moutons angleterre

Production mondiale d’Ovins viande – L’Océanie contrainte de se redéployer

En 2025, le marché mondial de la viande ovine se contracte. Mais la demande décroit moins vite que sa production. Les cours flambent. La Nouvelle Zélande et l’Australie ont compensé la baisse de leurs exportations vers la Chine par des parts de marché gagnées en Amérique et en Europe.

Selon « Le Cyclope 2025, les marchés mondiaux », ouvrage de 800 pages coordonné par Philippe Chalmin, le monde produit 17 millions de tonnes (Mt) de viande ovine dont 5,1 Mt en Chine.

A l’export, environ un million de tonnes sont exportées dont 605 000 tonnes équivalent carcasse (téc) depuis l’Australie, 390 000 téc de Nouvelle Zélande et 80 000 téc du Royaume Uni. Dans le reste du monde, les expéditions portent sur quelques milliers de tonnes (27 000 téc pour l’UE vers pays tiers).

En Union européenne en 2025, les abattages d’ovins viande (454 000 tonnes équivalent carcasse -téc) diminueraient de 8 % par rapport à 2024 (1). Les Vingt-sept pays seraient globalement déficitaires de 80 000 téc. Ce déficit européen serait avant tout français (75 000 téc). Cette année, les abattages (61 000 téc) équivaudront à moins de la moitié de la consommation française de viande ovine (136 000 téc). La FCO continuera à faire des ravages dans les troupeaux.

En Espagne et en Irlande, la production de viande ovine chuterait respectivement de 15 % et de 7 % et atteindrait 84 000 téc et 49 000 téc. Mais les deux pays parviendraient à exporter 80 000 téc de viande comme l’an passé.
En Australie, les abattages estimés cette année à 880 000 téc, seraient inférieurs de 5 % à ceux de 2024. Le pays parviendra cependant à exporter 705 000 téc (+2 %). Mais l’envoi de centaines de milliers d’ovins vivants au Maroc dans les deux ans à venir pourrait restreindre la production de viande. En Nouvelle Zélande, les exportations (367 000 téc) fléchiraient de 7 %.

L’orchestre du marché mondial

La Chine est le premier pays producteur et importateur au monde de viande ovine (300 millions de petits ruminants, 5,18 millions de tonnes de viande- source Idele). Mais les effectifs ont diminué de 4,0 % sur un an et la production de viande s’est repliée de 2,5 %. L’Empire du milieu n’est plus le marché attractif d’antan. L’an passé ses importations ont diminué de 16 % par rapport à 2023 à 369 000 téc, selon l’Idele. En valeur, la baisse est bien plus importante (-33 %) car le marché ovin chinois s’est effondré.

Depuis deux ans, la Chine est confrontée à une surproduction. Localement, le prix de la viande a diminué de 9 % l’an passé à 9,32 €/kg environ après s’être déjà replié les deux années précédentes.

La conjoncture ovine chinoise a retenti sur l’ensemble de l’activité commerciale en Océanie où les cours de la viande ont fortement baissé avant de rebondir courant 2024.

La Nouvelle Zélande a davantage pâti de la baisse des importations chinoises que l’Australie. Ses ventes (181 000 téc) ont diminué de 21 % par rapport à 2023 alors que les livraisons australiennes ne se sont repliées que de 9 % à 208 000 téc, selon l’Idele. En valeur, la baisse a été plus importante puisque le prix moyen de la viande importée par la Chine est passé de 5,37 €/kg à près de 3 € en deux ans.

Le redéploiement néozélandais

La Nouvelle Zélande a été contrainte de trouver de nouveaux marchés à l’export pour compenser les quantités de viande vendues en moins à la Chine.

L’Union européenne (troisième importateur au monde de viande ovine  146 000 -149 000 téc) a accru ses importations néozélandaises de 10 % (64 700 téc), le Royaume uni de 43 % (45 750 téc) et les Etats-Unis de 28 % (36 700 téc). Toutes origines confondues, ces derniers sont même les seconds importateurs au monde de viande ovine (160 000 téc – source Cyclope 2025).

La Nouvelle Zélande était cependant concurrencée par l’Australie (24,9 millions de brebis) où la production de 928 000 téc (Idele), quinze fois supérieure à la France, a augmenté de 9 % l’an passé. Mais les éleveurs sont contraints d’abattre davantage d’animaux et de réduire leur cheptel faute de fourrages suffisants. Par ailleurs, la conversion des troupeaux de race mérinos par croissement avec des béliers de race à viande accroît leur productivité.

La filière ovine australienne se prépare aussi à la perte de ses marchés à l’export d’animaux vivants (seuls 458 000 têtes ont été ainsi vendues l’an passé ; -33 % sur un an et moins 90 % en 25 ans). Dans quatre ans leur commercialisation sera interdite. Mais l’Australie demeure le premier exportateur de moutons vivants, vers le Moyen-Orient.

Déclin britannique

L’an passé, la viande australienne produite en plus, et qui n’a pu être vendue en Chine, a été expédiée au Moyen Orient, en Amérique du Nord et en Asie du sud-est. L’accord de libre-échange avec le Royaume Uni a aussi favorisé les livraisons de viande (+44 % à 22 000 téc en 2024 après + 46 % en 2023).

En fait la production ovine au Royaume Uni (de 266 000 téc) est sur le déclin. Comparée à 2019, la production est inférieure de 40 000 téc. Le Royaume couvre à peine ses besoins, les importations océaniennes de viande (76 000 téc) compensant ses exportations (80 000 téc) vers l’UE notamment. Les Britanniques ont acheté plus de viande (+4 %) plus chère (+8 %).

Sur les 80 000 téc exportées, la France reste son principal débouché (43 000 téc) suivie par l’Allemagne et la Belgique.

(1) données issues de l’Institut de l’élevage sauf indications contraires.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Article Précédent