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Lin fibre, des conditions climatiques difficiles

Les conditions climatiques actuelles (froid et sec) sont contraignantes pour la culture du lin. Dans certaines zones, des dégâts de gels sont à envisager avec les températures avoisinant les -5°C sur les linières au stade zinc.

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Les linières sont majoritairement au stade zinc – premières feuilles visibles en région Normandie . On constate une bonne implantation avec un très bon développement racinaire (colonisation sur 10 cm de profondeur). Les parcelles sont plus hétérogènes en Haut-de-France. Les levées sont dans certains cas difficiles avec des taux de levées inférieures à 50% dans les secteurs les plus secs.

Actuellement, les conditions climatiques sèches et venteuses assèchent très rapidement le sol. Evidemment, les sols séchants (superficiels et argileux) sont bien plus pénalisés (dessèchement en profondeur) que les sols profonds avec un dessèchement plus superficiel. La principale conséquence de ces conditions météorologiques est la présence de double levée dans de nombreuses linières avec des graines toujours intactes dans la ligne de semis.


Carte 1 : Cumul de précipitations en mm du 15 mars au 10 avril 2017

Dégâts de gel : reconnaître les symptômes

La vague de froid annoncée est arrivée avec des températures pouvant atteindre les -5°C le matin selon les secteurs. Ces gelées printanières ne sont pas favorables au lin fibre avec un risque de gel concernant essentiellement les derniers semis (linière entre le stade levée et stade zinc – cotylédons déployés – premières feuilles apparentes). Les premiers symptômes seront visibles dans 4 – 5 jours avec une coloration jaunâtre des cotylédons et/ou de l’hypocotyle. Il convient d’estimer le pourcentage de perte et d’estimer la densité de plantes/m² intacte avant de prendre une décision. Un retournement de la parcelle où un ressemis est envisageable uniquement si les linières sont en dessous 800-1200 plantes/m² et hétérogènes avec les graines déjà germées dans les zones non levées.



Photos 1 et 2 : Symptômes de gel sur cotylédons et hypocotyle (F.BERT – ARVALIS Institut du végétal)

Des linières dans le sec…

Associé aux températures froides, le stress hydrique est installé dans le bassin linier. Le manque d’eau vient perturber fortement la levée des parcelles avec des doubles levées dans de très nombreux secteurs. On note aujourd’hui des zones où les lins sont au stade 2 premières feuilles ouvertes et on retrouve encore des graines intactes dans la ligne de semis. Ces graines germeront dès que les premières pluies seront présentes avec pour conséquence la gestion des doubles levées dans les linières et une diminution du rendement de la linière au vu de la période avancée pour une nouvelle germination.

Dans les sols profonds et peu séchants, la zone sèche au niveau du sol est encore superficielle car elle touche uniquement les 3 – 5 premiers cm et on retrouve encore de la fraîcheur en profondeur permettant au lin de s’enraciner. Cependant, on constate tout de même une levée non homogène dans de nombreuses linières ou l’on retrouve des graines non germées dans le sec.

Photo 3 : Lin au stade zinc – assèchement de surface sur les 3 premiers cm
(D.Cast – Arvalis – Institut du végétal)

Photo 4 : Lin au stade deux premières feuilles ouvertes – enracinement sur plus de 10 cm
(D.Cast – Arvalis – Institut du végétal)

Photo 5 : Levées hétérogènes – parcelles Hauts-de-France
(B.Normand – Arvalis – Institut du végétal)


Cependant, dans les secteurs plus argileux, on retrouve une zone sèche jusqu’à 15 cm de profondeur, les premières fentes de retrait sont actuellement visibles dans les champs. Afin de pallier au manque d’eau, la solution de l’irrigation est envisageable. Il est conseillé de réaliser un tour d’eau d’environ 15 mm en essayant de faire le minimum d’impact au sol.

Rouler les linières ?

Le roulage est une solution pour conserver de la fraîcheur dans le sol après le semis ou vers le stade 2 cm (avec un rouleau lisse). Il est conseillé de rouler les sols sur les terres filtrantes, argileuses ou caillouteuses ; le roulage est déconseillé sur les terres battantes. Il doit être envisagé en fonction de chaque parcelle, du stade du lin et des conditions météorologiques à venir.

Apport de zinc : attendre le retour des températures douces

Le stade zinc est actuellement atteint pour les linières qui ont été semées début avril. Il convient d’attendre le retour des températures positives avant d’intervenir. Les températures négatives, associées aux morsures d’altises et à l’apport de zinc peuvent entraîner des grillures et des pertes de pieds. Pour rappel, l’apport de zinc en foliaire et en supplément du traitement de semences n’est pas obligatoire dans toutes les parcelles. Les parcelles à risques sont les suivantes :

– terres superficielles argilo calcaires ou sols sableux
– pH supérieur à 7,5
– apport de chaux
– apport de résidus d’origine agro-industrielle

Désherbage chimique : attendre le retour des conditions favorables

Les conditions climatiques sèches n’ont pas permis une très bonne efficacité des herbicides de prélevée.

La rémanence de la sulctrione ou de la mésotrione dans le sol n’excède pas 1 mois. Au-delà et même dans les conditions actuelles, l’efficacité ne dépasse pas 40 à 60 %.

On retrouve aujourd’hui une flore d’adventices variée et à un stade avancé avec comme principal problème des renouées, colza et graminées à 2 feuilles. Les désherbages en postlevée doivent être réalisés dès le retour des conditions poussantes du lin soit après le retour des températures douces et d’un passage pluvieux sur le bassin linier. Les parcelles ayant été roulées sont susceptibles de réagir plus fortement aux herbicides racinaires.

Désherbage mécanique : un créneau favorable

Les conditions séchantes actuelles sont favorables à son utilisation sur les linières bien enracinées. Le passage d’outil de type herse étrille / herse rotative peut être réalisé entre le stade 2 et 5 cm. L’utilisation des trois outils suppose des réglages adaptés à chaque situation et une absence de pluie dans les 48 heures, pour permettre aux adventices coupées ou déchaussées de sécher et limiter ainsi leur repiquage.


Figure 1 : Trois outils pour le désherbage mécanique

 


Tableau 1 : Efficacité des outils en fonction des adventices et de leur développement

 

 

Delphine Cast, Benjamin Pointereau (Arvalis – Institut du végétal)

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