La société semencière Florimond-Desprez, forte de sa croissance impressionnante de ces dernières années, s’engage activement dans la recherche transversale et collaborative. Elle emploie des moyens financiers et humains importants pour répondre aux enjeux d’avenir.
Créée en 1830 à Cappelle-en-Pévèle (Nord), l’entreprise familiale Florimond Desprez est à l’origine spécialisée dans la sélection généalogique de la betterave et l’analyse des sucres. Aujourd’hui elle est à la fois obtentrice de variétés mais aussi productrice de semences. Elle ne traite plus seulement la betterave mais aussi la chicorée, le blé tendre, l’orge, le colza, le lupin ou même la luzerne. En tout onze espèces sont travaillées sur plusieurs sites français dont le site originel de Capelle-en-Pévèle d’une superficie de 520 hectares dont huit sont dédiés aux installations.
Depuis 1980, Florimond Desprez a vu son chiffre d’affaire multiplié par trente pour atteindre 230 millions d’euros sur la campagne 2012/2013. Elle réalise 80 % de son chiffre d’affaires avec les semences de betteraves et ce pour un tiers sur le marché français. C’est dire comme son activité à l’international s’est développée ces dernières années, la hissant au 13e rang des entreprises semencières mondiales. Elle emploie 800 salariés, et dispose maintenant d’une dizaine de filiales à l’étranger, sur le bassin méditerranéen, mais aussi en Europe orientale et en Amérique du Sud.
« Aujourd’hui, nos semences sont commercialisées dans plus de 55 pays. L’entreprise a beaucoup évolué, beaucoup changé, c’est ce que symbolise notre nouveau logo, il exprime une vision plus affirmée de Florimond Desprez », explique François Desprez président de la société.
« Dorénavant notre mission est simple », ajoute François Desprez. Elle consiste à sans cesse créer de nouvelles variétés performantes en respectant des critères agronomiques, technologiques et environnementaux. L’entreprise entend s’appuyer sur les succès présents pour développer des activités nouvelles. Se maintenir au rang de leader mondial en betteraves, développer les céréales à paille en France et à l’international et saisir toutes les opportunités de diversification, voici les objectifs. Et cela passe par une internationalisation accrue, un nombre d’espèces travaillées croissant, des partenariats et bien sur un effort de recherche conséquent.
« La recherche est notre mission principale ». Cette phrase prononcée par Bruno Desprez, chargé de la recherche chez Florimond Desprez, résume bien le cap. Après avoir assis ses bénéfices et son bon fonctionnement en France et à l’international, la société s’engage encore plus activement dans la recherche. Pour cela elle emploie 17 % de son chiffre d’affaires en recherche et développement et 36 % de ses effectifs dans ce secteur. « Nous sommes largement au-dessus de nos concurrents, la moyenne se situant entre 10 et 13 % du chiffre d’affaires », explique Bruno Desprez. Un engagement facilité par le caractère familial de son actionnariat car seuls François et Bruno Desprez détiennent le capital.
Tout d’abord, il s’agit pour l’entreprise d’obtenir les meilleures variétés possibles en lien avec les impératifs commerciaux exprimés par les clients agriculteurs, leurs prescripteurs, leurs distributeurs, les industriels de la transformation et, de plus en plus, par le consommateur final. Mais la recherche de Florimond Desprez doit également mettre en œuvre toutes les innovations, qu’il s’agisse des outils les plus modernes (marquage moléculaire, séquençage, génotypage, phénotypage haut débit) ou des techniques les plus innovantes (génétique d’association, sélection génomique, bio-informatique…)
« Nous voulons aussi travailler d’autres facettes de nos marchés », ajoute Bruno Desprez. Cette approche « high-tech » doit s’intéresser à toutes les nouveautés en dehors même de la sélection végétale. Les domaines de la chimie, de l’électronique, de l’informatique et de la biologie sont concernés.
La recherche est également confrontée à une accélération de la création variétale. « On mettait jadis quinze à vingt ans pour inscrire une variété nouvelle, on ne met plus que dix à quinze ans aujourd’hui et on mettra cinq à huit ans demain pour répondre aux changements toujours plus rapides de la demande des marchés. Cette différence de phasage entre la recherche et les marchés rend impérative l’existence d’un dialogue intense entre les chercheurs et ceux qui sont chargés de développer les produits », peut-on lire dans la plaquette de la société.
Il est donc impératif que les chercheurs continuent à se former tout au long de leur vie professionnelle. D’où l’importance des relations entretenues par Florimond Desprez avec les universités (Lille 1, Lille 2, Agrocampus Ouest) et les écoles de l’Université Catholique de Lille (ISA, HEI, ISEN, ICAM…)
La recherche doit enfin tenir compte des aspects réglementaires, qu’il s’agisse de la réforme de la Pac et plus précisément pour Florimond Desprez de celle du régime sucrier, ou des réglementations de type Ecophyto avec pour objectif la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires.
La recherche privée est une chose, mais Florimond Desprez apporte une grande importance à la transparence et à la collaboration. « C’est absolument nécessaire », insiste Bruno Desprez. L’entreprise définit ce concept en quatre points : les relations avec les filières agricoles (ITB, Arvalis Institut du Végétal), le partenariat public-privé (INRA), les relations recherche-enseignement (Lille1) et l’intégration régionale (Pôle de compétitivité Nutrition Santé Longévité).
La société s’intègre également dans plusieurs programmes de recherches collaboratifs. Premier programme et sans doute le plus important, le programme AKER qui vise à améliorer la compétitivité de la betterave en France à l’horizon 2020 en doublant le rythme de croissance annuelle de son rendement en sucre/hectare (4 % contre 2 %), pour faire face à la concurrence de la canne à sucre. Il est porté par onze organismes, partenaires publics et opérateurs privés de la filière betterave sucrière française, dont Florimond Desprez qui en est l’opérateur et qui assure 58 % de son financement.
Le programme AKER qui s’étale sur la période 2012/2020 et dispose de 18,5 millions d’euros de budget consiste d’abord à élargir la variabilité génétique de la betterave en constituant une collection de gènes. Ensuite, AKER valorisera le matériel génétique obtenu en le croisant avec le matériel élite, de manière à produire de nouvelles variétés à haut potentiel, qui seront mises à disposition de la filière.
L’année 2013 s’est focalisée notamment sur le choix des quinze plantes de référence au sein d’une population de 3 000 ressources génétiques parmi les 10 000 disponibles au niveau mondial dans les banques de gènes. Les résultats obtenus confirment qu’avec quinze plantes, on couvre 100 % de la variabilité allélique disponible.
Deuxième programme, le projet Breedwheat qui tente de produire des matières premières agricoles pour l’alimentation des hommes et des animaux en quantité et en qualité suffisantes, de façon durable et respectueuse de l’environnement, tout en assurant la compétitivité des exploitations agricoles.
Breedwheat se propose de lever les blocages scientifiques et technologiques qui ont jusqu’à présent empêché le développement et l’utilisation d’outils performants pour la sélection et l’exploitation efficace des ressources génétiques. Breedwheat s’inscrit dans le Programme d’investissements d’avenir initié par l’Etat dans le cadre de l’Agence nationale de la Recherche. Il s’étale sur la période 2011/2020, avec un budget de 34 millions d’euros, et 26 partenaires, dont 14 laboratoires.
Enfin, l’Institut français des matériaux agro-sourcés (IFMAS) participe au développement d’une filière unique et innovante, partant de la transformation des matières premières agricoles locales (comme les céréales et la pomme de terre féculière), pour aller jusqu’à la production et la mise en oeuvre des matériaux plastiques végétaux et des revêtements et peintures biosourcés.
L’IFMAS rassemble onze partenaires, dont Florimond Desprez, dans un actionnariat public-privé et organise la démarche de ses équipes de recherche et développement autour de trois programmes. Pour Florimond Desprez, « l’IFMAS est une plate-forme, un lieu d’échanges qui permet d’aller au-delà des utilisations alimentaires traditionnelles des produits agricoles, vers de nouveaux débouchés et de nouveaux marchés. Cette nouvelle approche demandera du temps ; d’où l’importance de commencer les travaux suffisamment tôt. »
En conclusion, François Desprez résume les valeurs de la société en trois mots : humilité, générosité et persévérance.
En savoir plus : http://www.florimond-desprez.fr/ et http://www.polemaud.com/actualites-pole-competitivite/labellisation-ifmas-des-materiaux-innovants-issus-de-ressources-vegetales.html.
Le nouveau logo de Florimond Desprez se décline dans un style qui définit le territoire de la marque.
Bruno Desprez, à gauche, et son cousin, François Desprez, à droite.
Le laboratoires céréales et oléoprotagineux de Florimond Desprez sur le site de Cappelle-en-Pévèle.