L’archipel français, le récent ouvrage remarqué du politologue et sondeur Jérôme Fourquet, permet de bien comprendre comment la société française a évolué ces dernières décennies et sans doute aussi pourquoi les agriculteurs s’y sentent autant incompris.
Les agriculteurs ont souvent le sentiment d’être incompris de la part du reste de la société française. Ils estiment, à juste titre, que les citadins ne connaissent pas grand-chose de la réalité de l’agriculture d’aujourd’hui, mais qu’ils se permettent pourtant de leur faire la leçon et de leur expliquer comment ils doivent travailler.
Cependant, reconnaissons-le, le monde agricole ne connaît semble-t-il pas grand-chose non plus de la réalité de la société française d’aujourd’hui. Circonstance atténuante, il est loin d’être le seul dans ce cas comme l’a bien montré, par exemple, le mouvement des « gilets jaunes » que personne (au niveau politique du moins) n’avait vraiment vu venir.
Cette difficulté à comprendre la société française contemporaine paraît être donc assez généralisée. On a même parfois l’impression que les médias généralistes nationaux et une partie notable des élites politiques ne voient dans la société que les populations résidant dans les grandes métropoles mondialisées et leurs périphéries proches, à savoir des cadres et des professions intellectuelles supérieures, des classes moyennes supérieures, des créateurs de start up et des jeunes cadres citadins souvent assimilés aux « bobos » et à la « start up nation » macronienne, des banlieusards et des immigrés, et enfin des catégories minoritaires ou ultraminoritaires, mais bien visibles telles que les LGBT (lesbiennes gays bisexuels et transgenres), les végans, les intermittents du spectacle, les « black blocs », etc.
Les autres, « les gens qui ne sont rien » pourrait-on dire en langage macronien, en l’occurrence les catégories populaires, les classes moyennes inférieures, les petits indépendants ou les agriculteurs, semblent être soit peu visibles, d’où sans doute le choix fait par certains d’entre eux d’arborer un gilet de couleur jaune fluorescent, ou même être littéralement persona non grata, des personnes qui ne sont pas les bienvenues ainsi que l’affirmait avec un grand mépris Benjamin Griveaux en octobre 2018, alors qu’il était porte-parole du gouvernement. En réaction à une proposition de Laurent Wauquiez, celui-ci a fait, en effet, référence aux « gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel. Ça n’est pas la France du XXIe siècle que nous voulons ».
On le voit bien, la société française semble être devenue une sorte de « boîte noire » aux yeux d’une grande partie des élites politiques, mais aussi des acteurs économiques. Cette notion fait référence à un système ou à un mécanisme où l’on voit bien ce qui y rentre (un certain nombre de tendances, l’influence de différents courants et d’idées) et ce qui en sort (par exemple en termes électoral, de comportements d’achat, d’attitudes ou de tendances sociétales), mais dont on ne connaît pas le fonctionnement interne.
Pour essayer de mieux comprendre cette « boîte noire » que semble être devenue la société française, il semble fortement conseillé de lire l’ouvrage de l’analyste politique et sondeur Jérôme Fourquet paru en mars 2019, L’archipel français. Naissance d’une nation multiple et divisée (Seuil), qui a eu un grand retentissement, qui figure parmi les meilleures ventes d’essais et qui est déjà lauréat du livre politique de l’année 2019. Ce livre s’appuie notamment sur les enquêtes menée par l’Ifop, dont Jérôme Fourquet est le directeur du département Opinion, et sur Ifop Focus, des synthèses sur un sujet déterminé régulièrement publiées par l’institut de sondage.
Même si dans cet ouvrage Jérôme Fourquet ne parle quasiment pas d’agriculture et des agriculteurs, sa lecture n’en est pas moins fortement utile pour tenter de comprendre pourquoi ces derniers se sentent incompris dans la société française actuelle.
La thèse principale du livre est qu’en France, pour reprendre son sous-titre, on assiste depuis quelques décennies à la « naissance d’une nation multiple et divisée ». Jérôme Fourquet recourt à l’image de l’archipel – il parle d’ailleurs de l’« archipel France » – en estimant que la société française est désormais composée de multiples îles et îlots. Cette société n’est plus « une ». Elle est composée d’un ensemble d’« îles » qui ont développé leur propre culture et mode de fonctionnement – les élites, les catégories populaires, les banlieues –, mais aussi des îlots tels que la France des catholiques pratiquants : « Marginalisation des catholiques, sécession des élites, affranchissement culturel et idéologique de toute une partie des catégories populaires, montée en puissance de l’hétérogénéité ethnoculturelle du pays, régionalisme corse, tous ces phénomènes contribuent à l’archipelisation de la société française ». On peut supposer que le monde rural et agricole constitue aussi l’un de ces îlots.
Cette fragmentation s’explique, d’après l’auteur, par le fait que les éléments structurants de la société française jusqu’à ces dernières décennies, à savoir l’influence de l’Eglise catholique et du Parti communiste, les grands médias de masse ou encore le cartésianisme, apparaissent de moins en moins opérants, tout particulièrement auprès des jeunes générations, sous l’effet d’un processus de déchristianisation de cette société et d’individualisation.
Cette description d’une société fragmentée confirme les résultats d’autres enquêtes menées régulièrement, aux noms d’ailleurs assez symptomatiques, comme « La France en morceaux » (baromètre des territoires 2019, enquête Elabe pour l’Institut Montaigne) ou « Fractures françaises » (enquête Ipsos/Sopra Steria pour Le Monde, la fondation Jean Jaurès et Sciences Po), ou encore du contenu de l’ouvrage d’Hervé Le Bras et d’Emmanuel Todd, Le mystère français (La République des idées / Seuil) publié en 2013.
Plusieurs évolutions récentes de la société française, qui sont bien décrites par Jérôme Fourquet dans son ouvrage, paraissent être contradictoires avec les valeurs et les intérêts d’une grande partie du monde agricole.
La première réside certainement dans la déchristianisation de cette société, comme peut en témoigner un certain nombre de tendances qui démontrent la fin de l’influence de ce que Jérôme Fourquet appelle « la matrice séculaire judéo-chrétienne » : la forte baisse des pratiques religieuses (forte réduction du nombre de personnes qui vont à la messe au moins une fois par semaine ou de personnes baptisées), l’évolution des mœurs (baisse du nombre de mariages et accroissement du nombre de divorces, naissances hors mariage devenues la norme, acceptation de l’avortement et de l’homosexualité), le rapport aux corps (pratique de plus en plus répandue de l’incinération et du tatouage, évolution de la sexualité) ou le rapport aux animaux (nous y reviendrons).
Or, même si les sources sont un peu anciennes maintenant, il apparaît néanmoins vraisemblable que l’influence du catholicisme reste significative sur une partie du monde agricole, notamment au sein des générations les plus âgées, en tout cas plus forte que dans le reste de la société.
Dans une note de la Fondation Jean Jaurès publiée en 2012, Bertrand Hervieu et François Purseigle soulignaient ainsi « la persistance d’une appartenance religieuse forte » chez les agriculteurs, en s’appuyant alors sur des données qui dataient de 2007. Les agriculteurs étaient à ce moment-là la catégorie socioprofessionnelle où la proportion de ceux qui affirmaient aller à la messe au moins une fois par semaine était la plus élevée. Hervieu et Purseigle indiquaient également que les agriculteurs étaient plus attachés que les autres catégories aux valeurs familiales et moins enclins à se montrer favorable à l’homosexualité.
Céline Laisney, dans une étude un peu plus ancienne publiée par le Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture, affirmait également, en se fondant sur des données de 2005, que la pratique religieuse des agriculteurs était élevée avec un fort attachement aux valeurs traditionnelles.
On peut donc supposer qu’une partie des agriculteurs, notamment les plus âgés d’entre eux, ne se reconnaissent pas vraiment dans certains traits de cette société française déchristianisée. Rappelons à ce propos qu’une statistique récente a montré que près d’un tiers des agriculteurs avaient plus de 55 ans.
Une autre incompréhension évidente que l’on peut observer entre une partie de la société et le monde agricole réside sans aucun doute dans l’évolution du rapport des Français au rationalisme et à la science.
Pour Jérôme Fourquet, le « cartésianisme », le « raisonnement scientifique » ou le « progrès technologique et scientifique » sont, en effet, largement remis en cause au profit des « récits alternatifs et complotistes », notamment dans les jeunes générations. Cela se traduit pour lui par une adhésion notable aux thèses conspirationnistes, qui est de son point de vue, un « indicateur de la perte de crédit du discours scientifique survenue progressivement au cours des dernières décennies », mais aussi aux discours antivaccins ou, plus récemment, anti-compteur Linky.
Or, les agriculteurs figurent aux côtés des médecins ou des ingénieurs parmi les catégories socioprofessionnelles qui se montrent certainement les plus favorables à la science et au progrès technique. Ceci est lié bien évidemment au rôle fondamental joué par les sciences et les techniques dans la modernisation de l’agriculture française dans la période d’après-guerre avec les engrais de synthèse, les produits phytosanitaires, la sélection génétique, végétale et animale, la motorisation et la mécanisation ou les progrès médicaux effectués dans le domaine de l’élevage. L’un de ses grands symboles a été bien évidemment la création de l’Institut national de recherche en agronomie (INRA) en 1946 avec « pour mission de mettre la science et la technologie au service du développement de l’agriculture en améliorant les techniques de production (culture et élevage) et la sélection génétique végétale et animale ».
La position favorable de nombreux agriculteurs vis-à-vis des OGM, tout comme leur intérêt pour tout ce qui a trait à l’agriculture de précision et aux AgTech, des drones aux robots, en sont les symptômes récents. En témoigne, par exemple, cette tribune publiée le 27 février dernier dans Le Monde par un collectif de 80 personnalités où figurent des représentants du monde agricole comme Damien Bonduelle, le président d’agriDées, ou Claude Cochonneau, le président des chambres d’agriculture. Partant du constat selon lequel « les progrès scientifiques et technologiques ont indéniablement permis de réduire la faim dans le monde », les auteurs de cette tribune estiment que « produire plus et mieux avec moins d’intrants et de nuisances, tout en améliorant le revenu des producteurs, tels sont les grands enjeux de notre agriculture. Pour cela, le progrès scientifique ne doit pas être arrêté. Il constitue, au contraire, le meilleur levier pour développer notre économie agricole et constitue aussi, de loin, le meilleur allié de l’agroécologie ». Ils en déduisent que « cette nouvelle révolution agricole plus respectueuse de l’environnement implique des efforts de recherche dans tous les domaines concernés, de la physiologie à l’écologie en passant par la génétique » et mettent en garde contre un risque de rejet des nouvelles technologies et de la science : « Rejeter les nouvelles technologies et les progrès de la science engagera inéluctablement nos activités agricoles dans la voie de la régression ».
Jérôme Fourquet revient aussi sur l’évolution du rapport de la société française à l’animal, qu’il soit sauvage ou d’élevage, en particulier au sein des jeunes générations. Ceci est désormais bien connu et bien documenté, mais son analyse est tout de même assez originale en reliant cette évolution à la déchristianisation du pays. Pour lui, les préoccupations en termes de bien-être animal et la montée du végétarisme en France sont, en effet, liées à « la perte d’influence de la matrice culturelle et philosophique chrétienne ».
La conception chrétienne des animaux résidait dans le fait que ceux-ci étaient certes des « créatures de Dieu », mais qu’ils étaient inférieurs à l’homme et qu’ils avaient été « créés pour être au service de l’homme ». Or, d’après les résultats d’enquêtes, seuls les seniors (65 ans et plus) partagent désormais une telle vision.
Ce n’est pas le cas des autres catégories d’âge pour lesquelles les animaux ne doivent pas être au service de l’homme. Cette évolution du rapport à l’animal vaut pour les animaux sauvages (comme le loup ou l’ours dont le retour en France pour le premier et la réintroduction dans les Pyrénées pour le second sont majoritairement soutenus), comme pour les animaux d’élevage (avec une hostilité majoritaire à la corrida et aux gavages des oies et des canards). Jérôme Fourquet parle à ce propos d’une « vision très animal friendly diffusée par la France urbanisée » impliquant une remise en cause de certaines pratiques, comme l’élevage intensif et le pastoralisme, pour le loup et l’ours.
Il estime ainsi que l’on assiste à « un mouvement de fond de la société. Quand on regarde par strates générationnelles, on s’aperçoit que les plus jeunes sont sur des visions du monde très éloignées de celles de leurs parents ou de leurs grands-parents. On a une impression de stabilité, car les générations les plus âgées pèsent encore d’un poids important. Mais nous sommes à la veille d’une grande bascule » (entretien accordé au Point le 28 février 2019).
Il est évident que cette vision se heurte de plein fouet aux intérêts, mais aussi aux valeurs d’une partie du monde rural et agricole.
Enfin, la quatrième tendance intéressante mise en exergue dans l’ouvrage est celle d’une autonomisation des différentes catégories sociales les unes par rapport aux autres, notamment des catégories populaires, des résidents des banlieues et même des élites. A propos de ces dernières, Jérôme Fourquet parle d’une véritable « sécession des élites », thème qu’il avait déjà abordé dans une étude publiée par la fondation Jean Jaurès en 2018 et qui fait écho à d’autres analyses assez similaires développées par le géographe Christophe Guilluy, « père » du concept de la « France périphérique » et auteur, entre autre, du Crépuscule de la France d’en haut (Flammarion, 2016), ou par le sociologue Eric Maurin, auteur en 2004 du Ghetto français. Enquête sur le séparatisme social (La République des idées / Seuil).
Pour Jérôme Fourquet, cette sécession s’explique avant tout par la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur qui « a entraîné un élargissement des élites, soit environ 15 à 20 % de la société, quand elles représentaient environ 5 % jusqu’aux années 1970. Ces élites peuvent, dès lors, vivre en vase clos » car « à l’époque, l’étroitesse de cette base sociale faisait qu’elle était plus consciente de l’interaction nécessaire avec le reste de la société. De nos jours, ces élites peuvent avoir l’impression que toute la société est à leur image. Ce qui explique, en partie, la colère des gilets jaunes qui, eux, ont le sentiment d’être littéralement sortis du film écrit pour et par les classes les plus intégrées et diplômées » (entretien accordé au Point).
Cette sécession se traduit par « l’autonomisation d’une partie des catégories les plus favorisées qui se sentent de moins en moins liées par un destin commun au reste de la collectivité nationale ». Cette autonomisation est à la fois territoriale (elle va jusqu’à l’exil fiscal), idéologique et culturelle.
Mais serait-elle aussi alimentaire ? Jérôme Fourquet n’en parle pas, mais d’autres auteurs y ont fait référence récemment de façon quelque peu polémique. Christophe Guilluy dans un entretien accordé au Figaro le 19 novembre 2018, soit dès le début du mouvement des Gilets jaunes, indiquait ainsi que l’écologie était devenue « un outil de distinction sociale » : « Tous les Français souhaitent préserver l’environnement. Personne ne roule au diesel par plaisir. De la même manière, si l’on considère la question du multiculturalisme, tout le monde souhaite une préservation de son capital culturel et un rapport à l’Autre distancié. Mais il faut distinguer les objectifs et les moyens. Si j’ai les moyens de mettre à distance l’Autre, en contournant la carte scolaire par exemple, je peux faire l’apologie de la « société ouverte » sans difficulté. Il en va de même en matière d’écologie. On peut facilement tenir un discours sur la nécessité de préserver l’environnement quand on a les moyens de s’offrir une voiture électrique ou de consommer bio. La défense de l’écologie, comme la promotion de la « société ouverte », est devenue un outil de distinction sociale ».
Paul Ariès, Frédéric Denhez et Jocelyne Porcher vont dans le même dans une tribune publiée dans Le Monde le 20 février 2019, cette fois à propos des végans, en considérant qu’« il y a du mépris de classe dans cette obsession antiviande ».
En tout cas, cette fragmentation de la société française et cette autonomisation des différentes catégories sociales doivent nous amener à relativiser la notion omniprésente d’« attentes sociétales », notamment dans la communication des acteurs du monde agricole. Il est indéniable que les Français dans leur ensemble ont des attentes vis-à-vis des productions agricoles en termes de santé, de protection de l’environnement et de respect du bien-être animal. Mais il est aussi évident que la consommation de produits bio, le fléxitarisme ou l’achat de produits alimentaires en circuit court, par exemple via une Amap, sont avant tout l’apanage des populations les plus diplômées et/ou aisées.
On peut le voir dans les enquêtes sur la consommation bio. Dans le baromètre 2018 de consommation et de perception des produits biologiques (Spirit Insight pour l’Agence Bio, janvier 2019), sans trop de surprise, les CSP+ sont bien plus nombreux que les CSP- (catégories socioprofessionnelles supérieures et inférieures) à consommer et à acheter de tels produits. De même, dans le baromètre d’image des agriculteurs, vague 19 (enquête Ifop pour Dimanche Ouest France, février 2019), 34 % des cadres supérieurs disent acheter très souvent des aliments bio, contre seulement 7 % des ouvriers.
Il en est de même pour le profil sociologique des membres d’Amap, communément désignés comme « amapiens », tel que cela ressort de deux enquêtes menées ces dernières années. La première sur les « amapiens » d’Île-de-France indique que ceux-ci étaient d’abord des cadres ou des professions intermédiaires, mais pas n’importe quels types de cadres – des ingénieurs, des enseignants-chercheurs, des artistes, des professions de l’information (notamment des journalistes) et des cadres de la fonction publique – et de professions intermédiaires – des enseignants du secondaire, des instituteurs, des professions de la santé et du travail social. On peut remarquer que ne figuraient quasiment pas d’ouvriers parmi les « amapiens ». En termes de niveau de diplôme, près de la moitié des « amapiens » avaient un niveau supérieur à bac + 4, alors que 5 % seulement n’avaient pas le baccalauréat. Ces populations avaient également un niveau de revenu assez élevé et une forte implication associative.
Une autre étude sur les « amapiens » menée cette fois en Midi-Pyrénées donne des résultats assez similaires : absence d’ouvriers, des cadres moyens du secteur public, avec une importante implication associative, mais aussi des néoruraux pour les Amap en milieu rural, compte tenu du contexte régional spécifique.
En définitive, on peut estimer que ce qui est communément assimilé aux « attentes sociétales » correspond souvent aux attentes des catégories les plus diplômées et en particulier à celles d’un certain nombre d’acteurs-clefs dans les débats, la formation de l’opinion publique, l’influence sur la décision politique (notamment sur les courants de gauche, mais aussi sans doute sur LREM) ou la mise en œuvre de décisions publiques avec des leaders d’opinion (journalistes, enseignants-chercheurs, artistes, membres d’associations), des catégories qui ont une influence sur les perceptions des enfants et des adolescents (enseignants) et encore des cadres de la fonction publique.
Au final, l’ouvrage de Jérôme Fourquet montre bien à quel point la France est fragmentée et divisée suivant différentes lignes de fracture. Mais ce qui est sans doute le plus inquiétant pour le monde agricole, c’est cette fracture qui existe entre les générations les plus jeunes et les autres générations car sur les différents sujets d’incompréhension entre les agriculteurs et le reste de la société – en particulier la déchristianisation, le rapport à la science et au progrès technique, et le rapport à l’animal –, on voit bien que les jeunes sont dans une tout autre logique, à l’instar de Greta Thumberg, cette jeune suédoise qui est à l’origine d’un vaste mouvement en faveur de la lutte contre le changement climatique, qui est devenue végane et a également incité ses parents à le devenir. Cette « grande bascule » générationnelle dont parle Jérôme Fourquet peut donc être assez périlleuse pour le monde agricole.
En savoir plus : http://www.seuil.com/ouvrage/l-archipel-francais-jerome-fourquet/9782021406023 (informations sur L’archipel français. Naissance d’une nation multiple et divisée de Jérôme Fourquet paru en mars 2019 aux éditions du Seuil) ; https://www.ifop.com/opinion (page internet pour avoir accès aux synthèses Ifop Focus) ; https://www.institutmontaigne.org/publications/la-france-en-morceaux-barometre-des-territoires-2019 (« La France en morceaux », baromètre des territoires 2019, enquête Elabe pour l’institut Montaigne) ; https://jean-jaures.org/sites/default/files/redac/commun/productions/2018/0709/fractures_francaises_2018.pdf (édition 2018 des « Fractures françaises », enquête Ipsos/Sopra Steria pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès et Sciences Po) ; https://jean-jaures.org/sites/default/files/Mondes_agricoles_Hervieu_Purseigle.pdf (Bertrand Hervieu et François Purseigle, « Une force politique isolée : les mondes agricoles », Note n° 121, Fondation Jean Jaurès, 2 mars 2012) ; http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf_analyse141004.pdf (Céline Laisney, « Les agriculteurs dans la société française », Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture, n° 14, avril 2010) ; https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/04/06/le-depart-en-retraite-d-un-agriculteur-sur-trois-d-ici-trois-ans-va-bouleverser-le-paysage-agricole_5446630_3234.html (source de la statistique sur la proportion des agriculteurs de plus de 55 ans) ; http://institut.inra.fr/Reperes/Jalons-historiques/1946-1963 (source de la citation relative à l’Inra) ; https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/27/rejeter-les-nouvelles-technologies-et-les-progres-de-la-science-engagera-nos-activites-agricoles-dans-la-voie-de-la-regression_5428839_3232.html (tribune du collectif de 80 personnalités publiée dans Le Monde le 27 février 2019) ; https://www.lepoint.fr/politique/jerome-fourquet-l-archipellisation-est-a-l-oeuvre-27-02-2019-2296850_20.php (entretien accordé par Jérôme Fourquet au Point le 28 février 2019) ; https://jean-jaures.org/nos-productions/1985-2017-quand-les-classes-favorisees-ont-fait-secession (Jérôme Fourquet, « 1985-2017 : quand les classes favorisées ont fait sécession », fondation Jean Jaurès, 21 février 2018) ; http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/11/18/31003-20181118ARTFIG00132-christophe-guilluy-les-8220gilets-jaunes8221-attestent-la-revolte-de-la-france-peripherique.php (entretien accordé par Christophe Guilluy au Figaro le 19 novembre 2018) ; https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/20/pour-une-journee-mondiale-de-l-elevage-paysan-et-des-animaux-de-ferme_5425864_3232.html (tribune publiée par Paul Ariès, Frédéric Denhez et Jocelyne Porcher dans Le Monde le 20 février 2019) ; https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/02/Rapport_Barometre_Agence-Bio_fevrier2019.pdf (baromètre 2018 de consommation et de perception des produits biologiques, enquête Spirit Insight pour l’Agence Bio, janvier 2019) ; https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2019/02/116212-Rapport-DOF-vague-19.pdf (baromètre d’image des agriculteurs, vague 19, enquête Ifop pour Dimanche Ouest France, février 2019) ; http://www.amap-idf.org/images/imagesFCK/file/1reseau/communication/on_parle_de_nous/2012_cnam_erikzolotoukhine_socio_amap_prq_adhereton.pdf (« Les Amap : pourquoi adhère-t-on ? », mémoire d’Erik Zolotoukhine, CNAM, 2012) ; https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01620990/document (« Les relations de proximité agriculteurs-consommateurs. Points de vente collectifs et AMAP en Midi-Pyrénées », UMR « Dynamiques rurales », Université Toulouse Le Mirail, avril 2008).
Notre illustration ci-dessous est issue de Adobe.