Fin décembre 2015, je faisais largement écho du rapport des autorités américaines du département d’État à l’agriculture sur le TTIP dont les conclusions démontraient que l’Europe serait la grande perdante de l’accord. J’avais alors sommé le Président de la Commission européenne et ses Commissaires de fournir des explications publiques suite à ces accablantes révélations.
Bonne nouvelle : nous avons finalement obtenu gain de cause. D’une part, les responsables européens viendront s’expliquer devant le Parlement européen sur ce rapport et le volet agricole, vraisemblablement ce 14 juillet ; d’autre part cette audition sera publique et donc retransmise en direct comme je l’avais requis. Il est temps que la question TTIP soit débattue de manière transparente, c’est une question de sincérité envers les citoyens européens et leurs représentants.
Pour rappel, le ministère de l’Agriculture américain a rendu public, en décembre 2015, son rapport d’évaluation des gains pour les deux parties de ce potentiel accord transatlantique (TTIP). Les conclusions sont sans appel : de l’aveu même des Américains, dans le meilleur des cas, les Européens n’y gagneraient pas grand-chose. J’avais alors demandé l’arrêt des négociations et contacté le Président Juncker ainsi que les Commissaires Malmström et Hogan afin qu’ils s’expliquent devant le Parlement européen.
Je ne veux pas voir mener à l’abattoir l’agriculture européenne et dans son sillage la subsistance alimentaire européenne ! Le volet agricole ne peut être la variable d’ajustement des autres chapitres de la négociation TTIP. Ce serait se moquer des agriculteurs et des consommateurs européens ! La Commission doit s’expliquer.
Que contenait ce rapport ? Il y était envisagé plusieurs scenarii: parmi ceux-ci l’un fait la part belle à l’abolition des droits de douane, un autre y ajoute la suppression des mesures non tarifaires.
Dans le premier scénario, les autorités américaines estiment leurs gains à 5,5 milliards de dollars pour seulement 800 millions dans les poches européennes. En d’autres termes, les bénéfices américains seraient sept fois plus importants que ceux des Européens.
Dans le second, en supprimant donc les mesures non tarifaires, le jackpot pour les États-Unis est encore plus criant : près de 10 milliards de dollars, les bénéfices européens s’élèveraient eux à, à peine, 2 milliards…
Alors que peut-on espérer de cette audition ? De deux choses l’une : soit la Commission confirme les scenarii américains et donc l’inutilité du TTIP, soit elle dénonce le rapport et fustige en même temps la crédibilité des partenaires commerciaux US…
Dans ces tractations secrètes où l’opacité est le maître mot, obtenir un débat public est un pas vers plus de transparence.
Vu les conséquences potentiellement dangereuses du TTIP, notamment en matière agricole, le citoyen a, plus que jamais, le droit de savoir !
Par Marc Tarabella
député européen (Belgique)
bourgmestre d’Anthisnes
Notre illustration ci-dessous est issue du compte Twitter de Marc Tarabella.
Par Marc Tarabella
Elu de Belgique. Je suis député au Parlement européen depuis 2004, au sein duquel je fais partie des trois Commissions suivantes : membre effectif de la Commission Agriculture et Ruralité, membre suppléant de la Commission Droit des femmes et Egalité des genres et membre suppléant de la Commission Marché intérieur et Protection des consommateurs. En commission agriculture et développement rural, mon rapport pour introduire la consommation de lait, fruits et légumes au sein des écoles primaires a été adopté début mars 2016. Cette mesure est destinée à lutter contre l'obésité infantile ainsi qu'à favoriser les producteurs locaux, dont la défense fait partie de mes principaux combats. M Tarabella « oublie » (?) le troisième scénario analysé par l’USDA, celui qui analyse les effets de l’élimination des MNT (Mesures Non Tarifaires) sur la demande des consommateurs. Ne sont-ils pas, ces consommateurs, en définitive, les arbitres ultimes ?
Selon les experts de l’USDA, la suppression des MNT spécifiques pourrait amener les consommateurs à préférer les produits fabriqués localement par rapport aux produits importés. Ainsi, dans le troisième scénario, les gains à l’exportation seraient plus faibles pour les Etats-Unis et l’UE. Potentiellement, les effets sur la demande pourraient effacer tous les gains provenant de l’élimination des MNT spécifiques …
Bien dans la ligne des replis identitaires que auxquels on assiste sur notre continent …
Comment entendre tous ces discours relatifs à l’Écologie…Coop 21 etc…Que de blablas alors que nous envisagerions commercer avec le continent Nord des USA…N’y a-t-il pas assez de transaction avec le continent SUD…Quel gâchis mondial…Nous avons vendu notre travail à l’Asie (bradé) et maintenant nous gargarisons de vendre des produits de guerre… Ce monde du business est fou..Nous irons chercher des poulets aux USA comme si nous n’en produisions pas…Que nous allions chercher des denrées indispensables sur d’autres continents que nous n’avons pas chez nous, pourquoi pas mais aller chercher ce que nous savons produire voir en excédent, çà parait une aberration grotesque de bon sens…
Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !
uNE TRèS INTéRESSANTE QUESTION à ne pas laisser se dissoudre dans la nature . Bravo marc !