A Paris, le sommet international des jeunes agriculteurs a réuni, pendant trois jours, les représentants des syndicats d’une vingtaine de pays. Ils ont constaté être confrontés à des défis similaires. Ils se sont donc naturellement unis pour diffuser leurs revendications auprès du grand public et de leurs gouvernements respectifs. Les jeunes agriculteurs portent sur leurs épaules la sécurité alimentaire de la planète au cours des 50 prochaines années. Mais ils manquent de soutiens.
Rassemblés et unis, les syndicats des jeunes agriculteurs constituent un grand mouvement planétaire. La vingtaine de représentants en a pris conscience en participant au Sommet international des jeunes agriculteurs (Sija) les 15, 16 et 17 avril derniers, un événement organisé par Jeunes Agriculteurs, le syndicat français.
Venus d’Afrique, du Brésil, de Nouvelle-Zélande ou encore du Canada et du Népal, les délégués des organisations représentées ont constaté que les défis relevés par les jeunes agriculteurs des cinq continents sont similaires. Aussi, ils ont naturellement affiché leur unité dans la diversité.
Or leur pays a besoin des jeunes agriculteurs pour remplacer leurs ainés afin de nourrir la planète au cours des 40-50 prochaines années. Aussi, les participants du Sija estiment que leur gouvernement doit mieux reconnaître leur mouvement en menant des politiques adaptées pour aider les jeunes agriculteurs à s’installer et à faire carrière dans l’agriculture.
Au Sija, les jeunes agriculteurs ont aussi revendiqué « une structuration des filières agricoles en faveur du revenu des producteurs. Elle favoriserait les modèles d’organisation gérés par les agriculteurs ».
Par ailleurs, les participants du sommet international ont aussi dénoncé l’absence de perspectives de l’organisation du monde agricole de la génération de leurs parents. La reprise des exploitations est semée d’embuches.
A Paris, les délégués représentants des syndicats des jeunes agriculteurs ont du reste donné une leçon à leurs ainés. L’agriculture qu’ils défendent est mixte. Il y avait autant d’hommes que de femmes pour représenter les syndicats des jeunes agriculteurs. Pour rendre le métier d’agriculteur attractif, il faut aussi, selon les participants du sommet, donner aux porteurs de projets les moyens de se former, d’avoir accès aux nouvelles technologies et de vivre dans des territoires attractifs.
Les jeunes agriculteurs des cinq continents veulent à la fois s’adapter au changement climatique et lutter contre ses impacts en l’accompagnant, entre autres, d’une politique ambitieuse de gestion des risques. Ils sont décidés à prendre le problème à bras le corps et non pas à l’occulter comme l’ont fait, pendant des années, la génération de leurs parents.
Mais ils constatent que ce dérèglement climatique n’a pas le même impact au Mali, dans les régions du sahel ou au Népal, sur les pentes de l’Himalaya.
« L’installation doit partout faire l’objet d’un accompagnement et de mesures fortes sur l’accès au foncier, la reconnaissance du métier et une meilleure représentation des jeunes dans les tables de négociations », défendent les représentants des syndicats. Beaucoup de jeunes agriculteurs n’ont pas accès au crédit pour acquérir des matériels, des terres et des animaux. Aux Etats-Unis, les jeunes agriculteurs sont endettés avant même de s’installer car ils ont emprunté pour financer leurs études. Et en Nouvelle-Zélande, les banques ne « prêtent qu’aux riches ». Il n’existe pas réellement de politique d’installation.
Pour donner une résonance à leurs revendications, les participants du Sija ont lancé plusieurs actions, conscients qu’il n’existe pas de pays idéal pour installer un porteur de projet. Ils ont décidé de mettre en place une journée mondiale des jeunes agriculteurs pendant laquelle les syndicats des jeunes agriculteurs feront entendre leurs revendications. Ils présenteront dans la foulée les modèles de production et de commercialisation qu’ils promeuvent.
Le jour n’est pas fixé mais l’idée a d’emblée été bien accueillie par la presse et les médias car elle imposera un rendez-vous d’information annuel consacré aux jeunes agriculteurs de la planète.
Par ailleurs, les membres du Sija créeront une plateforme internet pour échanger sur les bonnes pratiques agricoles à adopter et pour faire passer leurs revendications. Selon les participants du Sija, un jeune agriculteur du 21e siècle, est un « jeune rural » qui doit être « connecté » en ayant accès, comme n’importe quel « jeune urbain » à internet. Un monde rural sans internet n’est pas attractif.
Enfin, fiers d’afficher leur unité pour porter d’une seule voix les problèmes des jeunes agriculteurs, les représentants des cinq continents présents à Paris souhaitent qu’un Sommet international de Jeunes Agriculteurs soit organisé, tous les deux ans, si possible. Le prochain se déroulera sur le continent africain.
Mais les actions décidées au Sija seront des réussites si elles s’inscrivent dans la durée. La journée internationale des jeunes agriculteurs devra être à l’agriculture ce que la Fête de la musique est à la musique. Car la durée des mandats des dirigeants des syndicats de jeunes agriculteurs est courte. Ceux qui auront lancé les initiatives partiront vers d’autres horizons dans quelques années.
On notera que certaines idées du Sija ressemblent quelque peu au programme du syndicat des Jeunes agriculteurs en France. Ses représentants ont su les promouvoir pour qu’elles soient en partie reprises par leurs invités. Pour certains participants, le syndicat Jeunes agriculteurs est du reste un modèle d’organisation à prendre en exemple.