Le jeudi 18 septembre 2014, les Ecossais doivent déterminer par référendum s’ils souhaitent l’indépendance, ou conserver leur place au sein du Royaume-Uni. Parmi les arguments avancés par les deux camps, le thème agricole est loin d’être anodin…
Pour les agriculteurs écossais, la question tourne essentiellement autour des aides de la Pac. Seront-elles meilleures ou moins bonnes pour eux en cas d’indépendance ? Evidemment, chaque camp avance des arguments contradictoires, avec des projections de fait contestables, puisque la négociation avec Bruxelles ne peut décemment avoir lieu qu’après le scrutin.
Un mot d’abord sur l’agriculture écossaise. Seul un quart de ses terres sont en cultures. 454 000 hectares de céréales, dont 320 000 en orge, évidemment en vue de la transformation en malt pour les bières et le whisky, avec tout de même aussi un dernier débouché sur l’alimentation animale. 114 000 hectares sont dédiés au blé, et 21 000 à l’avoine. On trouve également du colza, des pommes de terre, légumes, fruits (baies et petits fruits notamment)…
Sur les autres surfaces, moins arables, c’est l’élevage qui domine. Les moutons bien sûr (qui ne connait pas la panse de brebis farcie, plat national écossais ? Le fameux haggis…), mais aussi un élevage de bovins lait et viande, avec quelques races typiques dans les Highlands qui participent grandement aux fameuses légendes de l’endroit… Et avec des fromages célèbres dans le monde entier, comme le cheddar.
L’agriculture écossaise, essentiellement vivrière, est donc complète, si l’on ajoute volailles, porcs ou autres élevages ou cultures de dimensions moindres.
Venons-en à l’actualité, le référendum en faveur, ou non, de l’indépendance de l’Ecosse. Aujourd’hui, l’Ecosse appartient au Royaume-Uni, avec l’Angleterre, le Pays de Galles, et l’Irlande du Nord. Ce référendum pourrait donc sortir les Ecossais de cet ensemble, d’autant que, pour la première fois, un sondage rendu public le 6 septembre a donné la victoire aux indépendantistes, certes d’une courte tête, à 51 %. Et en ce moment, la campagne électorale fait rage. Les pro Royaume-Uni commenceraient même des concessions en promettant une autonomie accentuée aux Ecossais s’ils acceptent de rester dans le giron britannique…
Pour les agriculteurs, au niveau du calcul de la Pac, les aides sont aujourd’hui dévolues au Royaume-Uni dans son ensemble, puis partagées entre les quatre pays. On observe que les agriculteurs écossais ont le troisième plus bas niveau de rémunération en Europe.
La Pac ayant été décidée pour la période 2014-2020, comment pourrait-elle prendre en compte une nouvelle donne ? C’est là toute la question. Il faut savoir que, lors du dernier accord de la Pac, les agriculteurs du Royaume-Uni ont obtenu un supplément, du fait que ceux d’Ecosse avaient été peu payés lors de l’exercice précédent, en raison de leur relief accidenté. Et du coup, qu’adviendrait-il des aides Pac en cas d’indépendance ? Deux hypothèses. La première : comme, jusqu’alors, c’est le Royaume-Uni qui a négocié avec l’Europe, elles pourraient devenir plus faibles pour le nouveau pays, surtout si les pays de l’Est de l’Europe, qui n’ont pas eu droit aux aides pleines et entières d’un coup mais seulement progressivement, demandent également cette progressivité pour l’Ecosse. La seconde : les Ecossais devant cette fois négocier pour eux-mêmes, ils récupéreraient davantage qu’après le double filtre Europe puis Royaume-Uni.
Evidemment, la première hypothèse penche pour un refus de l’indépendance ; la seconde, à l’inverse, constitue un argument favorable à cette indépendance.
Pour autant, lorsque l’on se penche de plus près sur le fonctionnement européen, force est de constater que les deux camps fabulent au moins en partie. Car l’Europe ne statue qu’une fois les faits établis, elle ne fait pas de projections hasardeuses au cas où telle ou telle éventualité arriverait. Mais en attendant, le sujet fait parler…
Au passage, une question qui va vous paraitre étonnante : les agriculteurs français ont-ils quelque chose à gagner dans l’affaire ? La réponse est oui ! Les arguments donnés par des défenseurs de l’indépendance (lien en fin d’article, du site YesScotland) évoquent clairement la volonté anglaise de faire basculer le maximum d’aides du premier vers le second pilier. De la production vers l’effort environnemental. Or, les Ecossais, visiblement, sont contre cette option, et préfèrent les aides à la production. Un peu comme nous, en France, où après bien des tergiversations, nous tentons de revenir à certaines aides couplées…
En d’autres termes, en imaginant que l’Ecosse devienne un pays à part entière, peut-être y aurait-il du lobbying à faire auprès des Scottishs avec des options communes à défendre… D’autant que si le budget de la Pac a baissé pour 2014-2020, c’est au départ sous la volonté britannique.
En savoir plus : http://scotreferendum.com/topic/agriculture-food-and-rural-communities/ (site internet qui détaille les bons côtés prévisibles de l’indépendance écossaise, ici lien direct vers la partie agricole) ; http://www.yesscotland.net/sites/default/files/resources/documents/farming_briefing.pdf (d’autres arguments agricoles en faveur de l’indépendance) ; http://www.bbc.com/news/uk-scotland-scotland-politics-26132806 (autre opinion en faveur de l’indépendance en ce qui concerne l’agriculture écossaise) ; http://www.farmersguardian.com/home/latest-news/sparks-fly-at-nfus-scottish-independence-debate/63097.article (compte-rendu journalistique d’un débat qui a eu lieu en mars dernier entre partisans et opposants à l’indépendance de l’Ecosse, sur le thème de la Pac) ; http://www.thescottishfarmer.co.uk/news/farming-leaders-say-no-thanks.25092191 (l’opinion opposée à l’indépendance).
Notre illustration ci-dessous : ces magnifiques vaches écossaises servent de vitrine à l’office de tourisme de l’Ecosse. Photo issue de la page Facebook https://www.facebook.com/visitscotland.fr, version française de cet office de tourisme.
Ci-dessous, manifestation en faveur de l’indépendance de l’Ecosse, photo issue de la page Facebook Yes Scotland, https://www.facebook.com/YesScotland.
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L’indépendance de l’Ecosse expliquée de cette façon nous donnerait presque envie de les soutenir. Je ne pensais pas qu’il y avait autant d’enjeux agricoles. L’inconvénient de cette indépendance serait que d’autres régions pourraient faire la même demande. On a une grande Europe mais on aurait plein de petits pays!
Françoise C.