A Chénérailles, dans la Creuse, les bovins sont désormais vendus également par internet, en temps réel, avec le marché au cadran d’Ussel, en Corrèze. Une prouesse technologique unique en Europe pour la filière bovine, réalisée grâce à l’arrivée de la fibre optique.
Les mardis matins, le foirail de Chénérailles, dans la Creuse, était plutôt habitué au calme. Pourtant, depuis quelques semaines, une nouvelle activité a vu le jour. Les éleveurs de bovins dans un rayon de 30 à 40 kilomètres n’ont plus besoin de transporter leurs animaux à une heure de route en camion. Ils peuvent venir avec leurs bétaillères pour vendre leurs bovins, près de chez eux.
Cette évolution a été rendue possible grâce à la fibre optique qui passait à proximité des lieux. Depuis, des installations (caméras, logiciel spécifique, écrans) permettent une visio-vente sur le marché au cadran d’Ussel, en Corrèze. Les acheteurs qui ont fait le déplacement en Corrèze voient les bovins creusois derrière un écran. Deux caméras filment les animaux mis en vente, stationnés dans un ring. Tout autour, des bouviers classent les vaches et taurillons dans les box en attendant leur passage dans le ring. Au préalable, toutes les démarches réglementaires ont été réalisées dès l’arrivée des éleveurs.
De leur côté, les Creusois assistent aux enchères qui se déroulent chez leurs voisins, le tout en temps réel. Ils voient les animaux qui sont présentés à la vente et entendent en direct défiler les chiffres jusqu’au moment de l’acquisition.
Cette expérience est unique en Europe dans la filière bovine (au rayon fruits et légumes, on est plus familier de l’usage de cette technologie). Cela dit, internet n’a pas effacé l’expertise de l’oeil humain. Sur place, un médiateur apporte des informations que la caméra pourrait atténuer, en particulier les défauts. Une transparence dans la vente que Jérémy Sauvant, chef des ventes, explique par le souci « d’éviter les litiges le lendemain matin ».
Bien sûr, ce mode de vente dépend de la qualité du débit et de la stabilité des lignes internet, concède Pascal Vilain, de la société LBP qui développe le système. « Il faut former les gens sur place pour avoir la meilleure image possible. »
Pour le moment, la nouveauté n’a pas totalement séduit les éleveurs creusois, encore frileux à vendre de cette façon. Sur ces terres, les coopératives sont bien implantées et maîtrisent le marché. Cependant quelques-uns tentent l’expérience et apportent des bêtes. D’autres viennent pour voir comment ça se passe. Le gros avantage de ce type de vente réside dans la possibilité de repartir directement avec son chèque, si on a respecté au préalable les démarches réglementaires la semaine précédente. Et dans le contexte actuel, il est des détails qui n’en sont plus !
Pour le marché au cadran d’Ussel, cette annexe creusoise est l’occasion de grossir son volume de ventes, et donc d’être plus attractif auprès des acheteurs. L’autre atout réside dans la diversité des races. Si le secteur d’Ussel est très spécialisé en bovin limousin, son homologue creusois est plus panaché entre Limousines et Charolaises.
Une centaine de bêtes sont vendues en Creuse, la « maison mère » compte 4 à 5 fois plus de transactions par marché.
En savoir plus : http://www.cadran-ussel.com (site du marché au cadran d’Ussel) ; http://www.lbp.fr (site du concepteur d’outils électroniques qui autorise les enchères à distance).
Photo ci-dessous : nous sommes au marché au cadran, en vision-vente par internet. Trois écrans : un pour la vente en Creuse, un autre sur les renseignements de la vente, et le dernier sur le marché au cadran d’Ussel.
Ci-dessous, l’acheteur en Corrèze a acquis une bête en Creuse qu’un transporteur lui apportera.
Deux caméras filment en direct un bovin dans un ring et les acheteurs enchérissent à plusieurs kilomètres… Le tout grâce à une liaison internet de grande qualité.