Si l’automne dernier a mis les nerfs à rude épreuve quant à l’implantation et au désherbage des céréales, cela ne doit pas remettre en cause l’intérêt d’une intervention précoce pour maitriser les adventices. « Les interventions en sortie d’hiver ne sont plus toujours suffisamment efficaces selon les parcelles, rappelle Ludovic Bonin, spécialiste désherbage chez Arvalis. Il faut les voir comme un rattrapage, notamment face aux dicotylédones, à levée printanière ou encore les vivaces. »
Le faux semis est un des outils pour diminuer la pression en adventices. Pour qu’il soit efficace, mieux vaut attendre de l’humidité et ne pas se lancer avant la deuxième quinzaine de septembre. Des dates tardives de semis sont plus défavorables aux adventices. « Sans arriver aux dates de 2019 quand même, tempère encore Ludovic Bonin. Il ne faut pas non plus partir à l’excès inverse avec un semis trop précoce. » En cas de souci de désherbage, il est préférable de s’organiser pour semer les parcelles sales en dernier.
Pour éviter le salissement de ses parcelles, il est recommandé d’agir en prélevée ou post-levée précoce « au minimum pour les parcelles les plus sales, préconise Ludovic Bonin. Le désherbage en prélevée est le meilleur levier face au problème de ray grass et de vulpin. Cela donne une possibilité de rattrapage en post-levée. » Un désherbage précoce permet d’agir sur des adventices jeunes, avant qu’elles n’aient pénalisé la culture.
Si les traitements d’automne semblent maintenir leur efficacité face aux résistances, c’est plutôt le côté réglementaire qui les challenge. La gamme des solutions se ressert. On l’a vu avec toutes les restrictions faites à l’utilisation du prosulfocarb. Cette année, ça devra être le tour du chlortoluron, flufénacet et DFF de passer sous les fourches caudines de la réévaluation européenne.
La dernière campagne a vu le lancement de plusieurs innovations. « En association ou en programme, ces nouveaux produits confortent l’intérêt du désherbage d’automne », apprécie Ludovic Bonin. Attention, ils sont tous interdits sur sol drainé.
Glosset 600 SC de Belchim est un flufénacet en solo pour faire des associations bien calées sur la flore présente. Avec Sunfire, Certis a lancé un équivalent. Mateno, de Bayer, valorise une nouvelle matière active pour les céréales à paille, l’Aclonifène, efficace contre les graminées et dicotylédones. Xinia, aussi chez Bayer est particulièrement intéressant pour le blé dur. Merkur d’Adama présente une association intéressante pour son large spectre large. Quant à Pontos de BASF, à base de picolinafen et de flufenacet, il est très souple d’utilisation, de la pré levée jusqu’à 3 feuilles.
Sont attendues pour les années à venir! : Luximo de BASF, déjà lancée en Australie sous le nom d’Overwatch, et Isoflex active chez FMC, deux anti-graminées et anti-dicots dont l’efficacité semble intéressante. « Ce sont de nouvelles substances actives, qui élargissent la gamme des racinaires », apprécie Ludovic Bonin.
Actuellement en cours d’évaluation, Isoflex active est à base de bixlozone, une molécule efficace sur les graminées comme les dicotylédones. « Son spectre est très polyvalent, souligne Maxime Benichon, chef de produits herbicides chez FMC. En plus, son mode d’action, le HRAC F4, est inédit dans le désherbage des céréales. Aucune résistance à ce mode d’action n’a été détectée en Europe. » Utilisable en céréales, colza, maïs, pommes de terre et betterave, Isoflex active sera travaillé en association, en prélevée ou post-levée précoce. Déjà homologué sur céréales en Australie, son lancement est attendu en France pour la campagne 2023/2024.
C.J.