Stands dédiés, conférences, interventions diverses… L’agriculture urbaine fut particulièrement en vue pendant le dernier salon de l’agriculture. L’occasion de faire le point sur cette activité en plein essor.
Difficile de passer à côté des stands des ParisCulteurs de la mairie de Paris, ainsi que de la ferme de la Glutamine, dans le hall 4 du dernier salon international de l’agriculture, porte de Versailles. Hall 2, l’AFAUP (association française d’agriculture urbaine professionnelle) a répondu encore présente, pour la 5e année consécutive. Quant aux sociétés Myfood, ainsi que les fermes de Gally, leurs stands en propre, n’ont pas désempli, pendant toute la durée du salon. Les conférences et la présence sur les plateaux se sont multipliées.
« Rien de ce qui est agricole n’est étranger aux urbains. » L’introduction de la conférence organisée le 27 février par la métropole du Grand Paris, avec les Jeunes Agriculteurs et l’AFAUP, donnait d’emblée le ton. Aux côtés de Pénélope Komitès, adjointe à la mairie de Paris en charge de l’agriculture urbaine, Patrick Ollier, président de la métropole du Grand Paris, rappelait la volonté de cette dernière de soutenir toutes les formes d’agricultures. « Nous sommes prêts à développer les activités tous azimuts, a-t-il insisté, tout en soutenant l’agriculture existante ». La métropole, qui compte 102 exploitations agricoles, connait en effet un incroyable essor de l’agriculture urbaine sous plusieurs formes et voit les filières courtes se développer. « Ces évolutions nous incitent à repenser la politique agricole métropolitaine », exprime l’élu, détaillant les stratégies mises en place, avec entre autres le concours des miels, un soutien à l’investissement, le Plan alimentation durable et les rencontres agricoles, organisées avec Enlarge Your Paris.
Clément Torpier, jeune agriculteur en Seine-et-Marne, insistait sur la méconnaissance que les citoyens ont de l’agriculture en général et mettait en garde car « la mission première de l’agriculture est avant tout de produire ». L’inquiétude face à des urbains, qui ne comprennent pas leur métier ou les traitent de « gros céréaliers » a fait débat. Pour l’instant, le manque de définition exacte et de statut crée une difficulté pour ces nouveaux agriculteurs. Bertand Manterola, directeur de la DRIAAF d’Ile-de-France (l’antenne régionale du ministère de l’Agriculture pour l’Ile de France) a rappelé que « l’acte de produire est défini dans le code rural ». Ce qui est important « c’est la viabilité », tenait-il à souligner. Comment rapprocher « agriculteurs des villes et agriculteurs des champs ». Simon Ronceray en a fait une excellente démonstration. Ce fils d’agriculteur s’est fait la main en ville pendant quelques années au sein de Veni Verdi, avant de retourner s’installer en ruralité. « Grâce à l’agriculture en ville, on réinvente des choses (…). Nous avons tout intérêt à nous comprendre et à faire des ponts entre nous », soutient-il. « Nous devons utiliser les compétences de « ceux qui font » depuis des générations… »
L’agriculture urbaine s’est par ailleurs aussi invitée sur les plateaux TV de la MSA et de VillageSemence. Jeanne Crombez, maraîchère urbaine à la ferme ouverte de Saint-Denis et secrétaire générale de l’AFAUP témoigne : « En France on est à 220 sites agricoles urbains. À Paris, nous n’avons pas suffisamment d’espaces adaptés à l’agriculture urbaine », soutient-elle aux côtés de Gilles Trystam, directeur général d’Agro Paristech. « Avec l’urbanisation galopante, il n’y aura pas de villes sans une capacité à avoir ce qu’amène l’agriculture (végétalisation arbre et urbanisme…). Ces services sont porteurs d’une dimension énergétique, d’alimentation mais aussi de lien social », insiste-t-il. La maire de Paris, Anne Hidalgo, venue sur le salon le 25 février, s’est affirmée être aussi aux côtés des jeunes agriculteurs qui cherchent des terres pour débuter leur activité. « Nous leur donnons par exemple accès aux aires de captage d’Eau de Paris, en contrepartie de leur engagement de cultiver sans pesticide. Depuis que je suis maire, nous avons dédié 30 hectares de la capitale à l’agriculture », dit-elle.
Sur le plateau d’Agri’recrute et organisé avec les Jeunes Agriculteurs, la question de l’installation en agriculture urbaine a fait aussi débat. Gilles Brenon, président de Gaec et Société, rappelait que l’agriculture urbaine doit être « viable et vivable ». Il est indispensable de bien cerner les difficultés et d’envisager les perspectives. Le colloque de l’INRA sur le sujet pointait quant à lui des perspectives intéressantes, en intégrant la dimension alimentaire, géographique et sociétale de l’activité. Pour Philippe Maugin, président de l’Inra, « l’intérêt pour cette agriculture, c’est la multiplicité des fonctions : alimentaires, sociales, récréatives, paysagères, environnementales, économiques ». Xavier Laureau, gérant des fermes de Gally a conclu la conférence en présentant le projet d’envergure qu’il développe sur la ville de Saint-Denis.
Dès l’année prochaine, le parc des expositions de la porte de Versailles qui accueille le salon sera lui-même le terrain de l’agriculture urbaine, avec la mise en place, sur le toit du pavillon 6, d’un des plus grands projets mondiaux. D’une superficie de 14 000 mètres carrés, cette ferme urbaine gérée par Agripolis et Cultures en ville, sera principalement une zone de production maraîchère et potagère. Au total, 20 maraîchers devraient cultiver 30 espèces différentes de fruits et légumes. A suivre.
Les visiteurs du salon de l’agriculture étaient invités à découvrir la ferme de la Glutamine, sur un grand stand de 200 mètres carrés. « Nous sommes un incubateur pour maraichers, situé à Tresses à 10 kilomètres de Bordeaux, créé en 2017. Nous voulons montrer un visage vertueux d’une nouvelle forme d’agriculture », explique le créateur Charles Edouard Oksenhendler. « La ferme de la Glutamine avec ses Mini Tiny House, le Ferme Lab, Adopte Une Ruche Naturelle, Les Recyclettes, et le compostage urbain participatif (Ndlr : en démonstration sur le stand) veut montrer le visage vertueux d’une nouvelle forme d’agriculture aux portes de la ville ».
Ci-dessous, stand de l’association française d’agriculture urbaine professionnelle (AFAUP) au dernier salon de l’agriculture.
Ci-dessous, l’intervention en conférence de Patrick Ollier, président de la métropole du Grand Paris.
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C’est toujours la même histoire, « nous réinventons une nouvelle agriculture… », « nos produits sont sains… » Tu parles.
« C’est vrai, quoi, les tomates qui poussent sans terre, bouh, ce n’est pas bien !!! » Mais alors, de « l’aéroponie » sur les toits de Paris, quelle classe ! Et le légumes, ils sont bons, mais alors ils sont bons ! Rien à voir avec ce que l’on achète…! Et la pollution ne les atteint même pas… trop forts !
« Rien de ce qui est agricole n’est étranger aux urbains. » Il n’y a justement rien de moins vrai dans cette affirmation ! Notre société n’a jamais autant été coupée de ses racines rurales qu’actuellement. Et ce n’est pas nouveau: l’histoire des poissons carrés, avec les yeux dans les coins, de Coluche, ça date déjà…