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S’ADAPTER POUR TRAVAILLER EN ZONES HUMIDES

Dans un secteur littoral copieusement arrosé avec une partie de marais, l’entreprise Blaizot a fait le choix d’investir dans un parc matériel comprenant de grosse capacités pour profiter efficacement des courtes fenêtres climatiques. Quitte à adopter des pneus larges et le télé-gonflage.

 
Pour se rendre auprès de l’entreprise Blaizot, il faut prendre la nationale 13 et sortir à Ste-Mère Eglise. De là, il faut laisser de côté les pancartes touristiques qui vous appellent pour visiter le musée Airborne et le célèbre clocher d’église où s’échoua le parachutiste allié John Stelle un célèbre jour de juin 44. Il faut au contraire s’éloigner du centre-ville d’une courte encablure pour passer de l’autre côté de la nationale, au sein de la petite zone artisanale et commerciale. C’est là qu’est née l’entreprise Blaizot dans les années 80. Au départ il n’y avait pas de supermarché ; c’était une ferme que l’entrepreneur avait rachetée pour y établir l’entreprise qui compte aujourd’hui 20 salariés dans les secteurs de l’agriculture (75 %) et du BTP (25 % environ). « Nous partions de zéro et dès le départ nous avons créé conjointement l’activité agricole et l’activité de BTP. Aujourd’hui notre situation en zone d’activité est assez particulière, mais finalement assez pratique. Nous ne sommes pas enclavés. Au contraire nous avons un accès direct sur la route nationale », constate Christian Blaizot le dirigeant de l’entreprise du même nom.
 
Ici, sur la bordure littorale de la côte Est de la Manche, ce sont plutôt les pluies qui donneraient du fil à retordre à l’agriculture en général et aux entrepreneurs en particuliers. Globalement les terrains portent assez bien dans le rayon d’action de l’entreprise qui est de 30 – 40 km autour du siège. Les zones difficiles de marais sont très peu mises en culture, mais en revanche les fenêtres météorologiques sont très courtes. Les pluies sont copieuses et régulières et les saisons de plus en plus courtes pour réaliser des travaux et il faut s’adapter. Christian Blaizot trouve une partie de la réponse à cette situation dans l’achat de matériel adapté et souvent de grande capacité pour être prêt à faire feu le plus tôt possible et valoriser au maximum les fenêtres climatiques disponibles. Il investit également dans des pneumatiques larges pour les tracteurs ou encore le télé gonflage pour une partie du parc d’ensileuses, afin de mieux respecter les sols en conditions humides. « Pour nous les réelles difficultés à travailler en zones humides concernent surtout les chantiers d’ensilages, insiste l’entrepreneur. Nous avons équipé la moitié de nos ensileuses du télégonflage. Dans le cas de conditions climatiques extrêmes, et grâce à notre activité de travaux publics, nous avons toujours la sécurité de pouvoir faire appel à la traction d’un Bulldozer avec ses chenilles de 1m de large pour sortir les productions d’ensilage. Cette solution n’est jamais souhaitable et uniquement utilisée en dernier recours. Nous n’avons heureusement à faire face à des conditions extrêmes de récolte pour les ensilages de maïs que tous les dix ans en moyenne. Nous avons une réflexion en cours pour adapter des chenilles sur certaines de nos ensileuses, mais il faudrait alors pouvoir répercuter le surcoût sur le tarif des prestations. D’après mes calculs, l’investissement dans une ensileuse à chenille serait rentable pour l’agriculteur notamment du point de vue de la préservation de son capital « sol » et du potentiel de rendement pour les années suivantes. Reste à savoir si nous pourrons faire passer ce message commercial sur le terrain ». L’entreprise a également étudié la question du jumelage des roues motrices. Cela reste une bonne solution pour travailler en zones humides, mais les difficultés sont liées à la réglementation pour les trajets sur route. « Pour être compétitifs dans les prestations, nous devons pouvoir rester dans des gabarits routiers « normaux » pour des engins agricoles. Autrement on passe sous le régime des convois exceptionnels », souligne Christian qui envisage aussi de généraliser le télégonflage sur les ensileuses et de l’équiper sur une partie des tracteurs.

 

Limités pour amortir le matériel

« Avec des saisons aux fenêtres météorologiques de plus en plus courtes, il est de plus en plus difficile d’amortir du matériel. Le prix des machines est toujours en hausse et nous n’avons pas de marge de manoeuvre pour augmenter le prix des prestations. Le secteur agricole est très concurrentiel et la différence se fait malheureusement souvent plus sur le prix que sur la qualité des prestations, déplore Christian Blaizot. À mon sens, le phénomène de location de matériel par les entrepreneurs accentue également la concurrence à bas coûts de même que les diversifications de certains agriculteurs dans les activités de travaux. Beaucoup trop de gens travaillent à perte ou avec des marges très faibles. De mon côté, ma ligne de conduite pour sécuriser une marge, c’est de continuer d’acheter le matériel et de l’amortir sur cinq ans. »

Pour écraser au maximum les frais fixes des matériels sur des saisons très courtes, l’entrepreneur a déjà eu des réflexions sur le travail nocturne ou la transhumance des outils. Mais selon lui, il reste nécessaire de continuer de respecter le rythme des journées, aussi bien d’un point de vue humain, réglementaire que matériel. Les machines aussi ont besoin de pauses. Quant-à la transhumance, la limite est également matérielle. « Sur un parcours de transhumance, nous sommes systématiquement les derniers et les machines nous reviennent alors qu’elles ne sont plus dans un état idéal. Or nous voulons pouvoir assurer le meilleur service que possible à nos clients ». Le sujet a déjà été bien étudié par l’entreprise qui avait même fait l’expérience de racheter une entreprise basée en Eure-et-Loir pour pouvoir profiter des décalages de saisons. L’entreprise en reste aujourd’hui à un fonctionnement plutôt classique et préfère jouer sur la fiabilité des machines, de l’organisation et du personnel pour tirer le meilleur. Ainsi l’ETA embauche très peu de saisonniers pour avoir toujours un maximum de chauffeurs expérimentés. « Je met également rarement des chauffeurs du BTP sur des chantiers agricoles. C’est un secteur où je préfère toujours que le salarié connaisse bien le client », souligne le chef d’entreprise.
 
 
En attendant les chantiers complets d’ensilage
 
Une piste qui serait porteuse pour mieux amortir le matériel dans ces secteurs humides, serait de travailler en chantiers complets pour la partie ensilage. « Alors on pourrait investir dans des bennes, faire de vraies équipes et sortir de la logique « une journée – un client » qui est loin d’être une solution optimale. Tout le monde serait gagnant. Mais nous sommes dans un secteur géographique où il se pratique encore beaucoup d’entraide entre agriculteurs. Je comprends que les chantiers d’ensilage sont des moments de solidarité importants pour les agriculteurs, mais la pratique de l’entraide va à l’encontre de la performance globale des chantiers que nous pourrions obtenir autrement ».

Autochargeuse de grosse capacité Pottinger.

Deux métiers différents à gérer

L’entreprise Blaizot accueille également une belle activité de BTP. « C’est un secteur moins concurrentiel que l’agricole, mais qui est soumis à des phénomènes de crises et de cycles économiques. Nous sortons d’ailleurs de quelques années particulièrement difficiles, souligne Christian Blaizot. Même s’il peut arriver de perdre des clients, l’avantage de l’activité agricole est que les travaux sont reconduits tous les ans, avec un roulement. Dans tous les cas les secteurs du BTP et des travaux agricoles sont très différents avec des mentalités également très différentes ».
 
ENTREPRISE BLAIZOT CHRISTIAN
>> 20 salariés
>> activité travaux agricoles : 75 %
>> activité des travaux publics : 25 %
PARC MATÉRIEL :
>> 6 ensileuses de 6 à 12 rangs, ensilage de maïs, d’herbe et de maïs-épi
>> 5 moissonneuses
>> 2 big ballers
>> 2 presses à balles carrées dont 1 avec broyeur sous-flêche
>> 5 semoirs à maïs dont 1 de 10 rangs (7m50) et 1 semoir sous plastique
>> 1 Cuve à lisier 25 m3 avec imprimante Samson de grosse capacité et pendillard 24m
>> 1 Autochargeuse de grosse capacité
>>Herses rotatives 3m, 6m, 8m
>> Autres préparation de sol, épandage de fumier…
>> 6,5 moissonneuses (1 en copropriété)

 
Texte et photo: Alexis Dufumier

 

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