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J’AI RÉUSSI À DÉVELOPPER L’ENSILAGE EN GAINE SOUPLE

L’activité de récolte d’herbe représente plus du quart de l’activité de l’ETA Leprince. L’entreprise qui dispose de cinq ensileuses, propose depuis 15 ans de conserver les fourrages en boudins hermétiques

La prestation a mis près de dix ans à s’installer ! Mais depuis cinq ans, je fonctionne en rythme de croisière et certaines années je me demande s’il ne faudrait pas une deuxième
machine », résume Denis Leprince, entrepreneur à Truttemer-le-Petit, dans le bocage du Calvados, à un jet de pierre des départements de l’Orne et de la Manche. Le chef d’entreprise a en effet mis en place en Normandie depuis le début des années 2000, un
système de conservation des fourrages sous forme d’ensilage en « boudins » avec une machine Ag-bag. Il a adapté la technique à tous types de fourrages humides, ensilage de maïs, ensilage de maïs épi, ensilage de méteil, ensilage de pulpes surpressées, ensilage de blé et bien sûr ensilage d’herbe. Pour chaque aliment, il y a d’énormes avantages en matière de conservation, garantit l’entrepreneur, chiffres à l’appui. « La conservation en milieu anaérobie (sans oxygène NDLR) est facilitée avec une baisse de pH très rapide qui stabilise le produit. Il n’y a pas de perte liée à la fermentation. On constate une hausse de l’appétence de l’aliment, une augmentation de la qualité nutritive, une stabilité du produit dans le temps, l’absence de germes butyriques… Les fermentations lactiques sont privilégiées avec très peu de production d’alcool ou d’acide acétique. Cela offre de nombreux avantages pour des animaux fragiles ou pour la production de lait destinée à la production fromagère. Le lait est aussi mieux rémunéré. À l’intérieur du boudin, c’est comme dans une boîte de conserve ! Lorsqu’on ouvre le silo, il en ressort un produit quasiment frais, sans odeur, avance Denis Leprince. Nous avons récemment déplacé un silo-boudin de maïs-ensilage constitué en octobre 2014. Deux ans après, le produit ne s’était pas dégradé ». L’argument de la bonne conservation du fourrage est particulièrement séduisant pour les ensilages d’herbe qui sont les plus difficiles à stabiliser. « Si le taux de matière sèche de l’herbe est un peu faible par exemple, l’ensilage en gaine est une garantie d’avoir tout de même un fourrage de qualité ce qui n’est pas possible en silo-couloir. L’ensilage en gaine donne plus de souplesse pour travailler avec les meilleures valeurs que possible de l’herbe. Pour l’ensilage Ag-bag, j’incite ainsi toujours les clients à récolter l’herbe très jeune. C’est comme cela qu’ils pourront ensuite récupérer au mieux leur investissement dans la gaine avec un produit irréprochable, sans pertes et qui complètera efficacement la ration des animaux ».

Démarche commerciale

L’argumentaire nutritionnel est convainquant a priori, mais il a fallu dix ans pour que le message passe sur le terrain et que l’entrepreneur trouve complètement sa clientèle. « Il fallait expliquer ce surcoût lié à la gaine et la possibilité pour l’agriculteur de récupérer – en mieux, sa mise de départ avec des gains à différents niveaux pour l’élevage », se remémore Denis Leprince. De leur côté, les clients ont dû bousculer certaines habitudes. Il faut prévoir de la place au sol pour accueillir les boudins : 3 à 4 mètres linéaires par hectare (ml/ha) pour Chantier | « J’ai réussi à développer l’ensillage en gaine souple » l’ensilage d’herbe ; 7-10 ml/ha pour de l’ensilage de maïs, 5-7 ml/ha pour l’ensilage de méteil et 3-4 ml/ha pour l’ensilage de maïs épi. Sur la ferme, la reprise de l’aliment nécessite également de revoir quelque peu l’organisation de l’affouragement au quotidien. « Avec le recul, je constate que les éleveurs ont pris le pli aussi car le jeu en vaut la chandelle. Les éleveurs constatent qu’ils finissent la saison avec des stocks supplémentaire. Ils évitent jusqu’à 15 % de pertes. En plus ce cela il n’y a pas les frais fixes liés à un silo-couloir qu’il faut amortir d’une année sur l’autre – et la technique est complètement modulable d’une récolte à l’autre », garantit Denis. La largeur du front d’attaque est réduite à 5,7 m3/ml de boudin ce qui limite également les moisissures. Comme le front d’attaque est petit le produit se conserve mieux également lorsque les températures augmentent dans la saison. Un avantage que l’entrepreneur a pu développer pour des éleveurs en attente de solutions pour constituer des silos d’été. L’ensilage en gaine souple a trouvé sa clientèle également pour des besoins de stockage de fourrages distribués en petites quantités dans la ration comme l’ensilage d’herbe et tous les autres fourrages à haute valeur ajoutée (maïs épi, pulpes surpressées…). L’entrepreneur dispose du diamètre de gaine standard de 2,70 m pour un front d’attaque de 5,7m3/ml et d’un diamètre plus petit de 2,40 m qui assure 4,6m3/ml de front. La « petite » gaine est particulièrement destinée aux petits élevages, de chèvre par exemple.

Clientèle fidèle

« La première année, j’ai démarré avec 350 m de gaine, retrace l’entrepreneur. Ces dernières campagnes, j’en pose environ 3,2 km. J’ai multiplié par dix l’activité petità- petit tout au long des dix premières années. À l’époque où je me suis lancé, j’ai pris un gros risque. Je ne savais vraiment pas où j’allais mais j’ai persévéré ». Pour limiter les risques financiers, l’entrepreneur avait d’abord investi dans une boudineuse d’occasion. Il a ensuite renouvelé le matériel avec l’achat d’une nouvelle machine d’occasion plus performante, avant de passer à l’achat d’une machine neuve il y a quatre ans – toujours auprès du constructeur Ag-bag. « L’idée d’investir dans ce type de machine m’était venu d’une rencontre au début des années 90 avec le concessionnaire en France (également entrepreneur de travaux agricoles) de la machine Ag-bag, et petit à petit j’ai eu l’envier de me développer avec cette prestation », détaille le chef d’entreprise. Dans sa démarche commerciale, l’entrepreneur a su se mobiliser lors de journées techniques consacrées à l’herbe et aux fourrages, telles que les prairiales organisées par les chambres d’agriculture de Normandie ou encore dans les lycées agricoles alentours et dans l’organisation de portes-ouvertes. Il a recueilli des chiffres et des témoignages d’autres agriculteurs convaincus. « Aujourd’hui j’ai réussi à fidéliser ma clientèle à environ 80 % pour cette prestation », constate Denis Leprince qui exploite sa machine dans un rayon d’environ 100 km à la ronde. Le chantier est très simple à organiser. À l’extérieur de sa zone, il travaille
en bonne collaboration avec des chantiers d’ensilage gérés par d’autres ETA ou des Cuma. « Par rapport à un chantier d’ensilage classique, on économise deux tasseurs et toute la main d’oeuvre mobilisée à la couverture des silos. La boudineuse arrive toujours à suivre pour les chantiers de récolte d’herbe. Cela se corse parfois pour les ensilages de maïs.
L’Ag-bag arrive à suivre le ballet des remorques derrière une ensileuse de 8 rangs. Pour une « 10 rangs », qui débite plus de 2 ha par heure cela commence à coincer. Si l’agriculteur est convaincu par la technique, il acceptera que ce soit la boudineuse qui rythme l’avancement des travaux. Les débits sont très corrects. À l’automne 2016, nous sommes parvenus à boudiner 25 ha de maïs ensilage en une seule journée sans problème », souligne Denis Leprince.

Du printemps à l’automne

La machine Ag-bag travaille à partir des premiers ensilages d’herbe environ vers le 20 avril, jusqu’à fin novembre avec les pulpes surpressées. « La période la plus difficile est celle des ensilages d’herbe au printemps, dévoile l’entrepreneur. Les fenêtres météo sont souvent très courtes pour intervenir dans notre région et il faut être très réactif. Chaque année je me dis qu’il sera peut-être nécessaire de prendre une deuxième machine, mais jusqu’à présent j’ai réussi à satisfaire la demande ». Spécialiste de l’ensilage avec cinq machines, Denis Leprince voit de plus en plus l’avenir dans les chantiers complets qu’ils
soient en boudin ou non. « Avec les chantiers complets, nous pourrons mieux amortir des machines qui ne tournent encore pas suffisamment. Nous aurons toutes les cartes en main pour mieux nous organiser ».
 
 

UN DÉVELOPPEMENT AXÉ SUR LA NOUVEAUTÉ

« Si on n’avance pas on recule paraît-il. De mon côté, j’ai toujours pris le parti de progresser en amenant de nouvelles choses aux clients comme avec l’ensilage boudin. Dans la même ligne, j’avais développé l’ensilage en coupe directe et les semis de maïs en double rangs. Il y a dix ans j’ai également démarré une activité de presse enrubanneuse ; je voulais pouvoir faire des chantiers le week-end ou les jours fériés à moi tout seul, lorsqu’il est compliqué de faire appel à de la main d’oeuvre salariée. Aujourd’hui j’ai quatre presses de ce type en activité. Il s’est avéré que les éleveurs étaient demandeurs pour
un fourrage de qualité. Je réalise également une petite activité d’ensilage de paille et j’ai des broyeurs sous flèche pour presser la paille en brins courts. La dernière innovation que j’ai intégrée est le semoir en semis direct pour les céréales ou le maïs. Les surfaces augmentent tous les ans ».
L’ETA, l’historique
« Mon grand-père était déjà entrepreneur de travaux agricoles, indique Denis Leprince. Pour ma part, je suis arrivé sur l’entreprise en 1991 comme salarié, puis je m’y suis installé comme associé avec ma mère en 1997, relate Denis Leprince. Petit à petit nous avons développé l’entreprise. »
En chiffres
ETA – SARL Leprince à Truttemer-le-Petit (Calvados)
>> 9 personnes
>> 7 salariés
>> 1 apprenti
>> 1 chef d’entreprise
Activité
>> Herbe : 26 %
>>Maïs : 27 %
>>Moisson : 20 %
>> Autres : 27 %
CALENDRIER DES TRAVAUX
Hiver
>> Atelier / Entretien et révision du parc matériel
>> Débroussaillage / Lamier / Entretien des haies
bocagères
>> Débardage de bois pour un négociant
>> Remorquage pour les travaux publics
Printemps
>> Épandages fumier / Lisier
>> Récolte d’herbe, ensilage d’herbe, pressage d’herbe
>> Semis de maïs
Été
>>Moisson
>> Récolte de paille
>> Ensilage coupe directe des méteils
Automne
>> Semis de céréales
>> Ensilage de maïs, maïs épi
>> Ensilage boudin de pulpes surpressées

 

1 Commentaire(s)

  1. L’agriculture est l’un des métiers qui exige une adaptation permanente dans tous les domaines, trouver des solutions à tous les problèmes c’est justement ça la définition de l’intelligence !
    alors que nos fonctionnaires sont incapables de sortir de leurs directives !

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