Et si l’Europe ne votait pas dans les temps son budget, de telle sorte que la nouvelle Politique agricole commune, dont la réforme est programmée pour débuter le 1er janvier 2014, ne soit pas financée ? Le débat fait rage à Bruxelles, et les conséquences pourraient se révéler catastrophiques pour les agriculteurs.
L’absence de leadership en Europe avec la mise entre parenthèses du couple franco-allemand depuis les élections françaises donne de fait plus de portée aux voix dissonantes. Actuellement, sept Etats (l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, les Pays-Bas, la République tchèque, le Royaume-Uni et la Suède) appellent au gel du budget européen, là où la Commission européenne voulait le faire augmenter de presque 5 %. La France notamment, attendant probablement le résultat de ses élections législatives, fournit aujourd’hui une position ambigüe, dénonçant celle qu’elle avait adoptée avec son précédent gouvernement sans pour autant se positionner autrement aujourd’hui. Elle souhaitait le gel du budget européen, et donc de celui de la Pac préservant ainsi le revenu agricole ; aujourd’hui cela semble beaucoup moins clair, même s’il est annoncé que les agriculteurs ne devraient pas souffrir des éventuels changements demandés.
Le problème est que le temps passe, et que le cadre budgétaire pour la période 2014-2020 doit être défini au plus tard pour le Conseil européen de décembre 2012 (l’Europe sera alors sous présidence chypriote). Si ce n’était pas le cas, une séance exceptionnelle, celle de la dernière chance, pourrait avoir lieu en mars 2013 (sous présidence irlansaise).
Il est un fait que, tant que le budget européen ne sera pas clairement défini, la réforme de la Pac ne pourra pas être adoptée. Certaines voix évoquent même un retard à l’allumage, comprenez un début reporté pour la nouvelle Pac.
Question, quid de la période intermédiaire entre la Pac actuelle et la nouvelle Pac, s’il devait y avoir un délai supplémentaire ? Question bis : ce délai sera-t-il mis à profit pour faire évoluer la nouvelle Pac selon d’autres orientations ? Questions sans réponse actuellement. C’est le flou artistique, avec des perspectives sombres pour les agriculteurs européens tant que les politiques n’auront pas tranché. il n’est rien de pire pour une profession en grande partie fondée sur l’investissement que de ne pas connaître les orientations qui lui seront demandées.
En savoir plus : http://www.euractiv.fr/reforme-pac-prise-piege-budget-article et http://www.leparisien.fr/flash-actualite-economie/les-agriculteurs-europeens-otages-du-bras-de-fer-sur-le-budget-de-l-ue-05-06-2012-2033815.php (deux articles sur le sujet).