crise agricole statistiques

La crise agricole en France expliquée par les chiffres et les graphiques

Pour bien comprendre les caractéristiques structurelles de la crise agricole actuelle, il est nécessaire de se pencher sur les données de Graph Agri élaborées par les statisticiens du ministère de l’Agriculture. WikIAgri en établit une synthèse à travers des chiffres-clés et illustrés par des graphiques.

La crise agricole actuelle a été abondamment traitée et analysée. Mais les données fournies par les services de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture dans le document appelé Graph Agri, qui se présente comme un « panorama de l’agriculture, des industries agroalimentaires, de la forêt et de l’alimentation », donnent une vision plus structurelle de cette crise, en particulier dans sa dernière édition parue début 2016. On peut ainsi identifier dix symptômes de cette crise à la fois multiforme et structurelle qui sont ici illustrées par 25 chiffres et 25 graphiques.

(1) Réduction des surfaces agricoles

– 16 %

C’est la baisse, en pourcentage, de la surface agricole utilisée en France métropolitaine entre 1950 et 2014. Cette baisse a été en moyenne de 880 000 hectares par décennie entre 1960 et 2010 avec un record établi entre 1980 et 1990 où les surfaces agricoles ont diminué de 1,13 million d’hectares : – 800 000 entre 1960 et 1970, – 800 000 entre 1970 et 1980, – 1 129 000 entre 1980 et 1990, – 808 000 entre 1990 et 2000 et – 881 000 entre 2000 et 2010.

Evolution de la superficie agricole utilisée en France métropolitaine entre 1950 et 2014, en milliers d’hectares

Cette réduction des surfaces agricoles concernent avant tout les cultures permanentes (- 51 %) et les cultures fourragères (- 28 %). En revanche, les surfaces consacrées aux grandes cultures ont progressé depuis 1950 de l’ordre de 12 %. D’ailleurs, si les cultures fourragères représentaient 57 % des surfaces agricoles en France en 1950, elles n’en représentent plus que 49 % aujourd’hui. Parallèlement, la part des grandes cultures a beaucoup progressé en passant de 34 % à 46 %.

Evolution de la superficie agricole utilisée en France métropolitaine entre 1950 et 2014 par type de cultures, en milliers d’hectares

– 50 %

C’est la baisse, en pourcentage, du nombre d’hectares de vignes entre 1950 et 2014. La surface viticole française est ainsi passée 1,574 millions d’hectares en 1950 à 791 000 en 2014. Ces dernières décennies, on a pu également observer une montée en gamme puisque les vignes visant à produire des vins d’appellation représentaient 33 % du total des surfaces viticoles en 1980. Elles en représentent désormais 56 %.

En ce qui concerne les autres cultures permanentes, on constate également une réduction de surfaces cultivées : de 51 % pour l’ensemble de ces cultures entre 1950 et 2014 et de 61 % pour les vergers.

Evolution de la superficie agricole utilisée en France métropolitaine entre 1950 et 2014 pour les cultures permanentes, en milliers d’hectares

– 83 %

C’est la baisse, en pourcentage, du nombre d’hectares consacrés à la production de pommes de terre. Parmi les grandes cultures, les parcelles consacrées à la production de céréales, d’oléagineux et de protéagineux (Cop) ont progressé de 36 % entre 1950 et 2014. Ces productions représentent même 91 % des surfaces liées aux grandes cultures. Cette progression concerne plus précisément les oléagineux (colza, tournesol, soja et lin oléagineux), qui sont passés de 1 % de la surface des grandes cultures en 1950 à 17 % en 2014. Les autres types de production ont peu évolué (cultures industrielles) ou se sont effondrées (pommes de terre). La production de pommes de terre, qui monopolisait 8 % des surfaces agricoles consacrées aux grandes cultures en 1950, n’en représente plus que 1 %.

Evolution du nombre d’hectares consacrés aux cultures permanentes en France métropolitaine entre 1950 et 2014, en pourcentages

– 72 000 hectares

Cela correspond au nombre d’hectares agricoles perdus en moyenne chaque année en 2013 et en 2014. 54 % du territoire de la France métropolitaine était consacré à l’agriculture en 2014. Cette part était en légère baisse ces dernières années. Entre 2006 et 2014, 524 000 hectares de terres agricoles ont été, en effet, artificialisés et 815 000 ha sont devenus des sols naturels (landes ou friches, espaces boisés). Parallèlement, sur la même période, 190 000 ha de sols artificialisés et 584 000 ha de sols naturels ont été transformés en terres agricoles. 25 % du territoire est consacré à la sylviculture et seulement 2 % à l’industrie et aux services. Les sols cultivés représentaient, quant à eux, 36 % de l’occupation physique du territoire métropolitain en 2014, les sols boisés, 31 %, et les sols artificialisés, 9 %.

En 2014, la surface agricole utilisée (SAU) représentait 52,4% de la surface totale en France métropolitaine (et 45,4 % pour l’ensemble de la France avec l’outre-mer). Cette part était également en baisse puisqu’elle s’élevait à 63 % en 1950. La SAU est supérieure à 60 % de la surface totale dans le Nord et l’Ouest de la France. Les départements les plus agricoles sont le Pas-de-Calais (70,1 % de la surface totale du département), la Vendée (71,2 %), l’Indre (72,2 %), le Calvados (72,7 %), le Gers (73,3 %), la Manche (75,5 %), la Somme (76,0 %), les Deux-Sèvres (76,5 %), l’Eure-et-Loir (76,8 %) et la Mayenne (77,8 %). En revanche, la SAU est beaucoup plus faible dans le Sud-Est avec 25 % en PACA et 36 % en Rhône-Alpes et en Languedoc-Roussillon. Les départements où la SAU est la plus faible se trouvent sur la Côte d’Azur – Var (12,3 %), Alpes Maritimes (13,7 %) – et surtout en Île-de-France – Hauts-de-Seine (2,4 %), Seine-Saint-Denis (5,9 %), Val-de-Marne (7,8 %).

+ 95 %

C’est l’accroissement en pourcentage du prix des terres agricoles entre 1997 et 2014, en l’occurrence des terres labourables et des prairies naturelles libres de toute location en France métropolitaine (hors Corse). Ceci s’explique notamment par la faiblesse des taux d’intérêt et la présence de non-agriculteurs sur ce marché.

Evolution du prix des terres agricoles entre 1970 et 2014, en euros par hectare

16 270 €

C’est le prix moyen en euros des terres agricoles les plus chères de France qui se trouvaient dans les Bouches-du-Rhône en 2014. Les prix moyens des terres agricoles en France métropolitaine s’élevaient à 5 910 euros cette année-là. Les prix les plus élevés concernaient des terres se situant dans le Sud – les Alpes-Maritimes (9 010 euros), le Gard (9 030 euros), le Vaucluse (12 650 euros), le Var (15 780 euros) et donc les Bouches du Rhône (16 270 euros) –, dans le Nord – le Nord (12 010 euros), le Pas-de-Calais (12 420 euros) – et en Ile-de-France – l’Essonne (9 270 euros), la Marne (9 530 euros), le Val-d’Oise (10 300 euros) –, mais aussi en Haute-Savoie (9 020 euros) et dans la Somme (9 440 euros).

(2) Exploitation agricoles : entre une chute de leur nombre et une concentration croissante

– 56 %

C’est à la baisse, en pourcentage, du nombre d’exploitations agricoles en France métropolitaine depuis 25 ans, soit entre 1988 et 2013. On compte actuellement 451 600 exploitations, contre 1,017 million en 1988.

Evolution du nombre d’exploitations agricoles en France métropolitaine, en milliers

– 69 %

C’est la baisse, en pourcentage, du nombre d’exploitations agricoles individuelles entre 1988 et 2013. Les exploitations individuelles représentaient 93 % des exploitations en France en 1988. Elles n’en représentent plus que deux-tiers aujourd’hui, contre 34 % pour les différentes formes sociétaires. On constate, en effet, que le nombre d’exploitations individuelles a tendance à baisser ces dernières années au profit des diverses formes sociétaires, en particulier les exploitations agricoles à responsabilité limité (EARL), qui ont littéralement explosé : elles sont passées de 1 600 en 1988 à 84 400 en 2013.

Evolution du nombre d’exploitations en France métropolitaine en fonction de leur statut juridique entre 1988 et 2013, en pourcentages

Ceci est lié, comme on le verra aussi plus loin, à la baisse du nombre de petites exploitations. En effet, près de la moitié des exploitations individuelles sont de petites exploitations et 95 % de ces dernières sont des exploitations individuelles. L’accroissement de la part des grandes exploitations explique également cette évolution, puisque 68 % d’entre elles ont des formes sociétaires. Parmi les différentes formes sociétaires dominent les EARL (19 % du total des exploitations), puis les Groupements agricoles d’exploitation en commun (8 %) et les sociétés civiles (5 %). C’est dans l’élevage ovin et caprin que l’on compte la plus grande proportion d’exploitations individuelles, dans l’élevage porcin et de volailles celle d’EARL et dans l’élevage de bovins pour le lait celle de GAEC (Gaec laitiers).

– 70 %

C’est la baisse, en pourcentage, du nombre de petites exploitations agricoles entre 1988 et 2013. Dans la période récente, l’évolution du nombre d’exploitation tend, en effet, à varier en fonction de la taille de l’exploitation. La baisse est très prononcée pour les petites exploitations (- 70 % entre 1988 et 2013) – on en comptait 144 000 en 2013 – et pour les exploitations moyennes (- 66 %), avec 132 000 exploitations en 2013. En revanche, le nombre de grandes exploitations a tendance à s’accroître (+ 20 % entre 1988 et 2013) pour atteindre le chiffre de 176 000 en 2013.

Evolution du nombre d’exploitations en France métropolitaine en fonction de leur taille entre 1988 et 2013, en pourcentages

La part des grandes exploitations dans les exploitations agricoles est ainsi passée de 14 % en 1988 à 39 % en 2013, tandis que celle des petites exploitations chutait de 47 % à 32 %. On a donc pu observer une forte concentration des exploitations en l’espace de 25 ans. On peut y voir aussi le signe d’une crise de l’agriculture familiale traditionnelle. En 2013, on trouvait ainsi en France davantage de grandes exploitations (39 %) que de petites (32 %) et de moyennes exploitations (29 %). L’un des symptômes de cette évolution a été le fait que la surface agricole utilisée (SAU) moyenne a beaucoup progressé dans la période récente en passant de 28 ha à 62 ha. Les grandes exploitations utilisent d’ailleurs 69 % de la surface agricole avec une SAU moyenne de 111 ha, contre seulement 7 % pour les petites exploitations avec une SAU moyenne de 13 ha. Ce sont les exploitations spécialisées dans les grandes cultures (38 %) qui représentent la part la plus élevée des plus grandes surfaces agricoles, devant les élevages bovins (31 %).

Evolution du nombre d’exploitations en France métropolitaine en fonction de leur taille, en milliers

– 74 %

C’est la baisse en pourcentage du nombre d’exploitations agricoles spécialisées dans l’élevage de bovins pour le lait entre 1988 et 2013. Ce sont les exploitations qui ont vu leur nombre se réduire le plus rapidement sur cette période. Elles sont passées de 175 000 en 1988 à seulement 46 000 en 2013. Elles représentaient 17 % du total des exploitations il y a 25 ans, contre seulement 10 % aujourd’hui. Cette baisse du nombre d’exploitations a été également très forte pour l’autre grand secteur agricole en crise, à savoir l’élevage de bovins pour la viande : de 99 000 à 47 000, soit une diminution de 53 % en 25 ans. En 2013, on comptait au total 108 000 exploitations spécialisées dans l’élevage bovins (bovins viande, bovins lait, bovins mixte), contre 299 000 en 1988, soit une baisse de 64 %. Près de deux tiers des exploitations spécialisées dans l’élevage bovin ont donc disparu en l’espace d’un quart de siècle.

Le nombre d’exploitations dans les autres élevages ou d’exploitations viticoles a aussi fortement chuté : -48 % pour les ovins et caprins, – 51 % pour la viticulture, – 57 % pour les porcins et volailles. C’est encore plus net pour les exploitations polyculture et polyélevage avec une baisse de l’ordre de 72 %. Les exploitations spécialisées dans les grandes cultures, qui représentent 27 % du total des exploitations agricoles, souffrent un peu moins de cette érosion puisque leur nombre baisse de « seulement » 31 % entre 1988 et 2013.

Evolution du nombre d’exploitations en France métropolitaine en fonction de leur spécialisation entre 1988 et 2013, en pourcentages

(3) Des agriculteurs toujours moins nombreux et vieillissants

– 5,7 %

C’est la baisse, en pourcentage, du nombre d’actifs permanents travaillant dans les exploitations agricoles métropolitaines entre 2010 et 2013. Ils étaient 854 100 en 2013. Les chefs d’exploitation étaient 577 400 en 2013, contre 150 300 salariés permanents et 126 400 actifs apparentés au chef d’une exploitation individuelle. On observe également une évolution importante dans la structure de l’emploi avec une baisse prononcée du nombre d’actifs des exploitations individuelles (- 17 % entre 2010 et 2013), une baisse plus faible du nombre de chefs d’exploitations (- 5 %) – leur nombre augmente même légèrement pour les moyennes et grandes exploitations – et une très faible progression de celui des salariés permanents (+ 1 %).

Nombre d’actifs permanents en fonction de la taille de l’exploitation agricole en 2013

51 ans

C’était l’âge moyen en nombre d’années des chefs d’exploitations agricoles en 2013. C’est beaucoup plus que pour la moyenne des actifs qui est de 40 ans. 70 % d’entre eux ont entre 40 et 64 ans. 38 % de chefs d’exploitation ont même 55 ans ou plus, tandis que 5 % ont moins de 30 ans. Le plus étonnant est qu’il y a plus de chefs d’exploitation de 80 ans et plus (9 500) que de moins de 25 ans (6 400). Ce vieillissement semble concerner en premier lieu les petites exploitations où 45 % des exploitants ont 60 ans et plus. En effet, plus l’exploitation est grande et plus la part des jeunes est élevée. Seuls 11 % des chefs d’exploitations avaient ainsi moins de 40 ans au sein des petites exploitations. Ils étaient 18 % dans les moyennes exploitations et 23 % dans les grandes exploitations.

Effectifs des chefs d’exploitation en fonction de l’âge en 2013, en milliers

(4) Des résultats financiers en dent de scie et un endettement souvent élevé

25 200 €

C’était le résultat courant avant impôt en euros par actif non salarié en 2013. Ce résultat a été extrêmement fluctuant depuis le début des années 2000 avec une hausse continue de 2003 à 2007, suivie d’un effondrement  en 2007-2008 et d’une remontée ensuite jusqu’en 2012, avant d’amorcer une nouvelle baisse en 2013.

Evolution du résultat courant avant impôt par actif non salarié, en milliers d’euros 2013

181 100 €

C’était l’endettement moyen en euros par exploitation pour les moyennes et grandes exploitations en 2013. C’est dans l’élevage porcin que l’endettement moyen est le plus élevé, celui-ci atteignant 409 500 euros, devant l’élevage de volailles (262 400 euros). Les éleveurs de bovins pour la viande font partie des agriculteurs qui sont les moins endettés avec une moyenne de 116 800 euros. Les éleveurs de bovins pour le lait, eux, le sont davantage, avec une moyenne de 199 300 euros. Cet endettement élevé des éleveurs porcins est bien entendu amplement lié au fait que ce sont eux qui ont les charges courantes les plus élevées avec une moyenne de 560 700 euros par exploitation. Ces charges concernent majoritairement les animaux, leur alimentation, les produits vétérinaires ou de reproduction animale ou encore les travaux et services pour l’élevage.

Au total, 10,6 % des moyennes et grandes exploitations ont un endettement de 400 000 euros et plus et 17,7 % de 300 000 euros et plus. En revanche, 60,7 % des exploitations agricoles françaises ont un endettement inférieur à 150 000 euros et même à 50 000 euros pour 29,0 % d’entre elles.

67,9 %

C’était le taux d’endettement, en pourcentage, c’est-à-dire l’ensemble des dettes rapportées au total de l’actif des exploitations, des éleveurs de volailles en 2013. Ce sont les exploitations qui ont le taux d’endettement le plus élevé. Elles arrivent devant celles des éleveurs porcins avec un taux de 65,5 %. Ce sont les éleveurs de bovins pour la viande qui ont le taux le plus faible avec un taux de 30,8 %. Les éleveurs de bovins pour le lait, eux, ont un taux d’endettement bien plus élevé, de l’ordre de 45,7 %.

Le taux d’endettement moyen pour les exploitations moyennes et grandes s’élevait à 41,4 % en 2013, alors qu’il était de 35,3 % en 1990. Dans la période récente, il a atteint son niveau maximal en 2009 avec un taux de 41,9 %.

Evolution du taux d’endettement des exploitations moyennes et grandes entre 1990 et 2013, dettes totales par actif, en pourcentages

(5) Des conditions de travail difficiles

21 359 accidents de travail

Cela correspond au nombre d’accidents de travail avec ou sans arrêt des chefs d’exploitation agricole en 2013. Le nombre d’accidents de travail avec arrêt des salariés agricoles des filières culture-élevage s’élevait à 13 208 en 2013.

83 %

C’est le pourcentage des exploitants agricoles qui, dans une enquête réalisée en 2013, disaient faire face à des contraintes physiques intenses, à savoir porter ou déplacer des charges lourdes, effectuer des mouvements douloureux ou fatigants, rester longtemps debout, subir des secousses ou des vibrations, rester longtemps dans une autre posture pénible, effectuer des déplacement à pied longs ou fréquents. C’est beaucoup plus que pour la moyenne des non salariés qui était de 51 %. Les salariés agricoles sont 82 % à partager ce point de vue, contre une moyenne de 43 % pour l’ensemble des salariés. Parmi les difficultés rencontrées dans leur travail quotidien, les chefs d’exploitation sont 81 % à signaler des risques physiques ou des expositions à des produits dangereux et 74 % des contraintes horaires.

Conditions de travail difficiles, déclaration des agriculteurs exploitants en 2013, en pourcentages

(6) Une évolution défavorable des prix

– 5 %

C’est l’évolution en pourcentage des prix agricoles à la production entre 2013 et 2014. Cette décrue des prix serait liée à la baisse des cours des céréales, suite à d’abondantes récoltes, mais aussi des fruits et légumes et des animaux.

Evolution des prix agricoles à la production entre 1990 et 2014, indice 100 en 2010 (choisie comme année de référence)

(7) Des consommateurs de moins en moins friands de viandes bovines

+ 43 %

Cela correspond à l’augmentation, en pourcentage, des dépenses des ménages en produits de l’agriculture et des industries agroalimentaires entre 1980 et 2013. On peut néanmoins constater que ces dépenses ont cru à un rythme moins rapide que l’ensemble des dépenses des consommateurs.

Evolution de la consommation des ménages entre 1980 et 2014, indice 100 en 1980

– 16,8 kilos

C’est le nombre de kilogrammes de viandes qu’un Français consommait en 2014 en moyenne en moins sur une année par rapport à 1990. S’il consomme davantage de viandes de volailles (+5,4 kg), notamment de poulets (+5,9 kg), en revanche, il tend à moins consommer de viande porcine (-4,3 kg) et surtout de viande bovine (-6,0 kg) et a fortiori de viandes de cheval, de lapin ou de gibier (-8,7 kg).

Evolution globale de la consommation de viandes entre 1980 et 2014, en kilos

Evolution par secteurs de la consommation de viandes entre 1980 et 2014, en kilos

En ce qui concerne l’évolution de la consommation de lait et de produits laitiers par les ménages français depuis le début des années 1970, on peut constater que la consommation de lait et de beurre tend à stagner et même à légèrement baisser, tandis que celle des produits transformés par les industries agroalimentaires, principalement les yaourts aromatisés, les desserts lactés, la crème fraîche et le fromage frais, progresse fortement.

Evolution de la consommation de lait et de produits laitiers entre 1973 et 2014, indice 100 en 1973

 

(8) Un recul du montant des aides publiques

– 7 %

C’est la baisse en pourcentage du montant des aides publiques à l’agriculture entre 2000 et 2014. On observe, en effet, depuis 2011 une baisse de ces aides en provenance du budget de l’Etat français, de l’Union européenne dans le cadre de la PAC ou des collectivités locales. En 2014, le total de ces dépenses s’élevait à 14,9 milliards d’euros. Cette baisse est notamment liée au nouveau cadre budgétaire européen mis en œuvre depuis 2014. Les dépenses de soutien des marchés et des revenus représentent 59 % du total de ces aides. Parmi ces dépenses, on peut noter une évolution très nette en lien avec les réformes de la PAC de 1992 et de 2000. Les dépenses pour la régulation des marchés sont ainsi passées de 71 % de ces dépenses à seulement 3 % en 2014. Ce sont désormais les paiements uniques qui représentent 71 % de ces dépenses.

Evolution des concours publics à l’agriculture entre 1990 et 2014, en milliards d’euros

(9) Une place de plus en plus marginale de l’agriculture dans l’économie française

1,5 % du PIB

C’est la part en pourcentage des secteurs de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche dans le PIB en 2014. Cette part est en baisse constante ces dernières décennies puisqu’elle s’élevait à 3,6 % en 1980. Elle s’est notamment réduite à partir des années 1990 en passant sous le seuil de 3 % du PIB, puis à nouveau à partir de 2003, en passant cette fois sous le seuil de 2 %. Cela s’explique par l’évolution des prix relatifs des produits agricoles car, à prix constants, la part de l’agriculture dans le PIB n’a que très peu évolué depuis le début des années 1980. La part des industries agroalimentaires dans le PIB s’élevait à 2,0 % en 2014. La part cumulée de l’agriculture et des IAA s’établissait donc à 3,5 %.

Evolution de la part de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche dans le produit intérieur brut entre 1980 et 2014, en pourcentages

3,3 % de l’emploi

C’est la part en pourcentage de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche dans l’emploi total en 2014. Celle-ci a baissé rapidement ces dernières décennies puisqu’elle se situait à 9,1 % en 1980. C’est durant les années 1980 que cette part s’est réduite le plus rapidement puisqu’elle est passée de 9,1 % en 1980 à 6,5 % en 1989. La part des industries agroalimentaires dans l’emploi total a, quant à elle, légèrement diminué en passant de 2,7 % à 2,3 % entre 1980 et 2014.

Evolution de la part de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche dans l’emploi total entre 1980 et 2014, en pourcentages

(10) Dégradation de la compétitivité agricole française en particulier dans le secteur de la viande

– 3 places au classement mondial

C’est le nombre de places perdues par la France dans le classement mondial des principaux exportateurs de produits agroalimentaires entre 2000 et 2013. En 2000, la France était le second exportateur mondial derrière les Etats-Unis avec 7 % des exportations mondiales. Elle se trouve désormais au cinquième rang derrière les Etats-Unis, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Brésil avec seulement 5 % des exportations mondiales.

Evolution des exportations agroalimentaires des principaux exportateurs mondiaux entre 2000 et 2013, en milliards de dollars

En 2014, les exportations françaises de produits agroalimentaires s’élevaient à 57,2 milliards d’euros. Elles ont progressé de 53 % depuis 2000. Elles concernent d’abord les boissons, les vins et les alcools (24 % des exportations), puis les céréales (12 %) et le lait et les produits laitiers (12 %). Les excédents se concentrent également sur les boissons, vins et alcools (+10,5 milliards d’euros en 2014), les céréales (+5,9 milliards) et le lait et les produits laitiers (+3,2 milliards).

– 1 324 000 000 € (1 milliard 324 millions d’euros)

C’est le montant du déficit commercial de la France pour les viandes et les abats en 2014, alors que la France dégageait un excédent de 271 millions d’euros dans ce secteur en 2000. Si les exportations de viandes ont stagné entre 2000 et 2014 (leur part dans les exportations totales est passée de 8 % à 5 % sur cette même période), les importations ont, elles, progressé de 55 %. En valeur, les viandes et les abats sont d’ailleurs les principaux produits agroalimentaires importés sur le territoire français. La France enregistre également des déficits commerciaux croissants pour les poissons et crustacés, les fruits, les préparations à base de légumes et de fruits, le café, le thé et les épices et les préparations de viandes et de poissons. Si l’on cumule les déficits des viandes, des poissons et des préparations de viandes et de poissons, cela représente tout de même un déficit total de 5,1 milliards d’euros.

Evolution des échanges de viandes et d’abats entre 2000 et 2013, en millions d’euros

 

En savoir plus : http://agreste.agriculture.gouv.fr/publications/graphagri/article/graphagri-france-2015 (données de Graph Agri 2016).

Notre illustration ci-dessous est issue du site Fotolia. Lien direct : https://fr.fotolia.com/id/104528967.

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