Les prix du maïs devraient rester faibles pour quelques mois encore. Les récoltes meilleures qu’attendues dans l’hémisphère nord, s’ajoutent à l’exceptionnelle production brésilienne. Or les stocks de report en début de campagne étaient, au niveau mondial, très élevés. Selon Sébastien Poncelet, directeur du développement chez Agritel, les perspectives de redressement sont très faibles avant le printemps prochain.
Si les surfaces de maïs étaient restées inchangées, la récolte de 2017 aurait pu être équivalente en France à celle de 2014. Le rendement moyen national par hectare frôle les 100 quintaux. Après deux années 2015 et 2016 difficiles, c’est une bonne nouvelle pour les producteurs de maïs. 14,5 millions de tonnes seront vraisemblablement récoltées, soit 1 million de tonnes de plus qu’estimé au début de la saison.
En fait, la saison s’achève mieux qu’elle n’a commencé. Le climat en fin d’été a été propice à la formation des grains.
Mais pas de bonne nouvelle sur le front des prix. Si les débouchés du maïs français sur le marché européen sont assurés aux Pays-Bas, en Belgique et en Espagne, les prix de vente sont encore une fois très décevants.
Ils se sont alignés tout au long de l’été sur les cours mondiaux en recul même si un différentiel de prix positif persiste. Il est lié aux taxes à l’importation appliquées à la frontière de l’Union européenne et aux frais de transport intra-européens plus faibles.
Mais à 150 €, le 27 octobre 2017 (marché à terme échéance novembre), la tonne de maïs vaut néanmoins 20 € de moins par rapport au 14 juillet dernier.
« Il ne faut pas espérer d’éclaircie significative avant le printemps prochain », défend Sébastien Poncelet. Et elle sera conditionnée par une baisse de la production de maïs sur le continent américain essentiellement.
Or la survenance du prochain El Nina dans l’hémisphère sud, et au Brésil en particulier, est annonciatrice de sécheresse au printemps prochain (automne austral), lorsque les agriculteurs sèmeront en deuxième récolte leur maïs après avoir récolté leurs champs de soja.
Par ailleurs, les Américains préfèreront produire encore davantage de soja, plus rémunérateur que du maïs, pas rentable aux cours actuels. Aussi, les surfaces ensemencées en moins dans 6 mois, constitueront un premier indicateur de volume pour la prochaine récolte 2018. Car même si leurs assurances les protègent des chutes des cours, ils n’ont aucun intérêt de vendre leur récolte à perte (3,5 dollars le boisseau actuellement). Leur seuil de rentabilité est en effet de 4 dollars le boisseau environ. En conséquence, une fois que leur surplus non stockable sera écoulé cet automne, ils vont conserver leur récolte à la ferme pendant plusieurs mois en attendant des prix meilleurs au printemps prochain.
Enfin, l’industrie de l’alimentation animale pourra profiter du maïs bon marché pour revoir ses formulations aux dépens du blé fourrager. Ce qui accroîtra au final la demande mondiale de maïs de quelques millions de tonnes. Mais la parité de la monnaie européenne pourrait annihiler toute hausse si le dollar perdait encore du terrain.
En attendant, les marchés croulent sous des montagnes de céréales et de maïs en particulier. Au niveau mondial, les quantités disponibles sont aussi importantes que l’an passé à la même période (1,26 milliard de tonnes contre 1,28 milliard l’an passé selon le conseil international des céréales). Cette année, le réajustement de la production à un niveau plus normal est compensé par des stocks de report de fin de campagne très importants.
« Même si les Etats-Unis ne vont pas réitérer leurs performances de l’an passé, ils auront produit cette année 365 millions de tonnes (Mt) de maïs alors que 350 Mt étaient attendues il y a encore quelques semaines, explique Sébastien Poncelet. Les nouvelles variétés ont su résister aux aléas climatiques sans être particulièrement affectées dans leur développement. Pour sa part, le Brésil a engrangé, en 2017, dix millions de tonnes de grains de plus que l’an passé et a frôlé le seuil de 100 Mt. »
En conséquence, la moindre performance en Ukraine, où la sécheresse a perturbé le remplissage des maïs, n’aura pas d’incidence sur le marché. Le pays récoltera 3 millions de tonnes en moins que l’an passé et retrouve le niveau de production observé 5 ans auparavant.
Cette année, c’est le continent américain qui tient les rênes du marché.