Au cœur d’une société française toujours plus connectée, les tendances et façons de consommer ont profondément évolué au cours de ces dernières années.
L’un des principaux catalyseurs de ces tendances est sans aucun doute la démocratisation de l’économie collaborative, dont le développement spectaculaire tant du nombre de ses utilisateurs que de ses plateformes (par exemple Airbnb, Uber, Blablacar…) est devenu un véritable phénomène sociétal. Ainsi, en 2015, déjà près d’un Français sur deux se déclarait utilisateur régulier d’au moins une plateforme liée à économie collaborative. Le potentiel de ce marché représente une manne importante pour ses différents acteurs et attire de plus en plus d’investisseurs : elle est en effet estimée à 335 milliards d’euros en 2025.
Berceau de nombreuses innovations depuis des siècles, le monde agricole n’est pas en reste et vit lui aussi une réelle transition à travers la vague de la « sharing economy », économie de partage. En quoi se caractérisent ces évolutions et quelles sont les principales pistes et opportunités de développement pour l’agriculture française ?
Heurtée par des crises à répétition, l’évolution de ses normes et la nouvelle réforme de la Politique agricole commune (Pac), l’agriculture française se cherche et tente de se réinventer. L’instauration de pratiques collaboratives au sein des exploitations n’est toutefois pas nouvelle et a déjà largement prouvé son efficacité au sein des Cuma, coopératives et autres modèles d’entraide. Socle de l’économie collaborative, la création de valeur en commun peut très largement contribuer à la pérennisation du modèle agricole français, le menant vers une dimension plus solidaire et une coopération renforcée entre les différentes exploitations.
La crise agricole a notamment mis en relief trois enjeux clés pour les agriculteurs français : la nécessité de l’optimisation maximale de leur actif, le besoin de générer des revenus complémentaires pour palier à une baisse des aides européennes, et finalement l’intégration d’une réelle dimension stratégique au management de leurs exploitations.
Bien que les évolutions nécessaires prendront sans doute plusieurs années avant d’être appliquées au sein même des exploitations, le secteur possède d’ores et déjà plusieurs atouts pour réussir sa transition. L’économie collaborative semble pouvoir apporter des outils intéressants aux agriculteurs : elle, qui est caractérisée comme l’ère du partage et de la mutualisation, peut très bien se transcrire à l’échelle des exploitations par la mutualisation des ressources ou le partage de matériel agricole.
Le développement des technologies numériques en agriculture s’est accéléré de façon importante au cours de ces dernières années, on parle d’ailleurs de plus en plus de la notion d’« agriculture connectée ». Cet aspect concerne bien entendu le matériel, toujours plus perfectionné mais nous avons choisi de nous concentrer sur la dimension collaborative que prends la révolution numérique et ce qu’elle apporte aux exploitants.
L’arrivée des plateformes numériques agricoles s’est fait dès le début des années 2000 avec des sites proposant des formules d’achat et vente de matériel ou pièces agricoles d’occasion entre agriculteurs. Une idée originale, risquée au départ et dont le développement a pris du temps mais depuis, le web s’est taillé la part belle auprès des professionnels de l’agriculture. Bien que la plupart d’entre eux restaient récemment encore relativement frileux quant à l’utilisation d’internet et de ce type de plateformes, le milieu s’est adapté et ce notamment par nécessité.
En effet, le contexte économique difficile des dernières campagnes et l’arrivée d’une nouvelle génération d’agriculteurs a profondément redessiné le paysage agricole français, ses pratiques ainsi que son organisation décisionnelle et stratégique.
Aujourd’hui le numérique occupe une place prépondérante dans le secteur où récoltes, matériel, services ou encore conseils sont de plus en plus échangés, partagés et vendus sur le web.
Récemment de nombreuses plateformes axées sur l’agriculture collaborative ont émergé, offrant aux exploitants des perspectives d’évolutions intéressantes et stimulantes.
Des sites de partage et de location de matériel agricole entre agriculteurs ont vu le jour, permettant notamment à ces derniers de rentabiliser plus rapidement leur matériel sous-utilisé et de tirer le meilleur parti de leurs investissements.
Ces solutions avantagent aussi bien l’agriculteur mettant son matériel à la location que le loueur qui lui n’a pas besoin d’investir dans un matériel coûteux dont la rentabilisation est parfois problématique au sein de petites structures. Les principaux avantagés par cette situation semblent être les jeunes agriculteurs dont l’installation est rendue de plus en plus couteuse par les envolées du prix du foncier et les nouvelles normes phytosanitaires en vigueur.
Déjà expérimenté depuis plusieurs années aux Etats-Unis, l’échange de services entre professionnels de l’agriculture via le net a récemment vu le jour en France et pourra permettre aux agriculteurs d’échanger ou mettre en commun leurs compétences: échange de semis de betteraves contre la récolte de céréales, la pulvérisation de fongicides…
Ce système viendra compléter les solutions offertes par les Entreprises de Travaux Agricoles (ETA), dont la tendance est également au développement pour palier à la baisse constatée des installations de jeunes agriculteurs.
Très en vogue également, les circuits courts font leur grand retour en France et séduisent aujourd’hui de plus en plus d’adeptes, soucieux de soutenir des producteurs agricoles locaux et consommer des produits sains. Cette solution conjugue qualité et prix : une réelle opportunité pour les producteurs français dont la marge était problématique sous le dictat de la grande distribution et a très largement pénalisé le milieu depuis ce début de millénaire. Une réelle modification de la supply-chain agricole est-elle en marche?
Paradoxalement et à contrario de ce que a été constaté a bien des niveaux, internet à travers l’économie collaborative a su recréer un lien humain et de proximité entre les différents agriculteurs mais aussi une proximité dans leur relation directe avec les consommateurs. Tout ceci contribue à valoriser et promouvoir une image positive de l’agriculture française auprès du grand public.
Bien plus qu’un simple connaisseur de la terre et son travail, l’agriculteur moderne est aujourd’hui un réel chef d’entreprise connecté, aux compétences élargies et diversifiées. La capacité d’adaptation permanente du milieu agricole nous le démontre et nous laisse entrevoir un avenir rassurant pour l’agriculture française et ses entreprises, toujours plus au fait des dernières innovations technologiques.
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L’économie collaborative est un vrai sujet pour le monde agricole.
La notion d‘agriculture intensive en connaissance émerge peu à peu et sans doute que le partage d’information, de connaissance, de savoir-faire et également de matériel voire de bâtiment ou de foncier est une clé pour la réussite des agriculteurs.
http://www.agrifind.fr/blog/3-donnees-pour-comprendre-la-place-croissante-de-l-economie-collaborative-et-d-internet-dans-le-monde-agricole/