L’agrivoltaïsme combine, comme l’agroforesterie, production agricole (élevage, fruits, céréales) et production d’énergie renouvelable. Elle s’inscrit complètement dans la transition agro-écologique de l’agriculture.
La France doit tendre vers la neutralité carbone et le « zéro émission » de gaz à effet de serre. Mais est-on pour cela prêts à accepter des prairies couvertes d’auvents dotés de panneaux photovoltaïques sous lesquels paissent des ruminants? Ou encore des champs céréaliers avec des haies de panneaux alignés à la verticale ?
Dans la Drôme, Alain Clair, producteur de fruits va installer des panneaux photovoltaïques dans le nouveau verger de cerisiers qu’il s’apprête à implanter. Il fait partie des pionniers de l’agrivoltaïsme. Cette activité combine, comme l’agroforesterie, production agricole (élevage, fruits, céréales) et production d’énergie renouvelable. Mais dans les champs, les rangées d’arbres, plantés pour produire du bois de chauffage, sont remplacées par des alignements de panneaux photovoltaïques.
Alain Clair a présenté son projet lors du webinaire « Combiner production agricole et production d’énergie verte : prêt à vous engager dans l’agrivoltaïsme ? », organisé par La France Agricole Factory et Engie.
Pour rendre l’agrivoltaïsme attractif, la production d’électricité ne doit pas se faire aux dépens de la production agricole. « Le groupe Green Engie en a bien conscience de cet enjeu, a affirmé Aline Chapulliot, responsable Nouvelles Offres. Aussi s’adapte-t-il aux contraintes agronomiques et économiques des agriculteurs prêts à se lancer dans cette activité, quitte à ‘’désoptimiser’’ la production d’électricité ».
Dans les champs implantés de panneaux photovoltaïques, Catherine Picon-Cauchard, directrice de recherche à l’Inrae s’attache à montrer que « l’agrivoltaïsme crée des synergies complémentaires ». En Auvergne Rhone Alpes, une partie des prairies naturelles de la ferme expérimentale de Laqueuille de l’Institut de recherche, pâturées par des moutons, est déjà équipée de panneaux photovoltaïques.
Depuis leur installation, « il ressort que l’herbe est plus verte sous les panneaux en période estivale. Et au début du printemps, les prairies repoussent mieux », a expliqué Catherine Picon-Cauchard,. Le fourrage ingéré est ainsi de meilleure qualité. Dans les vergers, les filets anti-grêles pourraient être accrochés aux panneaux.
En combinant aainsi production agricole et production d’électricité, l’agrivoltaïsme est une réponse appropriée pour lutter contre l’artificialisation des terres agricoles. Les parcelles équipées de panneaux ne sont plus éligibles aux aides Pac…pour l’instant!
Toutefois, l’agrivoltaïsme semble prêt à prendre son essor. L’Inrae pilote plusieurs fermes expérimentales. L’Ademe étudie dans quelles conditions des projets agrivoltaïques sont rentables. Et Engie Green « déploie tout ce qu’il faut pour que les projets portés par des agriculteurs prennent forme, affirme Aline Chapulliot responsable Nouvelles Offres. Le groupe accompagne les porteurs de projets en leur proposant des aides à l’investissement ou en montant des dossiers de financement et d’assurance ». De leur côté, les chambres d’Agriculture ont ouvert des guichets dédiés à l’agrivoltaïsme.
L’Inrae, les chambres d’agriculture et l’Ademe étendent leurs expérimentations à toutes les filières de production: viticulture, grandes cultures, élevages. Le projet Camélia de l’Inrae et d’Engie, lancé sur les prairies, sera étendu aux grandes cultures. La production d’électricité sera ainsi analysée sur des panneaux solaires bifaciaux verticaux, implantés de telle manière qu’ils n’handicapent pas le travail des céréaliers.
Ces organisations s’appuient aussi sur la cinquantaine d’agriculteurs pionniers, déjà adeptes de l’Agrivoltaïsme, pour construire des références. Celles-ci aideront les nouveaux exploitants à bâtir leurs projets.
Légende Photo: Troupeau de mouton dans un champ équipé de panneaux photovoltaÏques (@Image source)