changes agroalimentaires internationaux

Le commerce extérieur agroalimentaire 2018 est en convalescence mais la concurrence est féroce

Plusieurs facteurs concourent au redressement du commerce extérieur de produits agricoles et agroalimentaires déficitaire l’an passé, sans les exportations de boissons et d’alcool. Sur les douze derniers mois, l’excédent commercial a bondi de 44 % pour atteindre 6,6 milliards d’euros. Mais en 2013, le solde commercial était 11,2 milliards d’euros.

En août dernier, une très grande majorité des indicateurs du commerce extérieur des produits agricoles et agroalimentaires français étaient passés au vert. Sur douze mois (juillet 2017-juin 2018), l’excédent commercial était de 6,66 milliards d’euros (Mds d’€) contre 4,6 Mds d’€ en glissement annuel un an plus tôt.

Le secteur des fruits et légumes et, celui des produits préparés à partir de viande, voyaient encore leurs échanges se dégrader sur un an. Au cours des douze derniers mois, le déficit atteint 3,6 Mds d’€. En 2013, le déficit n’était que de 1,1 Mds d’€.

En fait, la France a exporté 62,1 Mds d’€ entre juillet 2017 et juin 2018 de produits agricoles et agroalimentaires contre 60Mds d’€ en 2013 alors que l’excédent commercial avait atteint 11,2 Mds d’€. Mais les importations s’élèvent dorénavant à 55,4 Mds d’€ en glissement annuel contre 48,9 Mds d’€ cinq ans plus tôt.

Les autres secteurs déficitaires ou excédentaires voient leur situation s’améliorer. Ceux qui sont structurellement déficitaires, sont moins déficitaires et ceux qui sont traditionnellement excédentaires, retrouvent des couleurs.

La ferme France parvient à exporter toujours plus mais la concurrence accrue à laquelle se livrent les pays européens conduit immanquablement à des importations sur le marché intérieur en forte croissance. D’où la dégradation du solde commercial.

Ainsi, le solde des échanges commerciaux n’a cessé de diminuer jusqu’à ces derniers mois. L’agriculture et l’industrie agroalimentaire françaises étant moins compétitives, des filières de production ont réduit leur voilure (fraises, asperges) et certaines deviennent de plus en plus importatrices nettes. Avant parfois de disparaître.

Les produits laitiers symbolisent au mieux cette pression concurrentielle. Les exportations (6,6 Mds d’€) ayant augmenté au cours des douze derniers mois moins vite (+ 3%) que les importations (4,06 Mds d’€, +15% en un an), l’excédent commercial de 2,5 milliards d’euros a reculé de 12 %. Et il est inférieur d’un milliard d’euros par rapport au record de 2014.

Depuis janvier 2018, la tendance s’inverse nettement sans que les maux de l’économie agricole et agroalimentaires ne soient pour autant surmontés. L’agroalimentaire français est porté par la conjoncture mondiale et par des récoltes meilleures. Aussi bien au sein de l’Union européenne qu’avec les pays tiers, les échanges se redressent.

Avec les pays tiers hors de l’Union européenne, l’excédent commercial de produits transformés converge vers le record de 2013. Mais avec ses voisins européens, les chiffres de ventes et d’achats traduisent nettement la perte de compétitivité précédemment évoquée de l’industrie alimentaire et de la production agricole. L’excédent quasi nul en 2017 atteint, en glissement annuel sur douze mois, 578 millions d’euros. Mais il était en en 2013 de 5,24 milliards d’euros.  Les ventes de 39,3 Mds d’€ sont au niveau de 2013 mais les importations de produits bruts et surtout transformés (38,8 Mds d’euros) ont bondi de 4 ,8 milliards d’euros en cinq ans.

Ce sont les achats de viandes préparées (5,7 Mds d’€) et de fruits et légumes (7 milliards d’euros) qui pèsent sur les échanges commerciaux entre pays européens. Le déficit s’est accru de 780 millions d’euros en cinq pour s’élever à 3,7 milliards d’euros. Et la filière laitière française fait face à des importations massives.

Toutes destinations confondues, le redressement du commerce extérieur français est imputable aux livraisons de céréales en hausse en volume en 2017-2018 par rapport à l’année catastrophique de 2016-2017. Sur les six premiers mois de l’année, les ventes sont supérieures de 900 millions d’euros et en glissement annuel (juillet 2017-juin 2018), elles ont atteint 5,9 Mds d’€, en progression de 34 %.

Dans les mois à venir, les exportations sont attendues en hausse en valeur mais le record de 2013 ne sera pas renouvelé semble t-il. Alors que les prix étaient au plus haut, les ventes portaient sur 9,5 Mds d’€ et l’excédent céréalier était de 7,6 Mds d’€.

Les oléo-protéagineux ont bien résisté en revanche à la tempête concurrentielle au cours de ces cinq dernières années, mais la filière est plus sensible aux aléas climatiques qu’à la volatilité des marchés. Leurs ventes affichent de meilleurs résultats. La France a vendu au cours de ces douze derniers mois 1,3 Mds d’€, soit 90 millions d’euros de plus qu’en 2013, et elle dégage un excédent de 100 millions d’euros.

En affichant un excédent commercial de 12,3 milliards d’€, en progression en glissement annuel de 1,6 Mds d’€ entre 2013 et 2018, le secteur des boissons et des alcools affiche une certaine insolence. Il est le seul à afficher des résultats en net progrès. Et ce n’est pas fini !
 

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