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Le miel, fer de lance de la reconquête de l’opinion publique des céréaliers

Comment peut-on mieux démontrer que les pratiques agricoles sont, en France, parmi les plus contrôlées au monde qu’en élevant des abeilles au bord des champs ? Ce raisonnement, des céréaliers de plus en plus nombreux le convertissent en actes.

Retrouver le contact avec le consommateur (et donc contribuer à faire fondre le clivage entre urbains et agriculteurs), faire connaitre le métier en mettant en avant les bonnes pratiques agricoles… Avoir quelques ruches dans sa ferme céréalière présente bien des intérêts, au-delà de la production de miel.

En Ile-de-France, on l’a compris, d’où des accords obtenus par le monde agricole auprès du conseil régional pour favoriser l’expansion de ces ruches dans les fermes céréalières.

Christophe Hillairet, président de la Chambre d’agriculture d’Ile-de-France, défend ardemment l’idée, au point d’être lui-même devenu un apiculteur sur son exploitation céréalière dans les Yvelines. Au départ, c’était du militantisme, montrer que les pratiques agricoles d’un céréalier ne tuait pas les abeilles. Mais il s’est pris au jeu, au point de devenir passionné par l’apiculture. « J’avais mis trois ruches pour commencer, j’en ai 17 aujourd’hui« , confie-t-il. Le fait d’être à la fois céréalier et capable de maintenir un élevage d’abeilles n’est pas la moindre de ses fiertés… Personnelles et collectives !

« Mieux connaitre les abeilles pour adapter nos pratiques »

L’idée est conjointe, vient de différents acteurs, par exemple également de la FDSEA d’Ile de France qui a organisé des formations sur l’apiculture, données par des professionnels de ces élevages d’abeilles, et qui ont été suivies par… 100 à 150 agriculteurs à chaque session !

« Ça ne s’improvise pas, précise Christophe Hillairet. Ce n’est pas pour rien que l’on parle « d’élevages » pour les abeilles, nous sommes dans un domaine professionnel, il faut prendre en compte de nombreux aspects : en premier lieu vérifier qu’elles aient toujours à manger (Ndlr : donc entretenir un espace fleuri quand la culture n’en est pas un), ensuite traiter régulièrement les ruches contre le varoa (parasite tueur d’abeilles) et prendre garde aux éventuelles attaques de frelons asiatiques. Et puis bien sûr adapter encore mieux nos pratiques agricoles au rythme des abeilles. Ainsi, grâce à un système de ruche connectée, je connais leurs heures de rentrée et de sortie, et donc les meilleurs moments pour traiter mes cultures sans les affecter.« 

Avec le soutien de la région Ile-de-France

Au niveau de l’Ile-de-France, 30 balances connectées ont été distribuées à ce jour, mais on dépassera la centaine d’ici un an. « Cette technologie donne de nombreux renseignements sur le fonctionnement et les habitudes des abeilles, ce qui permet d’adapter sa conduite d’élevage à ceux-ci.« 

Ce déploiement de balances connectées a été rendu possible grâce au soutien de la région Ile-de-France. Cette dernière intervient également pour financer une partie des MAE, mesures agro-environnementales, en l’occurrence (pour citer un exemple) semer des fleurs en bordure de champ, ou sur un espace dédié à proximité, pour assurer aux abeilles une nourriture constante.

Cette connectivité des ruches donne l’opportunité à leurs possesseurs d’aller au-delà : ils sont plusieurs dizaines à échanger entre eux via un réseau social sur leurs avancées et découvertes… Un partage qui leur assure une progression constante dans cette nouvelle activité.

Retrouver le contact avec le consommateur, que n’avait plus le céréalier

L’apiculture prônée et concrétisée par ces céréaliers donne donc des résultats. De plus, ils peuvent tous vendre leur miel. « C’est très important, reprend Christophe Hillairet. Un céréalier qui ne sort pas de ces cultures n’a aucun contact avec quelque public que ce soit. Là, il peut accueillir le consommateur, lui parler, échanger, autour du produit « miel ». Au passage, rien ne l’empêche aussi d’expliquer aussi son métier de céréalier. » Et donc de combler en partie ce fossé ville-campagne à l’origine des actes d’agribashing…

Lui-même très fier de son premier « miel de colza » récolté cette année, Christophe Hillairet est devenu un ardent défenseur de ces apis mellifera. Au point de défendre ardemment cette diversification. « Ceux qui voyagent et voient le fonctionnement d’agriculteurs de pays comme la Pologne ou la Tchéquie, savent que chaque ferme là-bas a des ruches. En France, nous avons perdu cette habitude, c’est une erreur. Les abeilles sont liées au bon fonctionnement des cultures, et leur bonne santé témoigne des bonnes pratiques agricoles.« 

Pas seulement en Ile-de-France

S’ils s’organisent collectivement en Ile-de-France, la tendance de voir des céréaliers ajouter des ruches près de leurs cultures se remarque sur l’ensemble du territoire national. Evidemment, c’est plus simple (et plus professionnel dès le commencement) lorsqu’un syndicat ou une autre organisation prend les choses en main pour des achats groupés ou des demandes de subventions territoriales. Pour autant, dressez l’oreille en vous promenant près des champs, les « bzz-bzz » agrémentent en musique le paysage visuel.

Un exemple précis, trouvé sur Youtube, celui du Vendéen Alexis Mainard, qui complète la chaine de vidéos créée par sa conjointe Lucie (pour son atelier d’élevage de poules et de production d’oeufs) pour faire découvrir l’apiculture au fur et à mesure qu’il met lui-même le pied dedans…

Céréaliers, tous à vos ruches !
 

En savoir plus : https://www.facebook.com/Ferme-de-gueherville-302209099906250 (page Facebook de la ferme de Gueherville, qui est celle de Christophe Hillairet) ; https://www.youtube.com/channel/UCHGkQpenJyrXgooUAyM6pWg (chaine Youtube où le céréalier vendéen Alexis Mainard partage ses découvertes de l’apiculture).


Ci-dessous, ruches en bordure d’un champ de colza (photo d’archives).

Ci-dessous, Christophe Hillairet dans sa nouvelle activité d’apiculteur, et donc de producteur de miel.

1 Commentaire(s)

  1. pour sauver les abeilles il faut cultiver au rythme des saisons, les saisons sont dictées par les forets de feuillus, donc les champs doivent être verts l’été !
    Pas d’eau = pas de végétation = pas de fleurs = pas d’abeille ! CQFD
    ce qui tue la biodiversité de façon massive et durable ce sont les sécheresses de plus en plus longues !
    Emmanuelle Wargon, secrétaire d’état à la transition écologique, a demandé aux préfets (le 29 avril 2020) d’anticiper la sécheresse … pour anticiper une sécheresse il faut s’y prendre au minimum 1 an avant … depuis 20 ans on cumule des sécheresses de plus en plus longues parce que les services de l’état font détruire les barrages et couper l’irrigation de plus en plus tôt !
    En nouvelle aquitaine la sécheresse a déjà commencé et comme tous les ans depuis 20 ans elle sera pire que la précédente !
    https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/anticipation-secheresse-emmanuelle-wargon-fait-point-sur-situation-hydrologique-en-france

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