Il vient d’être élu Mister Agri 2017 et devient à ce titre un porte-parole de la profession, au même titre que Miss Agri. Nelson Dance, maraicher à quelques kilomètres de Clermont-Ferrand, compte bien utiliser ce statut nouveau pour tenir un discours que l’on pourrait qualifier de revendicatif, lui qui refuse, par conviction, de se syndiquer…
De la rigolade au ton sérieux… Si, au départ, l’inscription parmi les postulants au titre de Mister Agri a plutôt tenu du fun (« je trouvais ça rigolo, pas vraiment sérieux, et puis je me suis pris au jeu…« ), à l’arrivée l’élection prend une tournure inattendue, une « ampleur que je n’avais pas imaginée« . Nelson Dance, 29 ans, a regardé s’ouvrir cette page avec curiosité et amusement, et puis il s’est rendu compte que « seuls l’élevage et les cultures étaient représentés, rien pour le maraichage« . Et le voilà postulant, avec une photo le montrant devant un champ légumier avec un panier garni multicolore dans les mains, du vert salades au rouge vif radis, en passant par l’orange carottes et le mauve des oeillets…
Nelson Dance est installé à une poignée de kilomètres de Clermont-Ferrand, sur l’entreprise familiale de ses parents, eux-mêmes présents depuis 30 ans. Sur 6 à 7 hectares, plein champ ou serres, 60 légumes différents (pas forcément en même temps, à chaque saison les siens) sont tout juste concurrencés par des melons, des pommes et donc des oeillets.
Ce qui intéresse Nelson Dance au premier chef ? La commercialisation. « Je suis un ardent défenseur de la vente directe, attaque-t-il d’emblée. Nous vendons aussi bien à des restaurants, des collectivités ou des grandes surfaces, mais nous-mêmes, sans intermédiaires. Je pense d’ailleurs que c’est un gros problème pour beaucoup d’agriculteurs, de passer par des intermédiaires. Moi, quand je vends une salade pour une grande surface (Ndlr : il cite le nom, Casino), c’est 60 centimes, et eux la revendent entre 80 et 90 centimes. Ça leur fait plus de 25 % de marge, c’est bien pour eux, en même temps sans être trop cher pour le consommateur, et moi je suis payé normalement. Si vous ajoutez des intermédiaires, ce n’est plus la même chose… » Et si l’exploitation de Nelson Dance ne souffre finalement que peu de la crise agricole, c’est aussi en partie pour cela : l’absence d’intermédiaires dans la commercialisation.
Ce qui n’empêche pas notre nouveau porte-parole de la profession issu des réseaux sociaux d’avoir une opinion sur la crise agricole : « Les systèmes sont très différents, avec les céréaliers ou les éleveurs. Nous, nous n’avons aucune aide européenne. Nous vendons pour la proximité, nous répondons à une demande, devenue de plus en plus forte, tant dans ce souci de proximité, que pour les légumes vis-à-vis de la viande. Nous ne sommes pas incités à des investissements comme les céréaliers, et nous savons où vont nos produits.«
Au passage, signalons que l’exploitation familiale, sans avoir de salarié à plein temps, peut employer jusqu’à 8 saisonniers en même temps pour certaines récoltes. Avec des ventes qui rayonnent ainsi sur 25 kilomètres autour de l’exploitation, « pas plus« .
« Dans la répartition des tâches, précise-t-il, mon père est très présent sur l’exploitation, ma mère sur les marchés, moi dans les discussions avec les restaurateurs ou autres grandes surfaces… » Ne le prenez pas pour autant pour un commercial, Nelson Dance revendique son statut d’agriculteur, avec des idées très précises sur les cultures. « Le bio ? C’est du marketing ! Est-ce que les consommateurs savent que des produits bio présentés sur des étals venus d’Espagne ne répondent pas aux mêmes normes que les nôtres et ne seraient pas bio chez nous ? Nous, nous ne sommes pas bio, nous n’entrons pas dans ce jeu. Mais ça ne nous empêche pas d’être consciencieux dans ce que l’on fait pour répondre à la demande de la société : on se fournit en fumier chez un voisin de manière à n’utiliser les phytos que le moins possible. Nous évitons aussi le préventif (Ndlr : comprenez les traitements préventifs), tout simplement parce que nous réagissons immédiatement à la moindre alerte, mon père est tout le temps dans les champs ou les serres, et ma mère et moi aussi, dès que nos autres tâches nous le permettent.«
Nelson Dance a donc des idées à défendre. Et quelque part, cette élection de Mister Agri tombe à pic pour cela. Car il refuse de se syndiquer… par conviction ! « J’ai déjà assez à m’occuper… » lance-t-il presque insidieusement vis-à-vis des antennes censées pourtant représenter la profession.
« S’occuper », c’est aussi lancer de nouveaux produits, comme ces jus de fruits et légumes, qui marient pommes et ses productions légumières. Aujourd’hui, pas de magasin dans l’exploitation, tout est vendu autrement, mais le projet existe d’ouvrir dans Clermont-Ferrand, en plein centre ville, sa propre échoppe. « Oui, la mienne… » La sienne, car toujours pas d’intermédiaires !
Au niveau des hobbies, à force de rencontrer des restaurateurs pour les fournir, Nelson Dance s’est pris de passion pour les grands restaurants. « J’adore m’asseoir à leurs tables et déguster ce que deviennent mes propres légumes après leurs préparations… » Il va même jusqu’à participer régulièrement à l’émission « les cordons bleus » de France Bleu pays d’Auvergne. Ou comment, déjà, il s’investit pour mettre en valeur aux yeux du grand public des productions saines et gustatives !
En savoir plus : https://www.francebleu.fr/emissions/cuisine/les-cordons-bleus-1441705941 (exemple d’une émission de France Bleu pays d’Auvergne à laquelle participe Nelson Dance) ; https://www.facebook.com/Miss.Mister.Agricole.2017 (page Facebook de l’élection de Mister et Miss Agri 2017) ; https://wikiagri.fr/articles/et-miss-france-agricole-2017-sappelle-caroline-!/11742 (article de WikiAgri sur cette élection).
Ci-dessous, la photo qui a valu à Nelson Dance de devenir Mister Agri 2017.