agriculture russie

La Russie n’est pas parvenue à l’autosuffisance alimentaire depuis l’embargo décrété en 2014

La Fédération de Russie inonde les marchés des céréales de blé et d’orge. Mais l’excédent commercial agro-alimentaire russe est structurellement déficitaire de 16 milliards de dollars en 2019 malgré les plans de relance successifs de la production agricole.

La Russie affiche un déficit de 16 milliards de dollars (Mds d’$) malgré la hausse de 30 % de la production agricole depuis 2015. Les exportations massives de céréales (37,5 Mt de blé, 3,5 Mt d’orges pour 2020-2021 selon l’USDA, l’organisme américain de statistiques agricoles) ne compensent pas les importations de produits agroalimentaires, et de produits animaux en particulier, que la Russie ne produit pas en quantités suffisantes pour nourrir ses concitoyens.

Le troisième marché consommation en Europe (465 Mds  de dollars en 2019), après l’Allemagne et la France, a importé l’an passé 20 milliards de dollars de  de viande de porc, d’oeufs, de vin et de bière mais aussi du lait, de la crème et du champagne. La production agro-alimentaire est estimée à 102,4 Mds d’$.

Depuis l’instauration de l’embargo, la Russie a redéployé ses échanges commerciaux en favorisant les pays qui ne lui ont pas imposé de sanctions financières en 2014. La Biélorussie reste son premier partenaire commercial (17 % des importations) suivie par la Chine (6 %), l’Equateur (6 %), la Turquie et l’Allemagne (pour des produits exclus de l’embargo).

La Russie autosuffisante à 80 %

Certes, les plans de relance de la production agricole engagés depuis l’embargo décrété en 2014 par le gouvernement russe, en représailles des sanctions financières prises par 31 pays envers à la Russie pour avoir violé l’intégrité territoriale de l’Ukraine, portent leurs fruits. Le plus grand pays de la planète par sa superficie couvre dorénavant 80 % de ses besoins alimentaires, soit 10 points de plus en cinq ans.

Et dans le même temps, les importations de produits agricoles ont baissé de 31 % entre 2015 et 2018, selon une étude de l’USDA, passant de 43 Mds d’$ à 29 Mds d’$. Mais la baisse est moins importante qu’escomptée car la parité du dollar par rapport au rouble renchérit les prix des produits importés et minimise la valeur des exportations. Le rouble a perdu la moitié de sa valeur par rapport au dollar en cinq ans. Ceci dit, la crise économique qui sévit en Russie réduit le pouvoir d’achat en produits importés des consommateurs.

Le rouble contrarie les plans de relance

Depuis 2014, le gouvernement a engagé plusieurs plans de relance de la production agricole. Celui lancé en 2018 vise à accroître les exportations de produits agricoles et alimentaires de 70% d’ici 2024. Il souhaite les porter à plus de 45 milliards de dollars. Mais la Russie restera un pays exportateur de céréales à paille, prêt à alimenter l’Afrique du Nord, la première région importatrice au monde de blé (29,6 Mt en 2020-2021 selon l’USDA).

En 2020, « la Russie a adopté une nouvelle doctrine de la sécurité alimentaire, explique l’USDA. Elle vise l’autosuffisance alimentaire sans avoir recours aux biotechnologies en productions animales et végétales ».

Le gouvernement russe mobilise beaucoup de moyens pour redresser la balance commerciale agroalimentaire en investissant dans les infrastructures ferroviaires ou encore en soutenant les constructions de bâtiments d’élevage.

Mais là encore, la parité du rouble contrarie l’efficacité des plans de relance. A l’échelle des exploitations, les prix en dollars, convertis en roubles, des céréales exportées rémunèrent très bien leurs producteurs. Ils n’ont donc aucun intérêt de privilégier l’approvisionnement du marché intérieur et de favoriser l’essor de l’élevage. Alors qu’au niveau national, l’enjeu est le redressement de la balance commerciale agricole et agroalimentaire.


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