Plus économiques, plus respectueuses du sol, les Techniques Culturales Simplifiées ont pour point commun d’implanter des cultures sans labour.
Sous le terme de Techniques Culturales Simplifiées (TCS), sont regroupées un grand nombre de pratiques agricoles, dont le point commun est la suppression du labour.
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En l’absence de labour, le travail du sol avant semis n’est que superficiel, sur une couche de 5 à 10 cm. Il peut être plus ou moins intensif, sur toute la parcelle ou juste sur la raie de semis (strip-till), voire complètement absent en cas de semis direct. Le choix du non-labour peut se faire selon les cultures, avec un travail superficiel pour les cultures d’automne et un labour pour les cultures de printemps.
Les TCS sont un premier pas vers l’Agriculture de conservation des sols, dont les trois piliers sont le non-travail du sol, la couverture permanente et la diversification des rotations. L’Ademe estime qu’un tiers des parcelles françaises sont conduites en TCS.
De nombreux avantages
Les TCS sont pratiquées en France depuis les années 80. Les pionniers de cette nouvelle approche agronomique se sont inspirés de la conduite sans labour que pratiquaient des agriculteurs d’Amérique du Sud. Alarmés par la forte érosion de leurs sols, ils ont arrêté le labour, ce qui a permis de stabiliser la couche supérieure du sol et de regagner en fertilité. En Europe, cette nouvelle approche a trouvé un écho d’abord pour des raisons économiques. Quand le prix des céréales chute alors que celui des intrants flambe, il était logique de vouloir réduire ses charges d’exploitation. Le labour est une intervention culturale très consommatrice de temps et de carburant. Il pèse lourd dans le coût de production. Déchaumer coûte moins cher que labourer. L’usure des pièces est moins importante sur un déchaumeur, le débit de chantier plus élevé. L’Ademe estime qu’un itinéraire sans labour diminue de 20 à 40 % la consommation de carburant. Les TCS ont donc l’avantage d’être économiques.
Au fur à mesure des années et des préoccupations, d’autres atouts sont apparus : la préservation de la matière organique, réduction des fuites de nitrates vers les cours d’eau, une amélioration du stockage de carbone, une moindre émission de Gaz à Effet de Serre du fait d’une consommation réduite de carburant.
Intérêts économiques et agronomiques
L’arrêt du labour a de forts intérêts agronomiques, car il amène à repenser non seulement ses interventions culturales, mais aussi ses rotations, le choix de ses couverts… Le premier bénéfice est l’amélioration de la fertilité des sols, par le maintien de la matière organique dans les premiers centimètres du sol. En ne retournant plus les premiers horizons du sol, la matière organique se concentre dans les premiers centimètres du sol. Cette stabilité permet aussi un regain de vie dans le sol. Vers de terre et micro-organismes vont recoloniser le sol et participer à l’amélioration de sa structure. En TCS, le développement des racines n’est plus freiné par la semelle de labour, d’où une meilleure structure et un plus grand volume exploré. L’arrêt du labour combiné aux couverts en interculture diminue l’érosion et le lessivage hivernal. La réflexion sur l’arrêt du labour s’accompagne d’une remise à plat de ses pratiques, avec un allongement des rotations et une meilleure valorisation des couverts en interculture, pour faire d’une contrainte administrative un atout agronomique (couverts avec des légumineuses pour plus de retour azote, rupture des cycles de maladies et de ravageurs…).
Rester vigilant
Si les avantages sont nombreux, il est nécessaire de posséder une bonne maitrise technique pour maintenir les rendements, surtout en termes de désherbage.
Si les TCS ont d’indéniables atouts agronomiques, ce sont des techniques qui demandent beaucoup d’adaptations, selon les parcelles, les conditions de chaque année. Sans labour, la gestion des adventices peut vite devenir délicate. Pour ne pas se laisser déborder, vous devez combiner plusieurs approches, dont les désherbages mécaniques et phytosanitaires. La vigilance est aussi de mise face aux ravageurs. Par exemple, les limaces se plaisent bien dans ces conditions avec des débris de culture qui leur assurent le gîte et le couvert. Il faut actionner tous les leviers agronomiques pour contenir adventices et ravageurs, sous peine de perdre du rendement, ou voir ses charges opérationnelles augmenter.
Se passer de labour n’est pas généralisable à tous les types de sol (sol tassé, mal structuré), à toute parcelle (par exemple, en cas de fort salissement), à toute culture (la pomme de terre ne s’y prête pas du tout). Il faut généralement tabler sur 3 ans pour apprécier les bénéfices du non-labour, le temps que les vers et les racines cassent la semelle de labour.