La filière bioéthanol s’est engagée dans un cycle de développement vertueux. Le E85 représente 3 % du marché de l’essence. L’objectif d’incorporation de biocarburants dans l’essence passera de 7,9 % en 2019 à 8,2 % en 2020. Un sixième des stations-service est équipé d’une pompe E85 et 13 modèles de boitiers homologués pour convertir les moteurs-essence au E85 sont en vente.
La consommation de E85 (essence composée à 85 % d’éthanol) a progressé de 85 % l’an passé. Elle représente désormais 3 % des parts de marché de l’essence en France.
Notre pays a les moyens d’augmenter la production de bioéthanol. Aujourd’hui plus de 50 000 agriculteurs sont engagés dans la filière en livrant une partie de leurs betteraves et de leurs céréales à la transformation, selon la Collective du bioéthanol (deux entités regroupées : l’association interprofessionnelle de la betterave et du sucre et le syndicat national des producteurs d’alcool agricole). Ils mobilisent l’équivalent de 0,6 % de la SAU (soit 180 000 hectares). Dans le secteur de la transformation, les 16 sites industriels génèrent directement ou indirectement 9 000 emplois.
Pour les céréaliers et les planteurs de betteraves, la production de bioéthanol est une opportunité pour valoriser leurs productions. La tonne de betteraves sucrières est plombée par les contrats à prix fixe.
Cette année, la Collective du bioéthanol ambitionne une croissance de la consommation de E85 de 50 % et d’une part de marché de E10-SP98 de 50 %.
1,3 million d’hectolitres de bioéthanol en plus serait alors consommé aux dépens du marché de l’export, précise la Collective du bioéthanol. Pour le produire, il aura mobilisé 7 000 hectares de terres cultivées à part égales en céréales et en betteraves sucrières.
En France, la filière bioéthanol est promise à un bel avenir car les produits agricoles transformés (céréales, maïs, betteraves) ne résultent pas de la culture de terres présentant un important stock de carbone comme c’est la filière huile de palme dont l’essor est réalisé aux dépens des forêts et des terres humides, rapporte la Commission européenne dans un Règlement délégué publié l’an passé.
A 0,69 €/l en moyenne en 2019, l’E85 (essence composée à 85 % d’éthanol) est devenu un produit d’appel. Les stations-service, et surtout la grande distribution, ont compris l’intérêt de commercialiser l’E85 puisque ce carburant permet aux automobilistes de réaliser 600 € par an en roulant 13 000 kilomètres par an.
Résultat, on dénombrait 1 740 stations-service équipées en 2019 d’une pompe d’E85, soit 684 de plus en un an. A la fin de l’année, on en comptera plus de 2 000.
Pour passer au E85 l’an dernier, les automobilistes ont aussi pu compter sur treize modèles de boitiers homologués proposés par les réseaux d’entretien de voitures et sur une fiscalité avantageuse (80 % de la TVA récupérable sur les véhicules de société, subvention dans trois régions pour installer des boitiers pour les particuliers).
Le constructeur Ford ne sera plus bientôt le seul à proposer des véhicules (des Kuga) qui roulent au E85. Ses concurrents doivent aussi proposer d’autres modèles.
Aujourd’hui, le SP95-E10 (10 % d’éthanol) reste le principal moteur de croissance de la production de bioéthanol. Il représente dorénavant 49,7 % de la consommation totale d’essence alors que de moins en moins de SP95 et de SP98 sont vendus. L’an prochain, la part de marché du SP95-E10 dépassera allègrement le seuil de 50 %.
En fait le marché de l’automobile s’est mis au diapason. Seules 36 % des véhicules neufs immatriculés roulent au diésel.
Depuis quelques mois, la filière bioéthanol est aussi portée par une actualité européenne et française qui favorise l’essor de la production des biocarburants, se réjouit la Collective du bioéthanol.
Certes, l’architecture règlementaire sur laquelle repose la production de bioéthanol est complexe mais elle est au final très favorable. Au niveau national, la loi de finances pour 2020 accroît l’objectif d’incorporation de biocarburants dans l’essence de 7,9 % en 2019 à 8,2 % en 2020 puis 8,6 € en 2021 tout en prenant en compte spécifiquement l’éthanol issu de résidus sucriers et amidonniers pour une part respective de 0,2 %, de 0,4 % et de 0,6 %.
Par ailleurs, la production de bioéthanol est un des piliers sur lesquels repose le pacte vert (green deal) présenté le 11 décembre 2019 par la nouvelle Commission européenne ,avec comme objectif la réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050. Dans les transports, ce green deal vise même une réduction de 90 % des gaz à effet de serre.
Pour sa part, la filière du bioéthanol demande la révision de la directive Red II pour augmenter l’objectif d’énergies renouvelables dans les transports en 2030 actuellement de 14 % et pour relever le plafond fixé à 7 % pour les bio carburants issus de matières premières agricoles.
La Collective du bioéthanol souhaite aussi que le règlement relatif aux émissions de CO2 des véhicules neufs soit revu pour intégrer, dans le bilan carbone, l’ensemble de la fabrication. Sont en l’occurrence visés, les véhicules électriques, dont la production est fortement émettrice de gaz à effet de serre.
Il n'y a pas de commentaires pour le moment. Soyez le premier à participer !
la filière éthanol pose un problème de cohérence globale : il faut plus d’un litre de fuel pour faire un litre d’éthanol …
Si on prend en compte la consommation d’énergie pour fabriquer un litre d’éthanol (tracteur dans les champs + fabrication de l’éthanol) il faut dépenser plus d’énergie que ce que contient le litre d’éthanol … donc le bilan est négatif !
la filière énergie agricole la plus « cohérente » c’est la méthanisation.