On appelle produits organiques l’ensemble des fumiers, lisiers, composts, digestats apportés sur les parcelles mais aussi les couverts d’intercultures, pailles et autres résidus de cultures laissés sur les parcelles.
Chaque produit a des fonctions agronomiques différentes : fertiliser, apporter de l’humus, nourrir les micro-organismes du sol ou apporter de la matière organique facilement minéralisable. Malheureusement les produits organiques ne savent pas tout faire. Si un agriculteur a un objectif précis, il doit choisir le bon produit.
Pour faire ce choix, il y a trois éléments principaux à considérer : le C/N, la teneur en azote minéral et l’ISMO.
Le C/N, c’est-à-dire le taux de carbone divisé par le taux d’azote, est généralement compris entre 5 et 200. C’est un indicateur lié entre autres aux micro-organismes du sol qui dégradent le produit. Ces derniers ont besoin d’une nourriture avec 24 fois plus de carbone que d’azote, un C/N de 24.
Si le produit contient plus d’azote que de carbone, l’azote sera relargué par les micro-organismes et sera disponible pour les cultures : fonction fertilisante. Le carbone quant à lui, sera fixé à terme dans le sol : fonction amendante, c’est-à-dire d’amélioration de la structure du sol.
Si le produit contient plus de carbone, les micro-organismes devront puiser l’azote nécessaire dans le sol. Si le sol ne contient pas suffisamment d’azote, il va se créer le phénomène de « faim d’azote » : l’azote va être puisé par les micro-organismes et viendra à manquer pour la culture suivante. Et, même si le sol contient suffisamment d’azote, la dégradation d’un produit à fort C/N sera plus lente puisque le prélèvement de l’azote coûte de l’énergie et du temps.
Les produits déjà dégradés, tels que les composts et digestats, contiennent généralement de l’azote minéral issu de la dégradation par les micro-organismes. Il pourra fertiliser directement la culture suivante. Pour connaitre la quantité d’azote minéral contenue, il faut regarder sur l’analyse laboratoire de ces produits les valeurs d’azote ammoniacal, uréique et nitrique. Cela représente généralement entre 0.1 et 1.5 kg d’azote par tonne de produit.
Le dernier indicateur est l’Indice de Stabilité de la Matière Organique. Il s’exprime en pourcentage entre 0% et 100%. Un ISMO faible signifie que le produit est « frais », un ISMO élevé signifie que le produit est déjà bien dégradé.
On peut ainsi représenter les 3 indicateurs comme sur le graphique Figure 1. Plus le produit est « frais », avec donc un ISMO faible, plus il faut tenir compte du C/N. Plus le produit est dégradé, avec un ISMO élevé, plus il faut tenir compte de l’azote minéral. Plus il s’approche d’un ISMO moyen, plus il faut tenir compte des deux.
Considérant les processus présentés ci-dessus, il est alors possible de placer les grandes fonctions agronomiques des produits organiques sur ce graphique.
Ensuite, en fonction de la teneur en azote minéral, de l’ISMO et du C/N rencontrés habituellement, il est possible de placer les principaux produits organiques sur le graphique suivant.
La synthèse des 2 graphiques ci-dessus permet de définir les fonctions agronomiques majeures des principaux produits organiques.
L’épandage ou la restitution d’un produit ne fera pas de tort à un sol mais si un agriculteur a un objectif agronomique précis, il conviendra d’utiliser le produit le plus adéquat.
Aurélien MILLE