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L’huile essentielle de lavande refuse d’être classée comme produit chimique dangereux

En Haute-Provence, les producteurs de lavande se mobilisent pour éviter qu’une réglementation européenne ne vienne classer leur huile essentielle comme un produit chimique dangereux, ce qui signifierait de lourdes charges et l’arrêt probable de l’activité.

En Haute-Provence, la lavande est à l’oeil et aux narines ce que la cigale est à l’oreille. Plus qu’une tradition, elle attire les touristes dans les terres de Provence plus sûrement encore que le Palais des papes à Avignon. L’hôtellerie et toutes les activités touristiques dépendent de ces paysages aux fleurs mauves… Mais pour que ces cultures de lavande jouent ce rôle, il leur faut un débouché économique. Et ce débouché, c’est l’huile essentielle.

Or, un règlement européen en cours de négociation pourrait remettre en cause jusqu’à l’existence même de la production de lavande avec sa transformation en huile essentielle. Il s’agit du de REACH (enRegistrement, Evaluation et Autorisation des produits Chimiques), des initiales désormais connues de tous les producteurs de lavande.

Un député du Vaucluse, Julien Aubert, a alerté le ministre français de l’Agriculture Stéphane Le Foll dans une question écrite en ces termes : « Si l’objectif de cette réglementation est légitime, puisqu’il s’agit de protéger le consommateur des produits chimiques, il est inconcevable que les plantes, et donc les huiles essentielles qui en sont extraites, soient assimilées à des produits chimiques. (…) A cause de cette réglementation, les distillateurs devront produire des dossiers pour chaque huile essentielle, afin de mettre en évidence leurs caractéristiques physico-chimiques, toxicologiques et éco-toxicologiques. Or, s’agissant d’une huile essentielle, il est impossible de fournir ces données puisqu’elles varient en fonction du sol, du soleil. Exiger une « carte d’identité » pour chaque huile essentielle est une aberration car il existe autant de cartes d’identité que de producteurs et de sites où la lavande est plantée. Ces dossiers représentent en outre un coût financier énorme (Ndlr : suite et fin de la communication en lien en fin d’article). »

Joint par WikiAgri, Lionel Fra, président de l’association des producteurs de lavande de Haute-Provence, précise le problème : « En fait, l’Union européenne veut classer une molécule comme étant dangereuse, et donc avec des réglementations d’utilisation strictes, le linalol. Mais elle ne fait pas la distinction entre des usines qui produisent cette molécule par exemple pour fabriquer des lessives, et la lavande qui la contient naturellement. De fait, nous risquons de nous retrouver avec des réglementations d’entreprises chimiques, alors que la distillation qui mène à l’huile essentielle est naturelle, et ancestrale. Les Egyptiens, les Romains l’utilisaient déjà, et jamais personne n’en est tombé malade, à moins bien sûr d’une allergie, mais ça c’est autre chose. C’est le soleil qui crée les gouttes qui apparaissent sur la lavande et que nous recueillons, il n’y a aucun processus chimique là-dedans. Notre association est forte de 70 producteurs, qui produisent 16 tonnes de produit, et nous n’avons pas l’intention de nous laisser faire. Nous avons alerté des élus (Ndlr : dont le député cité plus haut qui a réagi), nous avons pu discuter avec le ministre de l’Agriculture pendant le salon, mais il va falloir le revoir je le crains. »

Ce risque pour l’huile essentielle de lavande pourrait avoir de graves conséquences économiques. Non seulement pour les producteurs, mais aussi pour la main-doeuvre utilisée pour la récolte ou la distillation, sans parler du matériel de distillation, des véhicules… Et bien sûr du tourisme.

Un sujet loin d’être anodin.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Pour en débattre, rendez-vous ci-dessous dans l’espace « Ecrire un commentaire ».

En savoir plus : http://www.julienaubert.fr/portfolio/inquietude-des-producteurs-de-lavande-sur-la-reglementation-europeenne-julien-aubert-interroge-le-ministre-de-lagriculture (la question écrite posée par le député du Vaucluse Julien Aubert au ministre de l’Agriculture).

Notre photo d’illustration est issue de ce site touristique : http://www.grande-traversee-alpes.com/routes-de-la-lavande/les-routes-de-la-lavande/galerie-photos.

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