Ses procédés de séchage étant décarbonés à 92,9%, la filière luzerne déshydratée va pouvoir accélérer la mise en œuvre de son plan stratégique grâce au renfort de fonds opérationnels dont elle peut désormais bénéficier. Au profit de l’attractivité de la culture et de ses produits.
En avance sur sa feuille de route décarbonation
L’étape de déshydratation d’une tonne de luzerne n’engendre plus aujourd’hui que 52 kg de CO2 d’origine fossile à rapprocher des 739 kg de CO2 émis en 2005, année de référence. Une performance que la filière a atteint avec 2 années d’avance par rapport aux prévisions de son plan stratégique « luzerne 2026 » élaboré en 2020. Les fonds de France Relance alloués au secteur avec l’appui de l’Ademe ayant permis d’accélérer la transformation des usines et de massifier l’emploi de biomasse. Prochaine étape : réduire les émissions de l’amont agricole (180kg/t) en valorisant le stockage de carbone induit par la culture.
Des surfaces en légère baisse, une compétitivité toujours assurée
Les surfaces récoltées en 2023 accusent une légère baisse de 4,3%. Un repli dû aux mauvaises conditions d’implantation de 2022 mais aussi à un différentiel de compétitivité plus favorable aux céréales à cette époque en raison de la crise Ukrainienne. Les rendements sont quant à eux en augmentation (+ 12,4 tMS /ha) pour une production en hausse à 830 000 t. En raison de la bonne tenue des prix payés aux producteurs et d’une baisse des cours des céréales, la luzerne a bénéficié à nouveau d’une bonne attractivité pour les planteurs.
Les fonds opérationnels désormais accessibles.
Les fonds opérationnels (FO) relevant de la PAC sont une aide communautaire à la modernisation et l’adaptation des filières agricoles aux besoins des marchés. La condition d’éligibilité principale résidant dans le statut d’organisation de producteurs, la plupart des coopératives de luzerne ont ainsi adopté ce statut en 2023 afin de pouvoir bénéficier de cette aide; aujourd’hui 85% des volumes sont produits par des OP. Les programmes opérationnels vont permettre aux organisations de producteurs nouvellement reconnues d’accélérer leurs démarches de progrès telles que l’adaptation au changement climatique, l’ajustement de l’offre à la demande, la promotion et la communication, la mise en place de systèmes de traçabilité et de certification. Le dispositif des PO ne se substitue pas aux aides couplées (dont bénéficie la luzerne déshydratée). Ils sont un soutien complémentaire pour garantir la compétitivité de la culture dans les assolements et contribuer à améliorer notre souveraineté protéique.
Pour Eric Masset, Président de La Coopération Agricole – Luzerne de France : « Nous sommes fiers du travail accompli par la filière luzerne déshydratée. Les aléas climatiques et de marché ne nous ont jamais déviés de notre feuille de route de modernisation de nos outils et d’adaptation de nos produits aux nouvelles demandes des marchés, tout cela au bénéfice de nos associés coopérateurs ».
En 2023 la volatilité est restée de mise sur les marchés.
L’année 2023 a été marquée par une forte volatilité pour les matières premières agricoles et la luzerne a su tirer son épingle du jeu, corrigeant ainsi un déficit de compétitivité observé sur l’exercice précédent face notamment aux céréales à paille.
Ceci avait d’ailleurs entraîné une érosion très nette des surfaces emblavées. Au final, la météo estivale clémente de 2023 aura permis une bonne pousse de l’herbe en France et un rattrapage substantiel des productions végétales en Espagne malgré le sec au printemps.
Dès lors, à l’image des autres matières premières agricoles, les bilans fourragers européens se sont étoffés et les prix ont amorcé une correction baissière bien installée depuis l’automne.
« Les luzernes doivent retrouver de l’attractivité en formulation afin de bien terminer la campagne 2023 et surtout d’amorcer favorablement l’exercice 2024/25 qui sera le premier pour la nouvelle organisation de producteurs (OP) portée par l’union de coopératives France Luzerne. » explique Pierre Bégoc.
Ainsi, concrètement, via un programme opérationnel (PO) dédié, nous pourrons accéder à des subventions liées au développement de la biodiversité, à la gestion des plaines, aux investissements industriels ou encore à la mise en avant de nos produits via des actions marketing…
Pierre BEGOC. Directeur Desialis
La filière Luzerne déshydratée en 4 chiffres