Les crises agricoles et les conséquences économiques ont fortement influencé les contenus des programmes des candidats à l’élection présidentielle. Chacun souhaite une meilleure répartition de la valeur ajoutée au sein de la filière alimentaire, mais avec des variantes…
Le leitmotiv des programmes agricoles des candidats à l’élection présidentielle : en découdre avec des prix faibles et la répartition déséquilibrée de la valeur ajoutée au sein de la chaine alimentaire. Les prétendants se montrent de plus en plus tentés à vouloir sortir du cadre contraignant imposé par l’Union européenne en matière de droit de la concurrence.
Dans les semaines qui suivant leur éventuelle élection, Emmanuel Macron, candidat d’En Marche, créerait un Grenelle de l’alimentation tandis que Benoit Hamon, l’autre candidat socialiste, opterait lui pour un Grenelle de l’agriculture et de l’alimentation, dans les deux cas à l’instar de celui sur l’environnement organisé par Nicolas Sarkozy. Ces grand-messes réuniraient les agriculteurs, les transformateurs, les distributeurs et les consommateurs.
Emmanuel Macron dit vouloir encourager « le développement de véritables organisations de producteurs, dotées des capacités de négociations renforcées pour peser dans les négociations commerciales avec les centrales d’achat de la grande distribution (…) afin de pouvoir bénéficier de prix qui leur permettent de vivre de leur travail », mais sans préciser comment ce qui est dans les tiroirs depuis des dizaines d’années pourrait désormais se concrétiser.
A ce jour, la loi de modernisation de l’économie de 2008 est « un piège pour les agriculteurs. Il faut revoir ses règles en impliquant l’ensemble de la chaine », défend Michel Dantin, député européen, référant agricole de François Fillon. Pour tenter d’en sortir, le candidat Les Républicains, propose « d’encadrer par la loi la négociation des contrats, pour que la négociation entre les producteurs et les industriels rééquilibre la relation entre les industriels et les distributeurs ». Il faudra aussi réglementer les produits d’appel en intégrant au prix coûtant les coûts liés au marketing et à la logistique.
Benoit Hamon veut une nouvelle politique contractuelle pour rétablir « un coefficient multiplicateur afin de rééquilibrer la répartition de la valeur ajoutée en faveur des agriculteurs ». Et il souhaite aussi fixer « un cadre législatif européen permettant de s’attaquer aux pratiques commerciales déloyales ».
Dans son programme, Nicolas Dupont-Aignan candidat Debout La République, suggère d’« instaurer et de maintenir, au sein du tunnel « maximum-minimum », des prix garantis pour les grandes productions agricoles ». Tandis que la Politique agricole française que Marine Le Pen, candidate du Front national, veut instaurer, « reposera sur un système de prix minimum et des volumes garantis négociés avec les syndicats. Les aides Pac seraient remplacées pendant deux ans par des aides nationales puis supprimées. »
Le développement des circuits courts fait l’unanimité pour promouvoir les filières bio mais pas seulement. Créer des filières de produits locaux, avec au plus un intermédiaire, est devenue une priorité pour les candidats à la présidentielle.
François Fillon veut ainsi « soutenir les circuits directs de vente du producteur au consommateur en mettant en place un crédit d’impôt et des prêts d’honneur « circuits directs » agricoles » sans intérêts ni garantie. Les produits vendus en circuit direct pourront aussi être vendus contre la remise de chèques déjeuners.
Niocolas Dupont-Aignan suggère lui la création d’un label de plus, « fait en France », pour « favoriser les agriculteurs français, notamment ceux qui se tournent vers l’agriculture biologique ». Et Emmanuel Macron entend « encourager les projets alimentaires territoriaux pour rapprocher les producteurs, les transformateurs, les distributeurs, les collectivités territoriales et atteindre 50 % de produits biologiques, écologiques ou locaux dans l’ensemble de la restauration collective en 2022 », là encore sans préciser comment. Enfin, Benoit Hamon souhaite que les marchés publics s’approvisionnent à hauteur de 30 % auprès des marchés locaux dans les cinq ans.
C’est en défendant le marché intérieur français que Marine Le Pen pense aussi trouver les moyens de mieux valoriser les produits agricoles français. « Afin de lutter contre la concurrence déloyale », elle souhaite « interdire l’importation des produits agricoles et alimentaires qui ne respectent pas les normes de production françaises en matière de sécurité sanitaire, de bien-être animal et d’environnement ». La candidate du Front national veut imposer la traçabilité totale de l’origine géographique et du lieu de transformation sur l’étiquette, « afin de garantir la transparence et l’information complète des consommateurs ».
Retrouvez l’ensemble de nos articles de synthèse sur les programmes agricoles pour l’élection présidentielle 2017 sur ce lien : https://wikiagri.fr/tags/programmes_2017
. Note. Cet article a passé en revue les principaux candidats ayant une part agricole au moins correcte dans leurs programmes, soit, par ordre alphabétique : Nicolas Dupont-Aignan, François Fillon, Benoit Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron.
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