Didier Goursat n’est plus éleveur à Dussac (Dordogne). Son troupeau soupçonné d’être atteint de tuberculose en Décembre 2020 a été abattu neuf mois plus tard si bien qu’il a tout perdu. Or l’examen sanitaire des animaux a révélé l’absence de la maladie. Depuis quatorze mois, l’éleveur et sa compagne vivent un calvaire. Ils témoignent.
L’indemnisation reçue au mois de décembre pour compenser une partie des pertes subies depuis l’abattage de son troupeau de vaches limousine ne ressuscitera pas « Mamie », la mascotte du troupeau de Didier Goursat, éleveur à Dussac (Dordogne). Le 28 septembre 2021, elle a été menée à l’abattoir avec ses congénères et leurs suites.
Le laboratoire d’analyse de Coulounieix-Chamiers avait alors suspecté plusieurs cas de tuberculose dans le troupeau de Didier.
« Mais l’examen des animaux abattus a révélé l’absence de lésion. Autrement dit, les bêtes ont été abattues pour rien !», rapporte l’éleveur.
« En Dordogne, jusqu’à 5000 animaux suspectés d’être atteints de tuberculose ont été abattus ou le seront dans un proche avenir rapporte », encore Didier Goursat.
Les éleveurs, victimes de cette situation, se retrouvent dans un complet désarroi. Isolés dans leur ferme, ils sont démunis et sans recours pour s’opposer à des mesures sanitaires souvent prises arbitrairement.
« N’importe quel producteur de bovins est anéanti quand il apprend que son troupeau est susceptible d’être atteint de tuberculose, explique Didier Goursat. Les recours pour contester la décision administrative prise par la DDETSPP (1) sont souvent inefficaces ».
De plus, en perdant leur troupeau, ces éleveurs ont perdu leur outil de travail. Ils n’ont donc plus de revenu.
Des années de travail sont anéanties.
Et une fois indemnisés, les éleveurs qui souhaitent poursuivre leur activité n’ont pas toujours les moyens de se reconstituer un troupeau, de financer les charges d’alimentation et d’entretien de leurs animaux et d’attendre au moins deux ans pour espérer tirer un nouveau revenu de leur élevage !
A Périgueux, Catherine Carrere Famose, directrice de la DDETSPP a convoqué à deux reprises Didier Goursat. Et pour justifier la décision d’abattage prise à l’encontre de son troupeau, elle lui a déclaré : « C’est parce qu’on a des lois pour tuer les vaches et pas de lois pour abattre les blaireaux que des troupeaux de bovins sont éradiqués », rapporte l’éleveur.
Les blaireaux pullulent dans la région. « Depuis cinq ans, j’ai demandé la régulation des blaireaux, explique Didier. Mon exploitation en était envahie. Mais l’administration en a décidé autrement !».
Un rouleau compresseur
Didier Goursat est la 3ᵉ génération de paysan-éleveur de vaches Limousine à Dussac (Dordogne)
Sa vie d’éleveur a été chamboulée le 17 décembre 2020 lorsque trois cas de tuberculose ont été détectés par intradermotuberculination comparative (IDC).
Depuis les événements se sont enchainés et Didier a dû se plier aux décisions successives prises par la DDETSPP.
– le 18 janvier 2021 : abattage obligatoire de 2 des trois vaches détectées. Après examen, une avait des lésions ouvertes PCR positive et une autre avait des lésions fermées PCR positive
– le 25 janvier suivant, abattage de la 3ème vache or aucune lésion n’a été détectée et le test PCR était négatif.
– février 2021 : mise en place d’un protocole d’abattage partiel à notre demande. Trois nouveaux contrôles seront effectués.
S’ils sont négatifs, l’éleveur pourra de nouveau acheter et vendre des animaux.
– le 8 avril : premier test de contrôle intradermotuberculination simple (IDS)
– 12 avril : interprétation des résultats – une vache est suspectée infectée – un test interféron sera donc réalisé.
Comme le test à l’interféron est positif, l’abattage de la bête est exigé.
L’examen de la carcasse de l’animal abattu a révélé une lésion ouverte et un test PCR positif
– mai 2021 : abattage total du troupeau requis avant le 30 septembre.
-28 septembre 2021 : l’examen des carcasses des animaux a révélé qu’aucun des 43 animaux (vaches, veaux parfois de 2 mois et taureau) n’avaient de lésion,
« Nous avons alors appris que 57 animaux avaient été abattus pour rien, explique Corinne sa compagne. Les industriels de la viande ont donc fait une belle opération. La viande des animaux achetés a été revendue en barquettes aux consommateurs ! ».
Mais Didier Goursat, lui, s’est ainsi retrouvé seul sur sa ferme, sans animaux et sans revenu !
Il ne sera plus éleveur. Et ce n’est qu’au bout d’une bataille acharnée qu’il est parvenu à être indemnisé.
« En ce début d’année, sans l’intervention en septembre dernier de Jean-Pierre Cubertafon, député de Dordogne auprès du préfet de la Dordogne, je n’aurais pas été encore indemnisé », affirme l’éleveur.
Le 12 octobre dernier à l’Assemblée nationale, le député avait aussi porté l’affaire lors de la séance de questions au gouvernement.
Jean-Pierre Cubertafon a expliqué à Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture, la double peine dont sont victimes Didier Goursat et les autres éleveurs de Dordogne depuis que leur troupeau, suspecté d’être atteint de tuberculose, a été abattu.
cliquer ici sur la question de Mr Cubertafon. (Curseur à droite – cliquer sur la 18ème question posée)
Courrier de Jean-Pierre Cubertafon, Député de la 3ème circonscription de la Dordogne
Question Au Gouvernement de Jean-Pierre Cubertafon du 05 Octobre 2021
Non seulement ils sont victimes d’avoir perdu leurs bêtes mais en plus ils sont aussi victimes du zèle de l’administration et des pressions exercées à leur égard pour ne pas ébruiter.
Le 6 janvier dernier, le député a adressé un courrier aux éleveurs de bovins viande dont leur troupeau est exposé à tuberculose pour leur présenter les mesures prises pour tenter d’apporter un début de solution à leurs problèmes (cf. pièce jointe).
(1) Direction Départementale de l’Emploi, du Travail, des Solidarités et de la Protection des Populations de la Dordogne (D.D.E.T.S.P.P.)
A Dussac, Didier Goursat dans son étable vide d’animaux depuis que son troupeau a été abattu.
Légende photo de couverture :
« La mamie » devait mourir de vieillesse dans nos prés et elle a fini en barquettes au supermarché. Une dérogation pour sauver 3 vaches en tant qu’animaux domestiques isolés de tout contact avec d’autres animaux a été refusée.
Lors de son assemblée générale du 12 avril 2014; Charente Nature a voté une motion pour l’interdiction de la destruction des blaireaux. Ses adhérents préfèrent protéger des blaireaux malades, ce qui entraîne l’abattage de bovins sains dans un troupeau contaminé par la présence de la faune malade. La bêtise humaine nous ruinera, et finira par éradiquer les paysans !
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C’est la même administration hors sol qui fait détruire toutes les réserves d’eau pour lutter contre les sécheresses … qui fait fermer les lits dans les hôpitaux pendant les pandémies …. etc etc …