Selon la Commission européenne, la ferme Union européenne augmentera sa valeur de 14 % d’ici 2030 pour atteindre 440 milliards d’euros. Si 10 % de la surface seront convertis à l’agriculture biologique, l’agriculture européenne n’émettra pas moins de gaz à effet de serre qu’actuellement pour autant.

Selon le rapport prospectif de la Commission européenne (CE) intitulé For markets, income and environment 2020 – 2030 EU agricultural outlook, l’agriculture européenne serait plus productive qu’en 2020 mais à peine plus écologique. Toutefois, la CE n’a pas pris en compte, dans ces prévisions, la mise en oeuvre du Green Deal et son objectif de convertir 25 % de la SAU européenne au bio.
D’ici 2030, on dénombrerait 7,9 millions d’agriculteurs, soit 400 000 de moins qu’en 2020 (premier enseignement). Pour autant, le moteur de la croissance du revenu des agriculteurs européens ne sera plus la baisse de leurs effectifs tel qu’elle avait été observée au fil des 20 dernières années (le revenu agricole par actif augmentait alors mécaniquement car le nombre d’agriculteurs baissait). En effet, le recul des effectifs d’agriculteurs affecterait différemment les pays européens : – 4 % par an en Bulgarie et en Finlande ; – 2 % par an en Estonie et en Espagne ou encore en Suède et entre 0 % et – 1 % dans les autres pays.
Aussi l’augmentation des revenus de 0,5 % net d’inflation par actif estimée par la CE (+1,9 % durant la précédente décennie) masquera des disparités. Dans les pays où la population baissera le moins, le revenu agricole dépendra d’abord du chiffre d’affaires de la ferme Union européenne et de la valeur ajoutée produite.
D’ici 2030 encore, la valeur de la production agricole (440 Mds d’€) augmenterait de 14% par rapport à 2020 et les charges, 251 Mds d’€, de 16 %. Les prix de l’énergie et des intrants seraient les postes de charges qui croîtraient le plus fortement au cours des dix prochaines années. Mais d’ici 2030, la conversion agro-écologique de l’agriculture européenne (10 % de la surface convertie au bio) et les nouvelles habitudes de consommation des européens ne renonceraient pas les agriculteurs à produire plus.
L’autonomie en protéines végétales ne sera pas atteinte en 2030, selon la CE. En effet, l’essor de la production d’oléagineux et de protéagineux serait modéré au cours des 10 prochaines années (à peine + 2 Mt en dix ans). Seules 300 000 t de soja en plus seraient produites, si bien que l’UE resterait importatrice nette de 21 Mt de graines d’oléo-protéagineux auxquelles s’ajouteraient 17 Mt de tourteaux. La production de biocarburants déclinerait de 1 Mt car moins de huile de palme serait importée.
Toutefois, ces prévisions ne prennent pas en compte l’impact du plan de relance de la production de protéines végétales lancé notamment par la France.
En revanche, la diminution des émissions provenant de l’agriculture marquerait un coup d’arrêt d’ici 2030. Or ils avaient baissé de 21 % au cours des vingt dernières années.
Certes, moins de méthane sera émis mais plus de gaz carbonique sera produit. Par ailleurs, l’augmentation des rendements végétaux et animaux génèrera plus d’émissions de gaz à effet de serre (GES) par unité de production.
Sinon, dans l’Union européenne à Vingt-sept, 277 millions de tonnes (Mt) de céréales seraient produites d’ici 2030 dont 17 Mt exportables vers les pays tiers. La production de maïs serait privilégiée aux dépens du blé (120 Mt en 2030) et de l’orge (51 Mt) dont les productions ne seraient pas amenées à croitre. Pour autant l’UE resterait importatrice nette de 21 Mt de maïs. En revanche nettement moins de blé dur (7,1 Mt ; -1 Mt sur 10 ans) se serait récolté.
D’ici encore 2030, 400 000 tonnes de volailles en plus seront produites en dix ans, essentiellement consommées par les européens (12,4 Mt ; + 0,4Mt). Par ailleurs, 162 Mt de lait par an (+8 Mt en 10 ans) seraient collectées mais on ne dénombrerait plus que 19,2 millions de vaches, en recul de 1,2 million têtes sur dix ans. 10 % du lait produit sera bio (3,5 % en 2018).
Par ailleurs, 6,4 Mt de viande de bœuf (- 0,4 Mt) seraient aussi produites, la hausse des exportations compensant le recul de la consommation.
Enfin, la production de viande de mouton resterait stable (629 000t) par rapport à 2020 et davantage dédiée à la consommation intérieure (674 000t) car les échanges commerciaux reculeraient. Enfin, 22 Mt de porcs (- 1 Mt) seraient produites et 3,9 Mt seraient exportées.
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