Savoir cultiver c’est bien ; savoir moissonner, c’est pouvoir récupérer le fruit de son travail. Pour tout savoir sur la barre de coupe, composante essentielle de la moissonneuse batteuse.
Voilà l’été et le temps des moissons ! La récolte des céréales reste une opération un peu différente des autres. Elle est d’abord le fruit d’une année de travail, mais aussi celle qui représente l’agriculteur dans l’inconscient collectif. Associée à cette opération, la moissonneuse-batteuse est la machine de récolte la plus connue de tous. Si les profanes n’ont pas une idée précise du fonctionnement, le céréalier se doit de le maitriser.
Les expositions, les foires et les démonstrations sont toujours source de débat entre vendeur et acquéreur pour choisir la machine, sa marque, sa technologie, sa capacité. Pourtant la barre de coupe, organe décisif dans le fonctionnement, fait l’unanimité pour l’ensemble des acteurs. Rarement mis en avant dans les campagnes marketing, elle est le point d’entrée de la récolte et constitue une des clés du bon fonctionnement de toute la machine.
Si vous allez dans une fête de le la moisson avec une présentation de moissonneuse lieuse, vous constaterez que les principes technologiques permettant de faucher le blé sont très proches sur ces vieilles machines à ceux de nos machines actuelles. Bien sûr, aucune comparaison entre les largeurs, mais vous trouverez une scie alternative, des rabatteurs, des diviseurs et un convoyeur.
La scie a traversé toute l’histoire de la machine agricole sans pratiquement aucune modification. Une des conséquences est d’avoir des largeurs de barre de coupe pas toujours très pratiques allant de 3, 7m à 10,60 m soit 35 pieds ! En effet, votre dimension de barre de coupe est toujours un multiple de l’unité de longueur anglo-saxonne. Quel que soit le fabricant, les doigts dans lesquels coulisse la scie ont une largeur de 3 pouces soit 76,2 mm. Par conséquent toutes les barres de coupe sont un multiple de 3 pouces ou 76,2 mm.
Les sections constituant la scie sont aujourd’hui montées avec des boulons de 6 mm de diamètre. Cela permet en quelques minutes de changer une section cassée au champ. Le profil de la section est généralement dit « sur faucillé ». Les tranchants de la section sont striés de façon à sectionner de manière franche les tiges de pailles pincées contre le doigt et sont visibles de dessus.
Certains constructeurs montent une section sur deux à l’envers sans jamais en avoir pour autant démontrer l’intérêt. Les sections lisses sont à réserver pour des cultures très souples comme le Ray Grass porte graine. Des sections en parfait état sont indispensables car la longueur de la section n’autorise pas en théorie une vitesse supérieure à 4 km/h. Au-delà, les tiges se trouvent tassées contre la coupe avant d’être coupées par la section.
Dans des pailles de blé très rigides, cela ne pose pas de problèmes même à des vitesses élevées, mais avec une orge plus souple, la culture a tendance à s’arracher dès que l’humidité monte le soir.
La distance entre la scie et la vis fut une longue source de débat entre les différentes marques concurrentes. Il est pourtant aisé de comprendre que, plus le produit est court, plus il faut réduire la distance entre scie et vis. En conséquence, selon la récolte, aucune table fixe n’est parfaitement adaptée.
Les constructeurs proposent des tabliers réglables qui montrent surtout leur intérêt en colza, où ils ont permis de remplacer les traditionnelles prolonges de coupe. Pour les céréaliers, cette option est donc une évidence car en colza, le gain de rendement est entre 1 à 2 quintaux par hectare. Il faut donc à peine 100 ha de colza pour rentabiliser le coût de l’option.
La barre de coupe n’est pas un godet à terre ! Il faut suivre le sol parfois de très près sans pour autant monter de la terre. Trop de cavage, et vous plantez les doigts dans le sol. Pas assez de cavage, et la culture s’échappe sous la barre…
Modifier ce réglage n’est pas toujours très simple, certains constructeurs équipent le convoyeur d’un plastron pour incliner manuellement ou hydrauliquement la coupe. Si vous n’avez qu’un convoyeur à plastron fixe, seul le réglage en hauteur de l’essieu arrière peut influencer le cavage. C’est une opération lourde à faire avant moisson mais dont les conséquences sont parfois spectaculaires.
La vis sans fin ramène le produit au centre pour l’engager dans le convoyeur. Elle est munie de doigts montés sur un excentrique leur permettant de s’effacer pour relâcher la récolte au bon moment. La spire suit un racleur dont la fonction est d’éviter à la récolte de tourner autour de la vis.
Si en général, on ne constate de problèmes sur cet organe, on ne doit pas non plus voir de matière tourner autour. Dans le cas contraire, cela signifie un problème d’alimentation lié à une récolte sale ou versée, de la terre dans le fond de coupe.
Dans un blé bien droit, le rabatteur n’a qu’un rôle limité mais dès que le produit est court, son rôle devient primordial. Les doigts du rabatteur doivent être suffisamment souples pour toucher le sol sans bloquer le rabatteur mais aussi suffisamment rigides pour peigner la récolte.
Les doigts plastiques adoptés par certains constructeurs ne se révèlent pas des plus efficaces. Une fois pliés, il est possible de les remettre en place mais ils n’ont plus la rigidité nécessaire à un bon travail. Le doigt acier traditionnel reste donc la garantie pour récolter les produits très courts ou très versés.
La sécurité sur l’entraînement du rabatteur est essentielle car il faut parfois ratisser légèrement le sol sans pour autant vouloir déchaumer ! L’entraînement hydraulique permet aujourd’hui d’approcher la limite de résistance du rabatteur sans pour autant plier les tubes.
Les largeurs moyennes s’établissent aujourd’hui autour des 7,5 m, les machines de 9 m et 10,50 m sont de plus en plus courantes. Elles visent à envisager des journées à plus de 50 ha sans grandes difficultés.
Des barres de coupe de 50 pieds (15 m) sont en phase prototype chez tous les constructeurs et pour franchir le seuil des 100 ha récoltés par jour dans des blés tendres.
Si la largeur augmente de façon quasi exponentielle, le moindre grain de sable peut enrayer la belle mécanique de récolte. Sur des grandes largeurs, la préparation de sol, et en particulier la planéité des sols, sont deux critères impératifs à respecter, car plus la largeur de travail augmente plus vous réduisez les possibilités de débattement latéral de votre barre de coupe.
Enfin, la récolte de céréales, fortement versées avec des coupes de 9 m et plus, relève de l’exploit sportif.