subventions agriculture

Sans les subventions, plus de 60 pour 100 des agriculteurs auraient un revenu négatif

Une analyse approfondie des comptes de l’agriculture de la nation révèle l’extrême dépendance des agriculteurs aux aides versées, surtout lorsque la conjoncture des prix est mauvaise. Et dans ce cas, les aides agricoles payent les charges, sans assumer les revenus…

Chaque année, quelques jours avant noël, le ministère de l’Agriculture publie les prévisions de revenus agricoles par catégorie d’exploitation. Mais le 15 décembre dernier, il s’est contenté d’en donner les tendances, pour 2015, à l’échelle de la ferme France. En revanche, il a diffusé les chiffres définitifs pour l’année 2014, accompagnés d’une analyse de la répartition des aides européennes et françaises entre les exploitations agricoles.

De cette étude, il ressort que plus de 60 % des agriculteurs, toutes filières de productions confondues, auraient eu un revenu négatifl’an passé si ils n’avaient pas perçu d’aides publiques. Plus des trois quarts des céréaliers auraient été dans ce cas de figure mais aussi près de neuf éleveurs de bovins et d’ovins viande sur dix.

Sans soutiens agricoles, le revenu agricole par actif non salarié des céréaliers à paille aurait ainsi été de – 20 100 € par agriculteur en 2014, celui des producteurs d’ovins de – 14 300 € et celui des éleveurs de bovins viande de -19 400 €.

Seuls 39 % des producteurs de lait auraient été dans le rouge. Mais le niveau du prix du lait payé en 2014 leur avait permis de dégager un revenu positif même sans les aides. En 2015, il en sera tout autrement car les 1 000 litres ont été payés en moyenne 50 à 60 € de moins !

Cette dépendance des aides est une constance. Depuis 2010, l’ensemble des soutiens publics perçu par la ferme France représente entre 56 % et 77 % du revenu total.

Un système fondé sur les aides

« Les subventions permettent à près de la moitié des exploitants d’avoir un résultat positif et réduisent la dispersion du RCAI (Ndlr : résultat courant avant impôt) », analyse le service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture.

Pour rappel, ces subventions sont principalement constituées par des paiements uniques (64 % des subventions en moyenne sur la totalité de la population) ; c’est particulièrement vrai pour les exploitations de grandes cultures, pour lesquelles ils constituent plus de 80 % du montant d’aides versées. Viennent ensuite les aides pour le développement rural (ICHN indemnités compensatrices au handicap natural, PHAE prime herbagère agro environnementale, et autres MAE mesures agro environnementales)  avec 13 %, puis les aides couplées qui constituent la troisième composante avec 12 %.

Les aides couplées sont relativement plus importantes pour les éleveurs de bovins viande et d’ovins-caprins (respectivement 28 % et 20 % en moyenne par exploitation), ainsi que les aides au développement rural (30 % pour les éleveurs d’ovins-caprins et 22 % pour les éleveurs de bovins viande). 

Pour 2015, les prévisions de revenu de la ferme France sont surprenantes compte tenu de la conjoncture des prix. Il aurait crû de 2 milliards d’euros comparé à son niveau de l’année passée. Le chiffre d’affaires se serait maintenu cette année au niveau de 2014 (74,6 milliards d’euros) mais les aides auraient augmenté de 820 millions d’euros et, le montant des consommations intermédiaires a baissé d’un milliard d’euros. Résultat, la ferme France doit la hausse de son revenu à la baisse des charges et à l’augmentation des soutiens publics. Celui-ci est passé entre 2014 et 2015 de 12,8 milliards d’euros à 14,7 milliards d’euros, soit une progression de 16,2 % par actif non salarié. Les syndicats agricoles ont fortement réagi après avoir pris connaissance des comptes de l’agriculture de la nation. Dans leurs exploitations, les agriculteurs ne perçoivent aucune amélioration économique de leur situation.

Selon le dernier baromètre de conjoncture agricole de l’Ifop réalisé pour la Fnsea, 39 % des agriculteurs estiment que la situation économique de leur exploitation est mauvaise ou très mauvaise contre 22 % en mars 2014.

 

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1 Commentaire(s)

  1. N’étant pas encore installé (c’est pour bientôt) je me demande simplement si le commun des mortel paye autant de charges sociales et d’impôt que les agriculteurs (en fait je pense déjà connaitre la réponse) et dans ce cas ces chiffres ne sont-ils pas par nature forcément mauvais par rapport aux autres?

    Est-il normal que beaucoup d’agriculteurs se sentent obligés de plomber volontairement leur résultat avec du matériel neuf qui aurait pu attendre pour des raisons fiscales? Et sans cette aberration ces chiffres seraient-ils les mêmes?
    Chez nous, je pense que sans avoir changé un tracteur de 3000h (vous voyez le topo), on aurait été positifs d’environ 20 000 sans aides, après achat, négatif de 10 000 et pourtant cet achat fut certainement le meilleur choix! On marche sur la tête!

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