tondeuse g ante terreco

La châtaigne aussi mérite son matériel innovant

Comment mécaniser sa châtaigneraie et optimiser sa production ? Le salon Tech-Châtaigne en Haute-Vienne apportait des solutions innovantes, de l’entretien des vergers à la récolte des châtaignes, montrant des machines jamais vues en Limousin.

La châtaigne est en plein développement en Limousin. Sous l’impulsion de coopératives florissantes, de nouveaux vergers se sont installés. L’heure de la récolte a sonné, et la mécanisation est à présent nécessaire. Pour orienter les castanéiculteurs, un premier salon Tech-Châtaigne était organisé le 8 octobre par la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne et le syndicat régional des producteurs de marrons-châtaignes et petits fruits. Plus d’une centaine de personnes se sont retrouvées à La Roche-L’Abeille (Haute-Vienne) dans la grande châtaigneraie du président du syndicat Emmanuel Rabaud. « Nous présentons des machines qu’on n’avait jamais vues en Limousin, et adaptées à toutes les parcelles », se réjouit l’organisateur.

Le châtaignier, une production agricole à part entière

La journée a débuté par un petit rappel agronomique dans une des fosses creusées pour l’occasion. « Avant tout, il faut réaliser une analyse de sol et une granulométrie. Le coût est d’environ 50 euros, et ça évite de grosses erreurs. Le châtaignier aime les sols sains sans hydromorphie, légèrement acides, profonds et correctement amendés. Attention aux passages d’engins sur sol humide… Cela crée des engorgements artificiels qui font rouiller les racines », explique Jean-Emmanuel Vernon, agronome de la Chambre d’agriculture.

Avant de planter les châtaigniers, il faut réaliser un sous solage puis un amendement calcaire et en fumure. Pour l’entretien, en fonction du sol, il sera nécessaire de fertiliser en azote (60 unités par ha et par an), en phosphore (80 unités maximum, pour atteindre un niveau supérieur à 60 ppm) et en potasse (120 unités, pour atteindre 80 ppm). « C’est une production agricole à part entière, et ces apports sont nécessaires pour produire des fruits », confirme Claire Mangin, technicienne de la coopérative Limdor (Saint-Yrieix la Perche).  Le PH idéal est de 6 à 6,5. Pour cela, il faut prévoir un amendement calcique tous les trois à quatre ans, qui améliore la structure des argiles et le drainage du sol.

Sinon, les premières années, les châtaigniers craignent le stress hydrique, la concurrence avec l’herbe, les attaques de chancre, les dégâts du gibier, le gel, les coups de soleil…

Des broyeurs Terreco pour faire place nette aux châtaignes

La marque Terreco a ouvert le bal des démonstrations avec un broyeur multifonction de 2,2 mètres prolongé par un intercep de 2 mètres. Inclinable dans tous les sens, l’intercep peut entretenir aussi les fossés. Un tracteur de 80 CV peut le tirer à une vitesse de 6 km/h. Mobile, l’intercep nettoie le contour des châtaigniers sans les abimer. Son prix est de 15 000 €. Le second broyeur Terreco (modèle Jolly T850) était un petit intercep à disque (4800 €), permettant aussi de faucher les clôtures car il s’efface au contact de l’obstacle. Mais avec une vitesse de croisière de 2,5 km/h, il ne peut nettoyer que le pied des arbres.

Dernière machine Terreco au banc d’essai : une impressionnante tondeuse de 4,8 mètres de largeur, tirée par un tracteur de 80 CV. Montée sur des roues folles en mousse increvables, elle permet toutes les manœuvres, dont la marche arrière. Selon les modèles, sa largeur varie d’1,20 à 7,90 m et son coût de 3500 à 25 000 €.  

Aspirateurs à châtaignes et automotrices

Différents modèles d’aspirateurs ont également été testés, la plupart équipés d’une ébogueuse automatique. Il est essentiel de préparer le chantier en tondant parfaitement sa parcelle. Les aspirateurs tractés ont un débit de chantier assez limité, puisqu’on aspire les bogues avec un tuyau flexible (diamètre variable). La marque Facma présentait son modèle 120 avec un tuyau attelé à un tracteur de 40 CV (il existe aussi une version avec deux tuyaux). Avec une capacité d’aspiration de 200 kg de châtaignes par heure, ces machines sont réservées à des surfaces inférieures à 8 ha. Les prix des marques Facma et Caquevel/Rousset démarrent à 7500 €.

Dans la gamme supérieure, les automotrices à aspiration possèdent des ramasseurs frontaux permettant d’aller beaucoup plus vite. Les bogues sont aspirés dans des tubes puis les déchets lourds sont triés dans une chambre de dépression. Les châtaignes sont stockées dans un container où les feuilles et autres saletés sont soufflées. Ces machines sont intéressantes pour des surfaces supérieures à 5 ha. Deux automotrices Facma ont été testées. La première avait un container de 600 kg et peut récolter jusqu’à trois quarts d’hectare à l’heure avec une consommation de 80 litres par jour (modèle « 380 » à 65 000 € sans l’ébogueuse). Le second modèle était la plus petite automotrice Facma, équipée d’un tapis (modèle « 160 » à 26 000 €). Elle peut ramasser 4 tonnes sur la journée en consommant 70 litres de carburant.

Prototype Cacquevel

Dans la même lignée, on a vu un prototype de la marque Cacquevel/Rousset. Intitulé « 1702 châtaigne », cette automotrice à aspiration sera intégralement fabriqué en France. Ce petit pick-up à palettes conduit les fruits dans l’ébogueuse avant de les faire tomber dans un bac au travers d’élastiques et de grilles. Transportable sur une remorque, l’engin sera commercialisé l’année prochaine pour un prix estimatif de 20 000 €.

Dernière machine testée : l’automotrice à balayage de la marque Monchiero, large de 2,2 mètres avec un tapis. Cette auto-chargeuse à avancement hydrostatique envoie les châtaignes dans une benne d’un mètre-cube. Sa puissance est de 75 CV avec une consommation de 7 litres à l’heure. Le coût est de 52 000 € sans ébogueuse.

Un filet pour récolter les châtaignes

Enfin, Emmanuel Rabaud avait disposé un filet de récolte de la société Diatex. Ce système convient aux exploitations de moins de trois ha et s’adapte bien aux terrasses. Posés au sol ou attachés aux troncs, adaptable à tous les reliefs et tous les temps, la récolte sur filets demande néanmoins un temps de préparation du chantier important… et une main d’œuvre abondante pour la récolte ! Les filets Diatex à double trame pèsent 50 g par mètre carré. Emmanuel Rabaud a installé un rouleau de 6 m de large mais toutes les tailles sont disponibles. L’investissement revient à 0,25 € HT le mètre carré sachant qu’on peut réutiliser les filets plusieurs années.

En fin de journée, le chef Gilles Dudognon a sublimé la châtaigne limousine avec une sympathique dégustation. Etaient aussi présents un pépiniériste, le laboratoire Invenio, la société Natea…


La châtaigne en quelques chiffres

Production française en 2012 : 12 420 tonnes.

Exportation : 3000 tonnes, pour une valeur de 11 millions d’euros.

Importations : 8000 tonnes, soit 10 millions d’euros.

Chiffre d’affaires des unités de transformation : 119 millions d’euros.

 

En savoir plus : http://www.arboriculture-viticulture.pro (site de Terreco) ; http://www.amb-rousset.com (site du fabricant AMB Rousset) ; http://www.chevalier-materiel-agricole.com (site de l’entreprise Chevalier, matériel agricole) ; http://www.diatex.fr (site Diatex, fabricant de tissus, en l’occurrence de filets de récolte) ; http://www.facma.it (fabricant italient de matériel pour arboriculture) ; http://www.cacquevel.com (matériel pour l’alimentation du bétail) ; http://www.monchiero.com (machines forestières) ; http://www.sommier.biz (matériel agricole, ramasseuses de fruits en coques).

Ci-dessous, tondeuse géante de Terreco.

Ci-dessous, aspirateur à châtaignes avec traction de Cacquevel.

Ci-dessous, automotrice aspirante de Facma.

Ci-dessous, balayeuse de Monchiero.

Ci-dessous, filet de récolte de Diatex.

Ci-dessous, prototype d’automotrice de Cacquevel.

Ci-dessous, broyeur de Terreco.

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