La start-up monbeauterroir.com facilite l’accueil à la ferme. Géolocalisation des fermes, réservations en ligne, sécurisation des paiements, charte de qualité… Autant d’atouts pour vivre sereinement de belles rencontres autour des produits du terroir.
L’accueil à la ferme évoque souvent une image d’Epinal, sur fond d’échanges passionnés, de diversification économique appréciable, d’implication des agriculteurs dans l’activité touristique du territoire… Mais en réalité, il engendre souvent des déceptions : les visiteurs qui annulent au dernier moment, qui débarquent sans prévenir en pleine saison, qui repartent sans rien acheter… Autant d’énergie et de temps perdus qui découragent certains producteurs.
Depuis l’été dernier, le site Monbeauterroir.com fluidifie l’organisation de l’accueil à la ferme avec un système de réservation en ligne. « Nous rédigeons le profil des fermes accueillantes, nous déterminons les créneaux de disponibilité et nous assurons un relai sur les réseaux sociaux. Les visiteurs n’ont plus qu’à réserver et payer en ligne pour obtenir l’adresse de la ferme. Systématiquement, les producteurs confirment par texto. Ainsi, ils ne subissent jamais la visite. Pour leur simplifier encore la tâche, nous gérons la facturation », détaille Antoine Laudet, à l’origine du projet.
Ingénieur agronome spécialisé dans le marketing, il a voyagé en Nouvelle-Zélande (il organisait des sorties en bateau touristiques) et en Guyane (en charge d’une brigade de cuisine sur un bateau de la marine nationale), avant de s’investir dans un cabinet de développement durable parisien. De 2013 à 2016, il a été commercial pendant trois ans pour le domaine viticole de Jean-Marc Brocard à Chablis : « J’organisais aussi les visites de vignoble. L’idée du site monbeauterroir.com m’est venue assez naturellement. Avec mes amis, nous aimons visiter des fermes. C’est souvent moi qui réserve, et c’est parfois difficile. Quand je réussis à trouver des coordonnées, il faut toujours appeler et déranger les producteurs. Souvent, on ne sait pas vraiment si la visite est payante, et combien de temps elle va durer. L’accueil était très hétérogène. Ce n’est quand même pas normal de pouvoir réserver un logement au bout du monde en trois clics, et d’avoir tant de difficultés pour visiter une ferme à dix minutes de chez soi ! La France est la première destination touristique mondiale, et dispose d’un terroir de premier plan. Mais le tourisme agricole n’a pas décollé alors que les agriculteurs cherchent des compléments de revenus et que les consommateurs cherchent non seulement des produits de qualité, mais aussi une expérience : ils veulent savoir par qui et comment ils ont été produits », souligne-t-il.
Pour concevoir l’outil le plus adapté, il a rencontré des agriculteurs dans trois régions (Normandie, Bourgogne et Rhône-Alpes). « Tous avaient arrêté l’accueil à la ferme et je leur ai demandé pourquoi. Souvent, ils me disaient que c’était trop chronophage, qu’ils avaient du mal à concevoir une véritable offre de visite, qu’il était compliqué de fixer des horaires et un prix… Je suis parti de leurs besoins. D’ailleurs, certains de nos associés sont agriculteurs. Le projet a été conçu par des producteurs et pour des producteurs », certifie Antoine Laudet.
Une charte de bonnes pratiques a été rédigée : pour rentrer dans le réseau, il faut bien sûr être inscrit à la MSA. Les produits transformés doivent être issus des matières premières de la ferme. Sans se restreindre au bio, le site privilégie les fermes qui respectent le bien-être animal et l’environnement.
Actuellement, une quarantaine de producteurs sont inscrits, majoritairement installés en Rhône-Alpes et dans la région nantaise. Le site vise une présence nationale d’ici 2020, au travers d’offres BtoC et même BtoB : plusieurs entreprises ont en effet contacté la start-up pour organiser leurs évènements « corporate » dans les fermes.
Les exploitations sont scrupuleusement sélectionnées par la start-up : l’équipe rencontre deux fois les producteurs et valide avec eux le programme des visites, ainsi que le profil de la page et le planning des disponibilités. Les visites doivent durer entre une heure et une heure et demie, avec dégustation obligatoire. « En contrepartie, c’est normal que les visiteurs paient cette prestation de qualité. Le producteur prend du temps pour les visiteurs, et on sait combien il est difficile pour les agriculteurs de valoriser leur temps de travail », constate Antoine Laudet.
Les activités plutôt originales peuvent faire l’objet de bons cadeaux. Par exemple, à la ferme de la Vie Plaine à Pinson (Isère), les visiteurs vont chercher les chèvres en estive, et les ramènent à la ferme avec les chiens. Au Moutaret en Isère, la productrice Valentine Hary (diplômée de l’école lyonnaise d’herboristerie) présente les vertus des plantes aromatiques et médicinales. On peut encore cueillir du safran à Lumbin en Isère, visiter un élevage de cerfs à Cluny, fabriquer du pain dans un vignoble beaujolais…
Monbeauterroir a aussi passé des accords avec des offices de tourisme : ils renvoient les touristes sur le site, et certains vendront bientôt directement les visites.
Grâce à son innovation, monbeauterroir.com a intégré le Welcome City Lab, incubateur national dédié à l’innovation touristique.
Pour les producteurs, le complément de revenu peut être significatif. Les fermes du réseau accueillent facilement 200 personnes par an, avec un prix de visite d’environ 12 euros de l’heure. La commission du site est payée par le visiteur, et il n’y a aucun frais d’abonnement. « Sur les derniers mois de l’année 2017, une ferme a reçu 70 personnes ! Les agriculteurs sont assez moteurs, et nous recevons beaucoup de demandes d’inscription », observe Antoine Laudet.
Antoine Laudet livre la recette d’une visite réussie : le producteur doit parler de lui (son parcours, sa vocation…) avant de présenter sa ferme, expliquer le contexte agricole local, calquer le sens de la visite sur le cycle de production, décrire sa journée « type » et dresser le portrait de la filière. « Les visiteurs sont souvent très déconnectés de la réalité du métier. Ils veulent aller partout dans la ferme. Il ne faut pas hésiter à tout leur montrer, même les endroits pas très propres », suggère-t-il.
En savoir plus : https://www.monbeauterroir.com (site internet de Monbeauterroir.com) ; https://www.facebook.com/monbeauterroir (page Facebook) ; @monbeauterroir (compte Twitter).
Les photos ci-dessous ont été fournies par MonBeauTerroir : visite (retour d’estive) , dégustation de fromages en montagne, et de vins au domaine Masson-Chapareillan.