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La Sarl Taligot s’est adaptée à l’épandage de digestat

Armel Taligot devant l’une de ces deux tonnes de transfert pour alimenter le caisson.

 
La méthanisation représente de belles opportunités de développement pour les ETA. La SARL Taligot a pris le virage en 2018. Depuis, l’entreprise a réalisé de nombreux investissements pour que sa capacité d’épandage soit à la hauteur des demandes clients toujours plus importantes. L’ETA bretonne s’est également positionnée sur le semis et l’ensilage des Cive. 
 
L’enfouisseur, à atteler dérrière une tonne à lisier ou un automoteur, est un outil indispensable pour travailler avec des agriculteurs méthaniseurs
 
En 2021, les prestations liées à la méthanisation représentaient 10 % du chiffre d’affaires de la SARL Taligot. Cette entreprise, située au Nord-Est du département de l’Ille-et-Vilaine dans une région laitière et porcine, est historiquement tournée vers l’élevage. C’est en 2018 qu’Armel Taligot, qui a intégré l’entreprise de son père en 1998 et qui en est l’actuel dirigeant, prend la décision stratégique d’investir dans du matériel spécifique à la méthanisation. Il est notamment question ici d’épandage, mais aussi d’ensilage et de semis. Pour la SARL Taligot, spécialisée en élevage, ces nouvelles prestations sont une suite logique. « J’ai commencé à discuter avec Florent et Nicolas Morel, deux frères installés respectivement en lait et en porc, qui avaient un projet de méthanisation et qui étaient déjà clients. Il était très important pour eux que le digestat puisse être épandu avec un enfouisseur pour éviter l’évaporation de l’azote amoniacal » se souvient l’entrepreneur.
 

Jusqu’à 7 ensembles d’épandages simultanés

L’ETA possède alors deux tonnes à lisier de 20 000 m3 et une de 23 500 m3, mais aucune ne peut être équipée d’un enfouisseur, car les relevages arrière ne sont pas adaptés. Armel Taligot décide alors d’investir dans un nouveau train d’épandage constitué d’une tonne Samson de 20 000 m3 avec enfouisseur qui est attelée derrière un John Deere 7310. « Parmi ma clientèle, j’avais 2 éleveurs porcins qui étaient également demandeurs sur ce type de prestation. Pour être sûr d’optimiser l’utilisation de cet investissement, j’ai pris également des pendillards pour la nouvelle tonne. Mais dès 2020, elle est restée équipée avec l’enfouisseur toute l’année » se félicite l’entrepreneur breton. Un planning d’autant plus chargé pour ce matériel, qu’entre temps, deux autres unités de méthanisation se sont montées à proximité et ont eu recours aux prestations d’épandage de la SARL Taligot. Dans le même temps, les éleveurs porcins satisfaits de la prestation décident de réaliser la totalité de leurs apports de lisier via l’enfouisseur.
Equipé de roues moins larges, l’automoteur apportera une solution pour épandre du digestat sur maïs avec une rampe à patin au stage 8/10 feuilles © SARL Taligot
Avec les 4 tonnes à lisiers, les deux tonnes de transferts et l’automoteur, l’ETA Taligot mettra en route jusqu’à 7 ensembles lors de la prochaine campagne d’épandage © SARL Taligot
 

Investir pour susciter la demande

Pour augmenter le débit de chantier et répondre à la demande, l’entreprise a acquis un caisson Goma de 85 000 m3 et deux tonnes Joskin de transfert de 26 000 m3, chacune tractée par un Fendt de 250 ch. « Ma réflexion est partie du fait que je trouvais absurde de rouler à vide avec une tonne, un enfouisseur et un tracteur de 300 ch sur la route. Grâce à cette acquisition, j’ai multiplié mon débit de chantier par 2,7 » souligne Armel Taligot. Il ajoute que cet investissement apporte satisfaction aux clients. Ces derniers ont pu constater que le chantier ne durait plus qu’une journée au lieu de trois jours auparavant. Ils sont donc moins gênés par les allers-retours de tonne à lisier dans la cour de la ferme, mais surtout leur mélangeur tourne deux jours de moins. Les agriculteurs réalisent ainsi une économie sur la facture énergétique. « Avec ces investissements, nous avons acquis une vraie réputation sur l’épandage. Nous répondons à des demandes d’agriculteurs qui ne sont pas clients chez nous. Il y a aussi des éleveurs qui ont mis en place des fosses de 4000 m3 car ils savent que nous pourrons assurer la prestation. Avec le caisson, je peux monter à 1100 m3/jour » relate l’entrepreneur. 
Pour répondre à ce cercle vertueux de demande toujours plus importante, il a continué d’investir. Un automoteur Holmer d’épandage avec avancement en crabe va être mis en service en février. Il pourra être équipé d’un enfouisseur ou d’une rampe à patin. « L’enfouisseur est utilisé pour les épandages de digestat avant maïs, mais aussi juste après la moisson, avant l’implantation des Cive » précise-t-il. Le digestat peut également être apporté sur céréale et prairie avec la rampe à patin.
 

La coupe directe pour les Cive

Les épandages de digestat ne sont pas les seules prestations en lien avec la méthanisation. La récolte des Cive est une opportunité pour les ensileuses des ETA. Entre les méteils de seigle et d’avoine du printemps, et les mélanges tournesol/sorgho à l’automne, ce sont plusieurs dizaines d’hectares supplémentaires à ensiler chaque année pour la SARL Taligot. « Pour 80 % des surfaces, j’utilise une coupe directe Krone » indique l’entrepreneur. Il peut par ailleurs utiliser un bec easycollect Krone lorsque les tournesols sont trop développés. « Si les têtes passent au-dessus de la bâche de la coupe directe, elles retombent dans les champs. Dans ces cas-là, j’arrête le chantier et je reviens avec l’Easycollet ». Les becs à maïs Krone permettent également de récolter le sorgho ou niger implantés en juin en culture principale qui peuvent atteindre jusqu’à 3 m de haut.

La coupe directe permet de récolter les Cive avec l’ensileuse

Au-delà de la récolte, l’implantation des Cive représente un surcroît d’activité pour les ETA qui s’y engagent. D’autant plus que ces cultures sont implantées à une période de forte activité. « Avant l’été, il fallait battre et faire la paille. Maintenant sur la même période, il faut battre, faire la paille, apporter le digestat et semer les Cive le plus rapidement possible. Entre une implantation du 15 juillet ou du 15 aout, il y aura une grosse différence de matière sèche récoltée ». Pour ce semis spécifique, il utilise un semoir simplifié Kuhn Espro, acquis deux ans plus tôt pour les couverts végétaux. « Les implantations de Cive pour la méthanisation lui ont permis de trouver toute son utilité » relève l’entrepreneur. Cet outil, équipé de deux trémies et de deux rangées de disques, permet d’implanter des mélanges à différentes densités et profondeurs. Armel Taligot insiste sur l’importance du roulage après le passage du semoir. « Comme l’implantation se déroule en plein été, il est important de mettre la graine au contact du sol. Mais il faut surtout tasser la terre. Contrairement à un semis d’automne, elle ne sera pas rappuyée par la pluie. Comme la récolte se déroule en automne en condition humide, si la terre n’a pas été roulée, elle va coller à la coupe directe et bourrer la machine » insiste-t-il.

Que ce soit pour alimenter les intrants sur site ou pour déstocker le digestat, la méthanisation engendre une demande importante en transport. Au sein de la SARL Taligot, une benne est dédiée à cette tâche 2 à 3 jours par semaine. « Une vingtaine d’agriculteurs alimentent la centrale biogaz de la ville de Fougères. C’est nous qui assurons le transport de la moitié des effluents d’élevage et c’est également nous qui épandons le digestat que nous ramenons dans les parcelles de ces mêmes agriculteurs » précise Armel Taligot.
Le caisson permet de multiplier le débit de chantier par 2,7 © SARL Taligot
 
SARL Taligot : Une histoire familiale
C’est en 1974 que le père d’Armel Taligot crée l’entreprise à Luitré-Dompierre à l’extrême Nord-Est de la Bretagne. A l’époque, il fonde son activité sur l’ensilage, une pratique toute neuve dans l’hexagone, ainsi que sur le battage par automoteur. Le dirigeant actuel rejoint son père en 1998, puis il prend 25 % des parts en 2012. C’est en 2019 qu’il reprend l’entreprise à 100 %. Actuellement la société compte 18 équivalents temps plein et réalise un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros.
 
Auteur: Thimothée Legrand
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