Energy. Le concept s’appelle Agrinergie et se développe en métropole après avoir été expérimenté à La Réunion et aux Antilles.
Premier producteur français indépendant d’énergies renouvelables, Akuo Energy réalise un chiffre d’affaires de 149 millions d’euros, dont 20 % proviennent de la vente d’énergie solaire. Depuis 2007, l’entreprise s’intéresse à la valorisation énergétique des espaces agricoles insulaires. Steve Arcelin, directeur de la filiale Océan Indien, précise la démarche : « En 2007, nous cherchions comment développer l’énergie solaire à La Réunion. Le contexte est porteur car l’île s’est fixé l’objectif d’atteindre 30 % d’énergies renouvelables d’ici 2020. Mais nous voulions à tout prix éviter de rentrer en concurrence avec les opérateurs locaux qui équipaient les particuliers et les entreprises. »
Par ailleurs, il n’était pas question d’installer au sol d’immenses champs de panneaux solaires alors que le foncier agricole manque cruellement sur l’île.
A ce stade, le constat d’Akuo Energy est double. D’un côté : des nombreuses terres agricoles sont en friches, menacées par l’extension urbaine. De l’autre : des filières agricoles traditionnelles en difficulté n’arrivent plus à installer des producteurs. L’entreprise a donc proposé de racheter ces terres et de les cultiver, en installant des panneaux en inter-rangs. Les agriculteurs ont accès gratuitement aux terres, et Akuo Energy rembourse ses investissements par la vente d’électricité. Un seul mot d’ordre : la technologie doit s’adapter aux cultures, et non l’inverse.
« L’espace est partagé équitablement entre les productions agricoles et les panneaux solaires. Le but est de générer deux indépendances : énergétique et alimentaire. Nous voulons restructurer des filières agricoles en perte de vitesse grâce aux énergies renouvelables. Nous avons donc naturellement commencé avec les plantes à parfum, qui font la renommée de la Réunion », explique Steve Arcelin.
Des cultures de géraniums et de citronnelles ont été testées avec une coopérative agricole locale. Par la suite, Akuo Energy a fondé sa propre structure de commercialisation et embauché un chef d’exploitation. La démarche a fait boule de neige et la plupart des friches agricoles exploitables ont été valorisées par l’Agrinergie.
Pour aller plus loin, Akuo Energy a innové en installant des serres photovoltaïques anticycloniques. Elles sont constituées à 50 % de panneaux photovoltaïques, et à 50% de tôles ondulées diffusantes. Elles fonctionnent toute l’année et ont été adaptées à cinq projets horticoles, maraîchers et aquacoles. Soit, il a fallu une période d’ajustement pour que les rendements soient similaires à la production en plein sol, mais les partenaires ont largement amélioré les itinéraires techniques. La lumière, l’ombrage et l’aération sont parfaitement maîtrisés.
Parmi les agriculteurs associés, Jean-Louis Payet s’est installé comme horticulteur sur la commune du Tampon. Il fournit actuellement 80 % des lys produits à La Réunion. Grâce aux serres anticycloniques, ses rendements ont explosé : il est passé par exemple de 30 000 à 600 000 tiges d’anthurium par an. Son exploitation a même permis de réduire l’importation de fleurs depuis l’île Maurice ! Par ailleurs, les eaux de pluies sont récupérées dans un bassin de 4600 m2 pour irriguer ses cultures. Ses serres sont aussi recouvertes de tissus « insectproof » qui éloignent les nuisibles sans pesticide.
Dernier projet exemplaire à La Réunion fin 2014 : les serres de Bardzour près du centre de détention de la commune du Port. Des détenus sont formés au maraîchage et à l’apiculture, en vue de leur réinsertion. Comprenant des centaines de variétés et un arboretum, les serres permettent de stocker l’équivalent de l’énergie produite, soit jusqu’à 9 MW. De quoi alimenter 12 000 habitants.
Au total, la capacité de production d’Agrinergie sur l’île de la Réunion représente 35 MW, dont 18 MW sont stockés sur place. L’investissement global sur l’île atteint 170 millions d’euros.
En parallèle, Akuo Energy a développé l’Agrinergie en Guadeloupe, mais aussi en métropole sous le nom de « fermes Akuo ». Pour l’instant, on en compte onze. En Corse, Akuo soutient principalement la production de myrtes et d’immortelles (sept sites sont installés en Corse). Dans le Gard, le projet Bellegarde est dédié à la culture du giseng et des plantes aromatiques. Akuo a aussi soutenu la création d’une immense centrale solaire dans le Var (la Verrerie), d’une capacité de 24 MW. Des jachères apicoles ont été installées sous les panneaux solaires par Apiterra, société d’installation de ruches d’entreprises ou de collectivités locales. « En métropole, nous voulons mixer les technologies solaires, éoliennes et hydrauliques. Nous valorisons surtout des carrières ou sablières abandonnées », précise Steve Arcelin.
Des projets Agrinergie sont en cours de financement au Mali, en Indonésie, en Nouvelle-Calédonie et en Corse.
En savoir plus : https://www.akuoenergy.com (site de AkuoEnergy).
La photo ci-dessous est issue du site internet AkuoEnergy, lien direct https://www.akuoenergy.com/fr/nos-metiers/solaire/agrinergie-1.html