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Les dégâts sur lins s’expriment par des encoches sur les cotylédons voire sur l’apex des plantes, la nuisibilité diminue à partir du stade 2 cm. Dès que la température dépasse 15°C, les altises s’activent et se reproduisent (une seule génération par an). L’observation à la parcelle doit être fréquente (tous les 3 jours minimum). Pour détecter le début d’activité, il faut enterrer une cuvette jaune au semis. Pour décider d’une intervention, il faut poser une feuille A4 au sol (préférence couleur verte) et compter les altises.
Bilan climatique
Les altises du lin s’activent dès que la température dépasse 15°C, l’analyse des températures sur le mois de mars indique des températures inférieures à la médiane. Actuellement, l’activité est quasi nulle avec les températures fraîches. Toutefois, les altises sont souvent présentes dès l’émergence du lin.
Figure 1 : offre climatique du 1er janvier 2016 au 1er avril 2016 – Station de Caen (Calvados)
Les pluies du week-end de Pâques (20 à 40 mm) ont été bénéfiques pour les apports d’engrais et les désherbages de prélevée.
Figure 2 : cumul des précipitations du 24 mars 2016 au 29 mars 2016
Toutefois, la levée peut-être perturbée par ces pluies qui ont pu être localement fortes et provoquer des phénomènes de battance dans certaines parcelles. Dans ce cas, les lins peuvent peiner à sortir d’autant plus si les semis ont été profonds (profondeur de semis idéale : 1 à 2 cm). Les altises adorent les sols motteux mais leur présence sur des sols battus avec des lins à levée échelonnée est à risque. Les altises sont à surveiller dès le fendillement du sol jusqu’au stade 5 cm du lin. Les risques seront à apprécier en fonction des prévisions météo.
Pour en savoir plus sur les altises du lin consultez la fiche accident sur les altises.
Comment observer les altises ?
Avec le soutien de FranceAgriMer, nous évaluons les moyens de lutte contre les altises et nous essayons d’identifier un seuil de nuisibilité en nous appuyant sur des techniques simples permettant de décider des interventions au champ. En 2016, nous proposons de suivre l’évolution des populations d’altises selon 2 méthodes.
Détecter leur présence avec la cuvette jaune
La cuvette jaune est identique à celle utilisée sur colza. Elle permet d’identifier les premiers vols d’altises. Il suffit de l’enterrer au moment du semis et de la relever tous les deux jours. Les populations d’altises piégées peuvent fortement varier (de 2 à plus de 300). Si les piégeages évoluent rapidement (de 10-30 altises à une centaine), il convient alors de passer à une surveillance parcellaire car les vols sont bien présents.
Protocole de dénombrement par la cuvette jaune (mode vigilance) :
1. Enterrer la cuvette, le bord dépassant de 1 cm du sol à 10-15 m du bord,
2. Remplir la cuvette de 0,5 litre de liquide savonneux,
3. Relever régulièrement tous les 2 jours.
Piégeage très sélectif ! Il ne reste qu’à compter les altises… La fréquence de capture a parfois atteint plus de 800 insectes/jour.
Décider d’une intervention avec une feuille A4 verte
Cette méthode a pour objectif de dénombrer rapidement le nombre d’insectes pour objectiver la présence des altises dans la parcelle. Elle consiste à poser une feuille de papier A4 au sol (verte de préférence pour éviter que les altises ne ressautent immédiatement), à en faire le tour à 30 cm des bords et à compter rapidement les insectes ayant sauté sur le support. Il convient de réaliser cette mesure si possible en début d’après-midi. Il est conseillé de faire 4 à 6 mesures par parcelle en commençant par le bord. On réalise ensuite la moyenne du nombre d’altises comptabilisées lors de chaque mesure et on peut ainsi adapter la conduite à tenir en fonction de l’état de la parcelle et de la vigueur du lin.
Protocole de dénombrement par la méthode A4 (mode alerte et intervention) :
1. Poser une feuille A4 à terre,
2. La couleur verte car elle évite que les altises ne ressautent immédiatement,
3. Agiter les pieds de chaque côté en s’écartant d’environ 30 cm,
4. Observer le comportement des altises qui sautent sur la feuille,
5. Les compter rapidement,
Répéter la mesure 4 fois au minimum à proximité du spot de mesure.
Le dispositif est ici fixé sur un support PVC muni d’un manche. La feuille cartonnée verte (intercalaire) est retenue par 2 élastiques.)
Raisonner la stratégie de lutte
En 2015, la méthode A4 pour dénombrer les altises a été employée dans chaque parcelle d’essais insecticides et dans de nombreuses parcelles observées dans le cadre du réseau d’épidémio-surveillance des cultures pour la réalisation du BSV. Ce sont ainsi plus de 2400 mesures qui ont été collectées auxquelles s’ajoutent les paramètres qui accompagnent les mesures (températures, vent, positionnement dans les parcelles, etc…). En corrélant la présence des insectes sur la feuille A4 avec les dégâts causés sur les lins, des ordres de grandeur ont été fixés pour l’année 2016. Entre 0 et 3 altises dénombrées sur la feuille A4, il n’y a pas de risque. Il faut rester vigilant et réévaluer le risque dans 2 jours.
Il convient bien entendu de ré évaluer le risque 2 jours après le premier comptage ou 6 jours après le premier traitement. La période de vigilance vis-à-vis de l’altise du lin se situe entre le semis et le stade 2 cm du lin, il est inutile d’intervenir après cette période de nuisibilité.
Quelques règles à respecter pour optimiser l’efficacité des traitements insecticides
Les conditions d’application des produits insecticides sont primordiales à respecter afin d’optimiser leur efficacité. Les traitements doivent être réalisés quand les altises sont présentes dans les linières car les produits homologués sont essentiellement des produits de contacts. Les altises sont principalement actives lorsque les températures sont douces et qu’il y a un fort ensoleillement. Les bonnes conditions de pulvérisation doivent bien entendu être respectées avec 60 à 70 % d’hygrométrie dans l’air et en l’absence de vent. Il convient aussi de réaliser les traitements avec un volume minimal de bouillie de 150 à 200 l/hectare. Par conséquent, les interventions auront lieu soit en fin de matinée ou en fin d’après-midi avant que les altises ne rentrent dans le sol.
L’ouverture du catalogue des crucifères oléagineux pour la culture du lin a permis de mettre en évidence l’intérêt de nouveaux produits. Ainsi pour les stratégies de lutte, nous vous proposons d’adapter les traitements en fonction de la population d’altises observée à la parcelle :
– Faible population (entre 4 et 6 altises dénombrées) : Karaté Zéon 0,075 l/ha ou Suprême 20SG 0,2 kg/ha. Opter pour une solution à base lambda cyhalothrine (type Karaté Zéon à 0,075 l/ha) OU à base d’acétamipride (type Horême V200 ou Suprême 20 SG à 0,2 kg/ha).
– Forte population (plus de 7 altises dénombrées) : Karaté Zéon 0,075 l/ha + Pirinex ME 0,75 l/ha. Il est important d’intervenir avec des produits chocs pour diminuer l’infestation mais aussi avec des produits rémanents. Dans cette situation, nous conseillons l’association de la base lambda cyhalothrine (type Karaté Zéon à 0,075 l/ha) ET du chlorpyriphos éthyl (Pirinex ME à 0,75 l/ha). Ce mélange permet d’avoir un effet choc mais aussi rémanent grâce à l’encapsulage du chlorpyriphos éthyl.