21 10 2021 couverture

Un parc matériel adapté au binage du blé

La bineuse Garford de Tony Coulais est composée de deux caméras qui contrôlent chacune la moitié des éléments lorsqu’elle est en double guidage.

Pour désherber ses cultures de printemps, comme celles d’hiver, Tony Coulais a acquis une bineuse Garford. Il a recours au double guidage pour adapter cet outil aux dimensions de son semoir à céréales en 3 m 50, tout en gardant une largeur de binage de 7m. Récemment le vendéen a ajouté une barre d’épandage avec palettes pour combiner apport d’engrais et désherbage sur blé.

Avec le double guidage de la bineuse, le céréalier peut s’adapter à la largeur de 3 m 50 de son semoir Xeos.

S’il pratiquait déjà le binage sur maïs en conven- tionnel, Tony Coulais s’est définitivement tourné vers le  désherbage  mécanique  lors  de  son  passage en bio en 2018. « Jusque-là, j’utilisais la bineuse de marque Carré de la Cuma avec déjà un guidage de précision. Par la suite, ma conversion en bio a néces- sité que j’investisse dans un outil en propre. J’ai opté pour une bineuse Garford » rapporte le céréalier. Sur son exploitation de 110 ha à la Chataigneraie dans le bocage Vendéen, il bine maïs, tournesol et soja, mais aussi certaines cultures d’automne, notamment l’asso- ciation blé/féverole. Avec quatre ans d’expériences en désherbage mécanique, il fait un constat surprenant. « Je trouve les cultures d’automne plus facile à biner que celles de printemps. Certains agriculteurs redoutent le binage des céréales, mais ce n’est pas si compli- qué » assure le vendéen. Il argumente sa position par le degré de précision des interventions. « Un passage de roue sur blé se compensera vite, alors qu’un rang de maïs écrasé à un stade cinq feuilles ne repoussera pas » observe Tony Coulais. Si le choix du désherbage mécanique sur céréales semble indispensable en bio, il peut aussi trouver sa place dans d’autres systèmes.

« Nous sommes approchés par des clients conven- tionnels qui veulent biner le maïs. Et de fil en aiguille, ils s’intéressent aux passages sur céréales grâce à la polyvalence des bineuses Garford » rapporte Vincent Burens de Novaxi, la société qui importe la marque de bineuse verte en France.

Lorsqu’il sème le tritical en plein, Tony Coulais désherbe avec sa herse rotative.

Deux binages minimum par culture

Sur la ferme, la quasi-totalité des cultures sont binées deux fois et plus quand c’est nécessaire. Entre  fin février et début avril pour les céréales d’hiver, et dans le courant des mois de mai/juin pour les cultures de printemps. Après quatre saisons en bio, Tony Coulais a toujours su trouver des fenêtres en sortie d’hiver pour les passages sur céréales. « C’est sûr que l’année où je ne pourrai pas rentrer dans les champs, ce sera compliqué » prévoit-il. Les interventions sur maïs sont parfois plus difficiles à planifier. Le développement rapide des adventives en mai ne laisse que très peu de marge d’intervention, contrairement au désher- bage des céréales en mars. Le  mélange  Triticale/ pois et le colza représentent deux exceptions au binage systématique. « C’était  ma  première  année en colza bio l’an dernier. Au semis les conditions étaient parfaites, résultat  le  colza  a  germé  mais pas les adventices.  Je  n’ai  pas  eu  besoin  de  biner et j’ai récolté 34q/ha. C’est exceptionnel. Mais  sur une année classique, il faudra sûrement assurer un passage en octobre » analyse-t-il.

Tony Coulais a toujours trouvé une fenêtre pour biner ses céréales en sortie d’hiver.

Concernant  le  mélange  triticale/pois,  selon  les années et les parcelles, il peut être biné ou désherbéen plein avec la herse étrille. Mais le choix doit être fait au moment du semis car l’interang ne sera pas le même selon l’option choisie. « Contrairement au blé qui se bine bien avec son port droit, le triticale est très couvrant. Il étouffe vite la concurrence » précise l’agriculteur. Pour ce type d’intervention, mais aussi pour réaliser des passages occasion- nellement sur les cultures de printemps, il a investi dans une herse étrille ETR Breton de 14 m. « J’avais le choix avec une version plus légère de 7 m, mais dans le bocage vendéen nous avons des fenêtres d’interventions assez courtes. Je préférais assurer le débit de chantier ». Enfin l’itinéraire culturale de la phacélie semence ne comporte aucun passage de désherbage mécanique. Cette culture est semée en plein fin mars lorsqu’elle est bien poussante afin de profiter de son pouvoir couvrant.

Entre les caméras, la barre de guidage, la console de la bineuse et celle de la trémie frontale, la cabine du tracteur se transforme en cokpit d’avion

Adapter la bineuse au parc matériel et pas l’inverse

Si l’agriculteur vendéen a opté pour cette bineuse, c’est notamment pour profiter du double guidage.

« Concrètement la bineuse est constituée d’un seul châssis mais de deux caméras. Chacune d’elles contrôlent la moitié des éléments » décrit le vendéen. Ce double guidage lui permet de biner sur les céréales implantées en 3 m 50 avec son semoir Xeos à trémie frontale Sulky, mais aussi sur les cultures de printemps en simple guidage. Ces dernières étaient d’abord semées avec un outil monograine de 6 rangs. Cela nécessitait plusieurs heures de manutention sur la bineuse entre les céréales et le maïs pour adapter la configuration. Pour s’éviter cette tache fastidieuse, le céréalier a investi dans un outil d’occasion Ribou- leau en 8 rangs, qu’il a retapé lui-même. « Chaque bineuse est unique et adaptée à son utilisateur. Elles sont conçues pour évoluer et s’adapter au besoin de l’utilisateur » précise Vincent Burens.

L’agriculteur a conçu lui-même la barre d’épandage et les palettes qu’il utilise pour combiner fertilisation et binage

Pour une utilisation optimale du double guidage, Tony Coulais utilise un guidage Trimble RTK sur le tracteur.

« C’est important car l’espace entre deux passages de semoirs doit être rigoureusement identique » précise-t-il. Une aide à la conduite lors du semis qui s’avère nécessaire surtout dans le contexte bocager de son exploitation.

Concernant le débit de chantier, la largeur de la Garford lui permet en moyenne de biner ses 50ha de céréales en 3 jours, soit environ 3 ha/h. Le premier passage est réalisé à 7 km/h et le second à 13 km/h.

« Pour le premier binage, sur un sol limoneux croûté, je ne monte pas au-delà de 5 km car il y  a  un  vrai risque de recouvrement » prévient le vendéen. Vincent Burens annonce lui une vitesse d’utilisation moyenne de 10km/h.

Un interang hétérogène

Si Novaxi  conseille  de  ne  pas  descendre  sous  les 15 cm d’interang, Tony Coulais a élaboré au fil des années une configuration bien spécifique pour les céréales. Il règle une partie des interangs en 25 cm et le reste en 12,5 cm. « Ce qui est important c’est de garder 25 cm pour les cinq rangs sous les caméras qui permettent d’assurer le positionnement de la bineuse. Le reste peut-être plus étroit » assure-t-il. Résultat, le semoir fonctionne sur 19 rangs. L’an prochain, le vendéen aimerait ne laisser que quatre rangs sous les caméras pour densifier encore  la  culture.  Pour les interangs de 25 cm, il utilise deux socs de 11 cm. Un seul soc de 18 cm n’est pas suffisant pour entrer dans certains limons. Les interangs de 12,5 cm sont, eux, binés avec des socs de 8 cm.

Les céréales sont semées à 25 cm d’interang sous les caméras et à 12,5 cm pour le reste

Les cultures de printemps sont implantées de manière plus classique en 75 cm avec des socs de 16 cm en quinconce.

Combiner binage et apport d’engrais

Pour optimiser l’apport d’engrais dans les champs à des périodes charnières de l’année et éviter un tas- sement du sol trop important, Tony Coulais a décidé d’associer les passages de binage et de fertilisation sur blé. Cette approche lui permet également de diminuer le nombre  d’heures  dans  les  champs  à des moments charnières de l’année et par ricochet le tassement du sol. Pour ce faire, début 2021, il a conçu une rampe d’épandage avec des palettes situées juste devant les éléments bineurs. Ces der- nières sont alimentées par une tête de répartition à 12 sorties, elle-même reliée à la trémie frontale de son semoir Xeos. « Comme je m’y attendais, l’engrais est utilisé de manière bien plus optimale. Il y a moins de volatilité car il est incorporé par le binage. J’ai réalisé une bande test en relevant les éléments de la bineuse et la culture était moins développée » se réjouit l’agriculteur. Il a conçu la tête de répartition de manière à ce qu’elle puisse être déplacée sur le semoir monograine pour réaliser l’apport d’engrais au moment des cultures de printemps.

Auteur:Thimothée Legrand


 

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